Arthur H

Arthur H s’est déjà frotté au théâtre. Notamment à travers les lectures qu’il a faites à la Maison de la Poésie où il est en résidence de création. Poète, compositeur, auteur de chansons et d’un roman, le très beau Fugues, il lui manquait cette immersion dans la peau d’un autre que seule permet le théâtre. Et l’occasion s’est présentée lorsqu’il a rencontré l’auteur et metteur en scène, actuel directeur de la Colline, Wajdi Mouawad. De leur amitié ne pouvait que naître une œuvre d’art. Mort prématurée d’un chanteur po- pulaire dans la force de l’âge, cette pièce dont le titre excite terriblement l’imagination, est précisément un monstre à deux têtes, fait du démon intime de chacun des deux amis. Ensemble ils ont laissé leur inspiration divaguer sur les états d’âme d’un chanteur célèbre qui sent le vent tour- ner et qui sur une boutade de son agent a l’idée d’annoncer sa mort pour redorer son blason. Cela sent le tragique. En réalité c’est une comédie. La preuve, le chanteur s’appelle Alice, comme Sapritch !

Ils sont à présent nombreux, les jeunes acteurs, ceux qui viennent aux stages donnés par Sébastien Bonnabel. Et également nombreux, les spectateurs de tous âges, ceux qui viennent à ses spectacles "immersifs". Ce jeune homme a ouvert en France un champ qui était plutôt la chasse gardée d’avant-gardistes anglais et américains.

Michel Foucault dans sa leçon inaugurale au Collège de France, le 2 décembre 1970 : c’est ce que joue Guillaume Bailliart, le titre original L’Ordre du discours étant devenu Désordre du discours par la grâce de Fanny de Chaillé, danseuse depuis longtemps passée à la mise en scène et artiste associée au Centre dramatique de Chambéry.

Grand moment du Festival d’Automne : la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin monte Les Bonnes de Genet, interprété par trois acteurs. Un défi bien différent de son Oh ! Louis qui, en 2014, se moquait du Roi Soleil.

Et revoilà Philippe Caubère. Ce champion de l’autofiction nous livre trois nouveaux épisodes de sa jeunesse de l’époque du Roman d’un acteur : La baleine et le camp naturiste dans lequel il revient sur la première infidélité de son double Ferdinand à sa femme, Le casino de Namur 1 et Le casino de Namur 2 où il fustige une société dans laquelle le hasard compte plus que le travail. Cet Adieu Ferdinand ! dont il assure qu’il sera le dernier de la série est sans doute aussi un adieu à une époque où le tout-permis débridait la singularité et la créativité de chacun... Aujourd’hui, la liberté de penser coûte cher...

En 1888, à Londres, Jack l’Eventreur sévit en toute impunité dans le quartier pauvre de Whitechapel. Dépassés, les policiers ne comptent plus les meurtres de prostituées. Sir Herbert Greville (Pierre-Arnaud Juin) réunit un petit groupe pour enquêter en secret. Parmi les membres, une seule femme, le médecin Mary Lawson (Stéphanie Bassibey) qui s’émancipe dans une société très conservatrice. L’histoire du Cercle de Whitechapel a séduit Jean-Laurent Silvi qui a créé le spectacle au Chesnay en 2017. C’est sa rencontre avec un acteur et auteur talentueux, Julien Lefebvre, qui a convaincu le metteur en scène de s’engager dans l’aventure. Objectif ? Jouer cette "comédie policière, populaire" et drôle au Lucernaire et partout en France et à Genève.

Pour son premier spectacle jeune public, le touche-à-tout de la scène française transforme Sans famille d’Hector Malot en un voyage initiatique carnavalesque qui se prolongera, grâce à une fiction audio, au-delà des murs du théâtre.

Plutôt qu’un théâtre documentaire, Pauline Bureau préfère parler d’un "théâtre documenté". La dramaturge transforme le réel par l’écriture, le jeu, la puissance dramatique et politique. Tous ses spectacles parlent des femmes, de la honte et de la liberté. Après l’avortement clandestin (Hors-la-Loi) ou le scandale du Médiator (Mon Cœur), Pauline Bureau avait envie de "quelque chose de plus léger". Après les corps meurtris, les corps en pleine santé physique mais traversés par les luttes des sexes et des classes, Féminines raconte une histoire vraie et méconnue sur les débuts du football féminin en France. En 1968, Paul Geoffroy est chargé de la kermesse de son journal, L’Union de Reims. Après un combat de catch entre nains, il propose un match de foot féminin qui remporte un tel succès que les footballeuses vont continuer de jouer et même remporter la première Coupe du monde (officieuse) féminine.

Le clown rend hommage au cirque

Vous souvenez-vous d’HitchBOT, ce petit robot de la taille d’un enfant qui a été retrouvé démembré à Philadelphie le 1er août 2015 après avoir parcouru le Canada et une partie des Etats-Unis en auto-stop ? Linda Blanchet est partie sur ses traces, a retrouvé ses concepteurs, et de nombreuses personnes qui l’ont pris en stop. Un road movie qui l’a emmenée au cœur d’une étrange humanité.

Guerre des sexes et lutte des classes

En attendant que son mari Nick Arnstein sorte de prison, Fanny Brice devenue une vedette des Ziegfeld Folies à New-York se souvient de ses débuts difficiles. L’actrice et chanteuse Christina Bianco succède à Barbra Streisand dans le rôle qui lui avait valu son premier Oscar en 1969. Folle de joie à l’idée de venir en France, la comédienne américaine qui s’est fait connaître en parodiant des personnalités entend lui rendre hommage en interprétant The Music That Makes Me Dance ou Don’t Rain on My Parade.

Seul face à Beckett

En parallèle de ses récits drolatiques sur scène (Née sous Giscard) ou au cinéma (Les Ga- zelles), Camille Chamoux est depuis ses débuts une comédienne du théâtre contemporain. Après avoir monté avant l’été deux pièces de Fredrik Brattberg au Théâtre du Rond-Point sous la direction de Frédé- ric Bélier-Garcia, elle retrouve le metteur en scène pour deux pièces à nouveau jouées ensemble, un texte contemporain d’Ivan Viripaiev (Les Guêpes de l’été nous piquent encore en novembre) et un vaude- ville d’Eugène Labiche, L’affaire de la rue de Lourcine.

Dans sa nouvelle création, La dispute, Mohamed El Khatib se penche sur les enfants et la manière dont ils perçoivent un événement devenu ordinaire dans beaucoup d’histoires familiales : la séparation des parents. Comme dans C’est la vie, sa pièce part d’un ancrage documentaire pour jouer avec malice sur les décalages et entre le réel et la fiction.