- Scopalto Emmanuel Rastouil, pouvez-vous vous présenter ?
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J’ai 43 ans et je vis à Toulon (83). Je me suis découvert poète, entre autres choses, à la trentaine, même si j’ai le sentiment d’avoir toujours écrit… Le poète transcende sa propre écriture et en devient le porte parole privilégié. Se réaliser « poète » est un acte fondateur.
J’ai créé l’association « Paroles d’Auteurs » au milieu des années 2000 pour développer divers projets poétiques, comme la réalisation et le développement de mes propres ouvrages de poésie (« Vivant » - 2006 et « Populaire » - 2007), avec Yannis Sanchez (« Les solitudes assassines » - 2007), autre ami poète.
- D'où est venue l'idée de créer Le Testament ?
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En 2009, après la sortie de « Nina » un recueil de poèmes amoureux partagé avec le peintre Loulé, j’ai dirigé l’édition d’une anthologie poétique pour Géhess Editions depuis Toulon. L’idée était de mettre en lumière la jeune poésie française sous toutes ses formes. Le livre édité, je cherchais à lui donner une suite. Mais, plutôt que de faire une autre anthologie, j’ai préféré suivre ces jeunes poètes fraîchement présentés au grand public de façon régulière, et, quoi de mieux qu’une revue ? La périodicité trimestrielle crée l’opportunité d’une « carte postale » poétique instantanée assez excitante et la récurrence oblige à un travail et une édition continus. La revue permet également de rester poétiquement impliqués toute l’année.
- Et pourquoi ce titre ?
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Le titre m’est venu presque naturellement puisque j’avais écrit un sonnet parlant du poème intitulé « Le testament intime » qui disait ceci :
L’intime testament, c’est un discours bavard
Couché sur du papier. Humble littérature,
Il évoque les heurts et l’amour. La parure
Qu’on offre dans l’écrin aux amis de comptoir.Ô, prends soin de mon cœur ! Vois comme il est fragile !
Il pourrait s’arrêter de battre sur le champ
Si tu te trompais sur mon précieux mobile…Le poème comme un cadeau en partage, son cœur dans ses mains que l’on offre fébrilement à l’auditeur sceptique fut aussi le visuel très symbolique attaché aux couvertures des premiers numéros.
- Quels étaient et sont vos objectifs avec Le Testament ?
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L’objectif formel du premier numéro était de réaliser avec peu de moyens un objet de collection que les gens aimeraient garder. En le diffusant à 100 exemplaires numérotés, on générait aussi la rareté et le désir… Sur le fond, la revue Testament est composée de tous types de poème sans exception, agrémentés par divers arts visuels tels que la gravure, le collage ou la photographie, dressant des passerelles vers ces autres univers.
Après plus de trois années d’existence, les objectifs se reprécisent ! L’idée étant de remettre la revue dans son cadre géographique toulonnais originel. Elle est aujourd’hui portée par un cœur de poètes autochtones (Cédric Lerible, Ivan Dmitrieff, Louis Manuel Matre, Yannis Sanchez, Paul Antoine, Mü, Philippe Jaffeux, Yves Misericordia…) des artistes (Emmanuelle Malaterre, Renaud Piermarioli, le collectif de graveurs EncreD’art…) et des photographes (Philippe Oddoart, Fabien Rigal…).
- Quelles sont les revues qui vous ont marqué ?
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L’histoire de la revue poétique est étroitement liée à l’histoire de ma ville, puisqu’au début du siècle dernier, vers 1910, nait à Toulon un courant artistique appelé « Les fantaisistes » avec en son sein le poète Léon Vérane, qui crée en 1911 la revue « Les facettes » publiée bien qu’irrégulièrement jusqu’en 1946 ! Ce modèle de revue est un exemple intéressant puisqu’alors chaque poète ou presque possède sa propre revue, permettant l’échange et la diffusion de l’ensemble des écrits poétiques du moment.
- Selon vous le rapport papier/numérique est-il indispensable, contradictoire, ... ?
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L’outil numérique est essentiel pour une large diffusion alors que le papier garde une part d’intimité et de plaisir inégalables.
De plus, l’association ne profite encore d’aucun budget de fonctionnement mais s’autoalimente de ses quelques ventes et abonnements, ainsi l’objet « revue » et le soutien de tous sont indispensables pour que persiste l’aventure !