Spécial festivals été 2011

Les festivals jazz

par Laurent Dussutour

Si les usines à spectacle de la région proposent des plateaux alléchants, c’est dans les collectifs locaux que se forgent les notes bleues de l’utopie. Ainsi, à Vitrolles, l’association Charlie Free propose « la meilleure » programmation de la saison avec des premières parties d’excellence et des têtes d’affiche de qualité. Comme en atteste Charles Lloyd Quartet, le saxo toujours au bord du gouffre, accompagné du « gangsta pianiste » Jason Moran, tous deux puisant à la source du gospel pour un Go Down Moses transfiguré en hymne d’un grand soir… Ou cette session « tapis volant », avec le fabuleux trio Khun Bekkas Lopez, au sein duquel le pianiste libertaire allemand au feeling bluesy a su renouer avec les racines arabo-andalouses et gnaoui du jazz. Sans oublier la carte blanche laissée dans la même soirée à Mister Bekkas, qui résonnera comme un bel hommage à l’universel méditerranéen. Dimanche, les doux dingues du duo Musica Nuda et l’Orchestre National de Jazz en mode Shut up and dance provoqueront à coup sûr des émeutes de swing.

Festival International d’Art lyrique d’Aix-en-Provence

par Joanna Selvides · visuels: Elisabeth Carecchio

Revendiquant l’opéra comme un art bel et bien vivant, la programmation de Bernard Foccroulle, à la tête du prestigieux Festival d’Aix depuis trois ans, fait voler en éclats les préjugés malveillants quant à la « ringardise » de cette forme. En effet, les audaces les plus contemporaines en termes de scénographie et de mise en scène ont vu le jour au cours de ces dernières éditions. Quant aux interprètes chanteurs, ils sont devenus des artistes complets, exploitant, tout autant que leur voix, les dimensions dramatiques et chorégraphiques de leur métier, mettant fin au stéréotype de la diva « Castafiore ».

Festival d’Avignon

par Joanna Selvides · visuels: Christophe Raynaud de Lage

En associant à la direction artistique du Festival d’Avignon le talentueux chorégraphe Boris Charmatz, Hortense Archambault et Vincent Baudriller nous offrent une programmation éclatante, qui donne avant tout la parole aux corps… En toute logique, il y aura donc beaucoup de danse cette année dans le In : Anne Teresa de Keersmaeker, Meg Stuart, François Verret, Xavier le Roy, Olivia Grandville, François Chaignaud et Cecilia Bengolea… mais pas que.

Festival Côté Cour

par Frédéric Marty

Le Festival Côté cour propose en six dates un voyage dans le temps, l’histoire de la musique et de l’âme humaine, au gré de « pèlegrinations » entre le verbe et la musique. Etrange chose, j’en conviens, que la pèlegrination ! Une démarche quelque part entre le pèlerinage, qui sait où il va — à la source du sacré — puisque c’est sa raison d’être, et la pérégrination, forme plus hasardeuse et semée d’embûches. C’est surtout une programmation artistique qui porte jusque dans la rédaction des livrets de présentation des soirées la marque de Benito Pelegrìn ; c’est-à-dire celle du bon goût, de la sage érudition et d’une lutte par le savoir, le sensible et le plaisir contre la difficulté d’être et la sourde angoisse que cela génère. En six soirées, dont cinq cet été, la programmation se penche sur les rapports entre les mots et les notes.

Festival International de Piano de la Roque d’Anthéron

par Joanna Selvides

Si la réputation internationale du Festival de Piano de la Roque d’Anthéron s’est construite sur l’excellence de sa programmation et la virtuosité de ses artistes, elle s’est faite sans ostentation mais avec la sérénité d’un soir d’été. Prendre le temps d’écouter les plus grands interprètes, réunis autour d’une passion pour un même instrument, voilà une activité qui, après trente ans, ne semble heureusement pas passer de mode. Si cette édition place les grands classiques à l’honneur (Beethoven, Mozart, Schubert, Bach, Haydn, Liszt…), elle a la bonne idée de réunir à la fois les monstres sacrés du piano que l’on retrouve avec joie chaque été (Anne Quéfellec, Brigitte Engerer, Zhu Xiao-Mei, l’English Chamber Orchestra…) comme les jeunes étoiles montantes.

Aires Libres

par Nas/im

Il y eut le temps des Free, puis celui des soirées et des clubs. Mais le temps passe, même pour les enfants de la techno. Avec l’âge et toutes les joies qui s’y rapportent, l’idée de faire la fête autrement s’est naturellement imposée dans le paysage électronique. Plus ouvertes, plus « famille », plus pédagogiques et responsables, les heureuses initiatives de quelques festivals novateurs ont ainsi offert une alternative à un public en quête de nouvelles formes. C’est de cet esprit d’ouverture, visant à concilier programmation artistique et ateliers didactiques, qu’est né le bien nommé Aires Libres.

Bibliothèque de plage : Sur la plage, des pavés !

par Elodie Guida

Cet été, une nouvelle page de l’histoire des bibliothèques s’ouvre sur les plages d’Istres et de Marseille. Comment ? Par la création, à l’initiative du Centre Design Marseille, d’une bibliothèque… sur la plage et sous le soleil, exactement ! Depuis quelques années déjà, dans différentes villes de France, de nombreuses initiatives sont mises en oeuvre afin d’aller chercher les lecteurs sur leurs lieux de villégiature : à la plage, dans les parcs, au bord des lacs.

Rencontres internationales de la Photographie d’Arles

par Guillaume d'Arras

2011 marque les dix ans de la nouvelle formule des Rencontres internationales de la Photographie en Arles. Une décennie qui s’est accompagnée d’une véritable montée en puissance artistique, matérielle et financière. Ainsi, de 9 000 visiteurs pour dix expositions étalées sur 3 000 mètres carrés en 2001, les Rencontres ont accueilli 73 000 visiteurs en 2010, pour soixante expositions sur 12 000 mètres carrés. Saluons aussi une politique tarifaire exemplaire, qui permet aux bénéficiaires du RSA et aux handicapés de ne pas payer leur ticket d’entrée, tandis que les pass oscillent entre 35 et 45 euros.

Art-O-Rama

par Céline Ghisléry

On connaît maintenant la position de Monsieur le Maire en matière de politique culturelle : « Je fais comme je veux » (1). Une position pleinement assumée lors du vernissage de l’exposition L’Orientalisme en Europe : de Delacroix à Matisse à la Vielle Charité. On comprend donc pourquoi « on » fait si peu de cas de l’art contemporain à Marseille. Heureusement que certains ne l’entendent pas de cette oreille, et c’est grâce à la seule motivation des structures privées et associatives que les Marseillais ont le droit d’approcher l’art contemporain dans notre chère capitale culturelle en puissance. Une foire d’art contemporain génère des retombées économiques et touristiques, mais elle véhicule surtout une image et une posture vis-à-vis de la jeune création qui se lit sur un plan international.

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