Benoît Faedo (Berlin Poche)

17/04/2014
  • Scopalto Pouvez-vous nous présenter Berlin Poche ?
  • Benoit Faedo Je fais partie depuis 2007 de l'un de ces milliers de francophones qui ont atterri un jour à Berlin et qui n'en sont depuis pas reparti ! J'ai effectué un stage au sein d'un journal qui paraissait dans toute l'Allemagne en langue française, La Gazette de Berlin. Au sortir de cette expérience, nous, un groupe de 4 personnes, avons lancé notre propre projet consacré à Berlin. L'idée était et est toujours de faire découvrir Berlin à travers les manifestations culturelles qui y sont proposées tout au long de l'année. D'inciter les lecteurs à découvrir de nouvelles adresses, de goûter à la création foisonnante de la ville etc. Le magazine se décline essentiellement en deux parties : des articles grand-angle sur la culture allemande et celle plus particulière de Berlin. Ensuite une sélection de manifestations et un agenda offrent un aperçu de ce qu'il va se passer dans le mois dans la capitale.

    Nos parti pris : nous sommes entièrement rédigés en français mais nous nous autorisons à regarder partout... du programme de l'institut japonais à la cave du quartier qui fait passer un jeune artiste folk. La langue française est le seul dénominateur commun. On essaie de proposer un maximum de places à gagner pour inciter les gens à sortir et à en profiter à moindre frais. C'est le meilleur moyen de faire connaître les salles, de favoriser les rencontres...

    Aujourd'hui, de l'équipe de départ, il ne reste qu'un couple, ma femme et moi ! Et aussi un paquet de gens qui nous accompagnent sur différentes tâches pour des durées variables. Nous travaillons tous bénévolement !

    Après une année vécue en gratuit, nous sommes passés au payant pour fidéliser le lecteur et lui donner rendez-vous régulièrement. Nous avons changé de format il y a un an et sommes proposés désormais dans quelques kiosques. Je ne sais toujours pas quel est le modèle économique le plus viable ! Ce que je sais, c'est que je préfère gagner de l'argent directement de mes lecteurs. C'est à la fois une récompense pour le travail fourni et l'assurance de ne pas avoir à trop se lier à des annonceurs.

  • Quels ont été pour vous les numéros les plus marquants de votre revue ?
  • Je propose une réponse bateau, mais TOUS, car il s'agit à chaque fois ou presque d'un petit miracle. Nous nous finançons par le biais de nos ventes (une centaine de points de vente à Berlin, 1 à Paris au Stube... et Scopalto !) et cherchons continuellement des annonceurs. Pour l'instant ca suffit à couvrir les frais... parfois !

  • Quelles sont les revues qui vous ont marqué ?
  • Je suis plutôt un grand consommateur de généralistes. Je ne suis pas trop les magazines tendance portés sur la mode ou les courants artistiques du moment. Disons que je lis un peu de tout quand la situation se présente ! Et surtout je lis énormément sur le Web...

    En Allemagne, il y a un magazine que j'aime beaucoup qui s'appelle tout simplement DAS MAGAZIN. Il fête ses 90 ans cette année ! C'est un magazine qui parle de sujets de sociétés actuels en essayant de toucher toutes les générations. Une initiative que j'aime bien, c'est FLUTER, une revue éditée par un institut politique public et qui aborde de grands thèmes à destination des jeunes (Emploi, Famille, Globalisation...). On peut la recevoir gratuitement dans sa boîte aux lettres !

  • Papier/digital, quelle est votre politique sur le sujet ?
  • Les deux sont à mon sens complémentaires, à condition d'opter pour des lignes éditoriales claires entre les deux entités. Notre grand défi est de ne pas TUER le magazine qui est payant. Il faut donner envie avec le web de s'acheter la version papier... tout un défi ! Le web permet d'élargir sa communauté sans trop de frais. Et aussi de soigner son image, son sérieux.

    Je suis très attaché au papier car c'est quelque chose qui reste dans les mains et les esprits... mais je découvre chaque jour les possibilités du Web et c'est tout aussi fascinant !

  • Que pensez-vous de l'écosystème des périodiques en Allemagne ?
  • Il suffit de rentrer dans un kiosque pour voir la profusion de titres ! Il y a des monstres de l'édition (Springer, Spiegel, Gruner+Jahr...) et il y a eu de supers projets qui ont fait des petits au-delà des frontières (NEON par ex.). J'aime aussi le traitement de la "culture foot" avec 11 Freunde, bien foutu. À Berlin, il y a une quantité de fanzines, il y a même des rencontres et des ateliers... mais je dois avouer que je connais moins ce terrain.

Retrouvez les anciens numéros du magazine Berlin Poche