Psychanalyse

Après un temps d'analyse, quelqu'un pouvait conclure : le désir de l'enfant mort, c'est moi. Mort vivant offert au désir de sa mère, un mort-vivant, voilà ce qu'il était cet enfant du désir.

A n'en pas douter, le discours psychanalytique agace profondément ou, au mieux, indiffère la grande majorité des spécialistes de Science politique en France, du moins lorsque, sortant de son territoire d'élection : l'investigation de l'inconscient dans une visée thérapeutique, celui-ci s'attache à éclairer ou interpréter les « productions » sociopolitiques.

Rien de plus difficile que de prétendre adopter une démarche scientifique pour parler de l'idéologie. L'idéologie sera alors ironiquement définie comme l'ensemble des croyances et des opinions opposées à celles du sujet qui en débat.

Il ne s'agit pas, dans ces quelques pages, d'extraire de l’œuvre de Freud une théorie générale de l’État mais simplement de nous demander s'il est possible d'éclaircir certains éléments présidant à la naissance et au fonctionnement de l’État (et principalement de l’État moderne) en nous appuyant sur certaines hypothèses freudiennes. Autrement dit, la perspective ouverte par la psychanalyse nous permet-elle de faire surgir des questions que d'autres perspectives refusent ou occultent ?

S'adresser à des hommes de loi, mais qui consentent, au point de lui ouvrir leurs colonnes, à prendre en considération l'existence de la psychanalyse, ne devrait pas tenir de la gageure.

1979 : crise à l'intérieur du Parti communiste. Pour la première fois avec cette ampleur, des militants causent, écrivent, publient des livres à l'extérieur des instances internes. Et, parmi eux, se trouvent plusieurs livres écrits par des militants en analyse. Avant d'examiner les effets théoriques et politiques de cette double aventure être inscrit à un Parti communiste, être sur un divan , il faut comprendre comment cette évolution a été rendue possible, et tenter d'évaluer ses chances.

La psychanalyse en tant que corps constitué et que corps de doctrine est fort malade, il n'y a que le public à ne pas le savoir. Dans les rangs mêmes de la corporation, la durée de survie qu'on lui prête se compterait, en années, sur les doigts des deux mains, au maximum. Ensuite : un éclatement en petits groupes dont la cohérence serait assurée par la nécessité d'un minimum de surface sociale pour chacun de ses membres.

Question ambiguë, bien caractéristique du discours moderne qui, selon ses normes usuelles, la pose moins comme problématique à interroger qu'il ne l'institue comme provocation perpétuée.

La psychanalyse n'est pas seulement une méthode de traitement des névroses, elle est un ensemble théorique, à vocation scientifique, qui définit une dimension de l'homme et donc du socius que les systèmes contemporains de pensée et de pouvoir ont plus ou moins tôt repérée. La confrontation continue, elle est variable dans l'histoire, celle de la psychanalyse et celles desdits systèmes. Si, par exemple en France, actuellement, la psychanalyse est notablement mieux reçue qu'il y a, ne serait-ce que trente ans, un certain nombre de points de résistance pratique et de friction idéologique persistent, dans des registres fondamentaux pour la pensée occidentale et ses formes de pouvoir.

Les sociétés psychanalytiques sont des organisations originales dont les traits caractéristiques résident dans la multiplicité des missions à remplir : former des psychanalystes, développer la psychanalyse et demeurer le sanctuaire du message du fondateur de la psychanalyse (Sigmund Freud) ou de ses dissidents (Jung, Adler, Lacan...). Cette dernière mission qui ne figure dans aucun des statuts juridiques de ces sociétés semble implicite dans leur fonctionnement quotidien, c'est le non-dit de leur pratique.

Voici peut-être une lecture sans but, tel le regard de l'ouvrier pour la pièce défectueuse. Sa main la jettera au rebut, après quelques instants consacrés à cette manifestation d'on ne sait quel ratage.

Selon les canons de l'ethnocentrisme psychanalytique français, la cause est entendue : la psychanalyse américaine n'a jamais représenté qu'une version abâtardie de la découverte freudienne.