(In)actualités nietzschéennes

(In)actualités nietzschéennes

par Itay Sapir

Un spectre hante la pensée contemporaine: le spectre de Friedrich Nietzsche. Le philosophe est devenu un marqueur d’identité intellec- tuelle : au Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens (Grasset, 1991) répond Pourquoi nous sommes nietzschéens (Les Impressions Nouvelles, 2016) ; des figures importantes de la pensée se bagarrent publiquement à son sujet. Un peu comme ses contemporains Marx, Freud et Darwin, « Nietzsche » n’est plus vraiment l’homme qui s’appelait, au XIXe siècle, Friedrich Nietzsche, ni même la somme des œuvres attribuées à cet homme, mais un concept, une idée, un mythe. Peu de philosophes soulèvent les passions autant que ce fossoyeur des Lumières et de la Raison qui s’est positionné à rebours de l’Histoire et du progrès, non pas d’un point de vue conservateur ou réactionnaire, mais en anticipant, justement, le contrecoup anti-Lumières qui arrivera à maturité avec Adorno et Horkheimer (La dialec- tique de la raison, originellement La dialectique des Lumières, 1944) pour ensuite prospérer avec toute la constellation intellectuelle postmoderniste, à partir des années 1960.

Extension du domaine de l’expérience

par Martine Béland

« Il y a là tant à penser ! » Ainsi s’exclame Nietzsche dans l’une des premières sections du Gai savoir (§ 7 1 ). Paru en 1882, ce livre est placé sous le patronage d’un auteur que Nietzsche admirait : le célèbre essayiste américain Ralph Waldo Emerson, mort la même année. Pour épigraphe, Nietzsche choisit en effet un extrait du premier essai d’Emerson, intitulé L’histoire (1841) : « Pour le poète, le philosophe, le saint, toutes choses sont amicales et sacrées, tous les événements, profitables, tous les jours, saints, tous les êtres humains, divins. » (ma traduction)

La réévaluation de l’art et sa portée

par Patrick Wotling

Sentiment Annette

par Rebecca Leclerc

« Vous devriez apprendre à rire, mes jeunes amis, si toutefois vous tenez absolument à rester pessimistes. Ainsi, peut-être qu’un jour, en riant, vous enverrez au diable toute cette consolation métaphysique — à commencer par la métaphysique elle-même!»

L’occupation commun de la Terre

par Simon Levesque

Avec Terre et capital, Paul Guillibert publie un premier livre dans lequel le matérialisme spéculatif joue un rôle crucial. En partant de l’idée que l’Anthropocène constituerait l’événement matérialiste par excellence, l’auteur souhaite redonner au marxisme ses lettres de noblesse et montrer en quoi celui-ci permet encore aujourd’hui de penser l’actualité politique, et plus spécifiquement la crise climatique.

Pulsions chorales

par Nicolas Levesque

C’est une superbe chorale qu’ont su former Ginette Michaud et Danielle Cohen-Lévinas en rassemblant des voix psychanalytiques, philosophiques, littéraires, sociologiques, historiques autour de l’homme pluriel, polyphonique qu’est le psychanalyste René Major : « (il faudrait d’ailleurs relire toute l’œuvre de Major en tenant compte de ces modulations et notions [pulsions ?] chorales, démocratisation à l’œuvre résistant à toute appropriation ou domination) », écrit Ginette Michaud dans une parenthèse qui m’a inspiré et qui m’a offert une métaphore pour me transporter dans la lecture de ce collectif.

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