- Scopalto Bonjour, pourriez-vous nous présenter Borborygmes, qui a notamment la particularité d’être « le trimestriel le plus petit du monde »
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Trimestriel à sa création en 2006, puis semestriel à partir de 2010, Borborygmes est un 10x15 cm broché de 64 pages. On s’est permis de prétendre au titre de « plus petit [périodique] du monde » et personne ne s’est jamais manifesté pour nous dire le contraire. Nous voulions faire une revue pour toutes les poches. Un petit format à porter facilement sur soi pour le lire par petits bouts dans les transports, en salle d’attente ou dans les toilettes par exemple. Nous avons aussi tenu à la vendre à un prix réduit, en comprimant les coûts de fabrication, de manière à toucher un public plus varié, pas forcément acquis au monde des revues littéraires. La revue Borborygmes a été diffusée en librairie et suivie à chaque livraison par plus d’une centaine d’abonnés, plus de deux cents les bonnes années. Pour une petite structure comme la nôtre, c’est honorable.
Borborygmes a publié des nouvelles et des textes courts avec des styles très différents, parfois très classiques, parfois plus contemporains, parfois avec des formes plus particulières. Les auteurs, lorsque c’était nécessaire, se sont toujours pliés au jeu enrichissant qui consiste – avant publication – à écouter les critiques et à retravailler le texte jusqu’à ce que naisse une œuvre aboutie que personne n’ait à regretter d’avoir présentée au public.
Tout en étant exigeants sur la qualité des textes (nous avons un impitoyable comité de lecture auquel les textes sont présentés de manière anonyme), nous avons publié en grande partie des auteurs inconnus. Nous sommes fiers d’avoir été leurs premiers éditeurs, de les avoir suivis et de les voir aussi publiés dans d’autres revues. Certains d’entre eux ont aussi publié des romans ou des recueils, le rôle de la revue ne l’oublions pas est aussi celui de tremplin.
- Borborygmes est aussi une revue d’images…
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Lorsque j’ai créé la revue [Julien], je voulais aussi façonner un bel objet. J’ai mis un soin particulier au traitement des images et à la qualité du papier, de l’impression… Chaque numéro présente le travail d’un artiste – peintre, photographe, dessinateur, graveur, etc. Une quinzaine d’images parcourent le numéro et enrichissent en même temps la lecture des textes. Les images ne sont pas commanditées, mais sont issues de séries proposées par l’artiste et tirées de son travail préexistant. La reproduction en noir et blanc et le format réduit imposent une contrainte supplémentaire dans le choix des œuvres.
Pendant le travail de la maquette, nous essayons de créer des rencontres textes/images et un nouveau niveau de lecture peut survenir.
- Le numéro 24 que nous venons d’ajouter sur scopalto est le dernier numéro, pour quelles raisons cette décision ?
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Nous avons servi loyalement Borborygmes pendant 8 ans. Autant d’années de Salons, de soirées en librairie, de lectures musicales (nos Borbotrucs), de très belles rencontres humaines et littéraires. Nous avons maintenant envie de passer à autre chose. C’est un arrêt réfléchi, non sans un pincement au cœur, bien sûr.
- En faisant le bilan de ces années Borborygmes, auriez-vous fait les choses autrement ?
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Heu… Non. Nous aurions pu éventuellement organiser encore plus de Borbotrucs, doter la revue d’une couverture en couleurs, faire des numéros avec un support audio, ou d’autres idées encore auxquelles nous avons pensé mais qui ne se sont pas concrétisées, faute de budget, de savoir-faire ou de réelle motivation.
Peut-être que nous sommes passés à côté de certains auteurs et que ce ne sont pas toujours les meilleurs choix qui ont été faits, mais fondamentalement nous sommes contents de cette aventure telle qu’elle s’est déroulée. Tout de même nous aurions dû avoir un site Internet plus performant !
- Hormis j’imagine ce dernier numéro, quels ont été pour vous les numéros les plus marquants de Borborygmes ?
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Chaque numéro est différent et possède sa propre vie. Certains se démarquent toutefois : le numéro 2, particulièrement percutant par l’équilibre de ses textes et la puissance des images de Bruno Martin, ou le numéro 17 avec sa couverture gaufrée et qui se lit tout du long à la verticale, ce qui m’a demandé un travail réellement long et intéressant (expérience esquissée déjà avec le numéro 14). Le 2 et le 17 sont par ailleurs épuisés et on ne peut les lire que sur Scopalto – ou se les procurer en format papier en achetant la Collection pour toujours complète sur notre site Internet.
- Y a-t-il des revues qui, dans votre enfance ou plus tard, vous ont donné l’envie de vous lancer dans cette aventure de l’édition ?
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[Julien] En 1997, Jean-Claude Pirotte m’avait présenté la revue de Jean-Paul Chabrier Le Paresseux – qui vient d’ailleurs de reprendre du service. Le Paresseux, « paraît peu, quand il peut », en voilà un sous-titre qui donne le sourire. Il n’est pas impossible que j’aie eu dans un coin de ma tête l’idée de cette revue (pratiquement format Canard enchaîné) lorsque j’ai conçu Borborygmes. L’Œil électrique, aussi, m’a sûrement donné le sentiment que l’on pouvait faire les choses.
- Avez-vous de nouveaux projets dans l’édition ?
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Pendant ces 8 ans de Borborygmes, nous avons publié L’Astre métis, un recueil de poésies d’Arthur Bidegain accompagné des gravures de David Clerc. À l’heure où nous arrêtons nos activités, nous mettons aussi en veille nos autres projets d’édition. Certains finiront j’espère par voir le jour.