Pensée noire

La pensée noire

par Emmanuel Daydé

Rassemblant plus de 200 artistes du monde entier, près de 80 nations et tout autant d'expositions collatérales exceptionnelles, la 58ème Biennale de Venise use de son dynamisme inouï pour jouer le rôle de catalyseur de l'art contemporain. Si la belle édition 2019 peut sembler peiner parfois à "faire ressentir le moment présent", la plus grande biennale d'art du monde consacre le triomphe de la pensée noire faisant de la migritude le dernier moyen d'accès au jeune monde contemporain.

Madagascar sous pavillon noir

par Emmanuel Daydé

Entretien de Joël Andrianomearisoa

Biennale de Venise 58eme !

par Philippe Piguet

Incontournable, attendue avec fébrilité par tous les aficionados de l'art contemporain, la Biennale de Venise est le vecteur d'un ensemble si nombreux d'expositions et d'événements que le visiteur trouve toujours de quoi contenter son plaisir. Sans être vraiment mémorable, la 58ème du nom, placée sous le commissariat général de Ralph Rugoff et le label générique de May you live in interesting times, en apporte une nouvelle fois la preuve. Pour en donner le goût, sinon le ton, la sélection ici proposée ne peut relever que d'une appréciation pleinement partiale et évidemment partielle.

Christian Lapie, du jardin planétaire au Siècle Soulages

par Tom Laurent

Invité à Rodez à l’occasion du Siècle Soulages, Christian Lapie partage avec le peintre bientôt centenaire l’usage d’un noir qui révèle plus qu’il n’obture. Offrant ses veines aux regards des passants, le bois noirci de ses figures sculptées se charge des affres et des lumières qu’ont vu et voient passer les lieux où il s’attache, des champs de la Marne où s’enfouit le bourbier de 14-18 aux cimes ardéchoises ou canadiennes.

Le Siècle Soulages, noir et outre

par Tom Laurent

Pour fêter le centenaire du peintre natif de la ville – dont l’ouverture en 2012 du musée éponyme avait engrangée 800 000 visiteurs fin 2018, pour une commune de quelque 35 000 habitants –, Rodez s’est offert une entrée dans un « Siècle Soulages » à l’acception large. Dans une saison hétéroclite – où se croisent Miguel Chevalier, Christian Lapie ou Yves Klein –, un Musée imaginaire au musée Fenaille revient avec brio sur les élections du maître de l’Outrenoir.

Bernard Frize Peinture, discours, méthode

par Philippe Piguet

Comment, en se promenant dans l’exposition que le Centre Pompidou consacre à Bernard Frize, ne pas se souvenir de la célèbre formule de Maurice Denis, produite en 1890 dans Art et Critique : « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » D’autant qu’à deux ou trois exceptions près, l’artiste a balayé toute idée d’anecdote comme prétexte à peindre, sinon à faire de la peinture elle-même le prétexte exclusif à la réalisation de chacun de ses tableaux.

Albert Marquet, un regard atlantique en Méditerranée

par Pascale Lismonde · visuels: Albert Marquet

Le Vésuve nimbé de brume, les ports d’Alger, de Bougie ou de Marseille voilés d’un gris bleuté, des plages désertées sous un soleil blafard – les paysages méditerranéens d’Albert Marquet baignent dans une lumière sourde, mate, comme tamisée… Au musée Paul-Valéry de Sète, les quelque 80 toiles qu’il a peintes entre 1908 et 1940 dans ses voyages permanents sur les deux rives de la Grande Bleue disent un fauvisme distancié. Nulle passion orientaliste chère à ses contemporains, tel son grand ami Matisse. Pourtant, fasciné par l’eau, les ports, les quais, Marquet séjourne longuement à Collioure, à Nice, en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, et s’avère comme obsédé par ces paysages sans cesse réitérés sur ses toiles. Quel mystère cherche-t-il à percer ? Que veut-il faire voir que nul autre n’a fait voir auparavant ?

A Dijon, renouveau d’un Palais d’arts

par Vincent Quéau

Parmi les musées de régions, celui de Dijon occupe une place particulière comme premier muséum d’Ancien Régime et présente à ce titre une collection encyclopédique redéployée dans une scénographie sans rapport aux fastes de la Toison d’or.

Portfolio - Catherine Poncin, raviver un passé commun

par François Salmeron · visuels: Catherine Poncin

Figure de la « post-photographie » française, un courant qui émerge au milieu des années 1980 et renouvelle la pratique photographique en travaillant à partir d’archives et d’images préexistantes, Catherine Poncin se voit consacrer une double exposition à Évreux. Soit une rétrospective de ses séries et des images inédites portant sur les collections du musée de la ville, où l’artiste affirme une démarche sensible, à la croisée de l’histoire et de l’archéologie, pour redonner souffle au passé.

Monique Frydman, matière active

par Emma Noyant

De la même génération que les tenants de Supports/Surfaces, Monique Frydman partage leur militantisme dans les années 1970, troquant le pinceau contre l’activisme. Le retour à l’image, lui, se fait à contrecourant des injonctions de l’époque : « Déconstruisons la peinture », prônent ses contemporains , lorsqu’elle renoue avec la toile à travers des représentations de corps sexualisés, dont la violence du traitement fait rejaillir son sentiment intérieur sur la réalité figurative…

Vivre et créer en Guadeloupe

par Carla Beccaria

En 2009, les crises touchant les économies insulaires entraînent une longue grève générale, paralysant la Guadeloupe. Dans le même temps, la création d’événements artistiques vient ébaucher une réponse au sentiment partagé de ne pas être pleinement inclus par la métropole. Créé par l’association Frère Independent, Pool Art Fair, qui fête en 2019 ses dix ans, en fait partie, affirmant la singularité culturelle du paysage artistique en Guadeloupe, en sympathie avec la pensée d’Édouard Glissant, pour qui « la créolisation est une façon de se transformer de façon continue sans se perdre ».

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