Première commissaire française à se saisir de la Biennale de Venise depuis Jean Clair en 1995, Christine Macel, conservateur en chef au Centre Pompidou, connaît bien la doyenne des biennales pour avoir assuré le commissariat du Pavillon belge en 2007 (investi par Eric Duyckaerts) et du Pavillon français en 2013 (confié à Anri Sala accueilli exceptionnellement cette année-là en Pavillon allemand). Et pourtant, Viva Arte Viva, son exposition générale aux accents revendiqués de mantra, articulée en 9 “transpavillons” comme autant de “chapitres” d’un livre ouvert au sein desquels 120 artistes de toutes origines et générations s’expriment (dont 103 pour la première fois à Venise), apparaît, malgré de louables intentions et quelques belles (re)découvertes, en porte-à-faux avec son contexte de réception.
57e Biennale de Venise
Viva arte, viva incantation
Biennale de Venise 2017
Itinéraire bis
Dick Braeckmann
Ou la photographie élevée au rang des beaux-arts
Une dystopie à l’ère digitale ?
En montant l’allée des Giardini qui mène au Pavillon allemand, une pensée traverse inévitablement l'esprit : l’artiste Anne Imhof (°1978, Giessen) a-t-elle réussi à appréhender ce lieu chargé d’histoire et à lui rendre sa contemporanéité? Comment a-t-elle investi ce pavillon, inauguré par Hitler en 1934 ? Au fil des biennales, de nombreux artistes et architectes y sont intervenus, détruisant, masquant et restructurant en guise de contestation l'architecture néo-classique de ce pavillon, rythmée par une colonnade rigide, passéiste et surmontée d’une frise adornée de son inscription spectrale, “Germania”.
Carole Schneemann
Libérer l'émotion corporelle
Étreindre Athènes
Le 8 avril 2017 s’est ouvert à Athènes le premier volet d’une Documenta 14 aussi ambitieuse que pertinente. Conçue par Adam Szymczyk, Learning from Athens s’attache à dénouer les liens préétablis entre identité, territoire, savoir, possession et pouvoir, en tendant à l’Europe un miroir aux reflets particulièrement peu flatteurs. Avant même de regagner Kassel, cette Documenta révèle, autant qu’elle s’en extirpe, une administration du corps collectif marquée par la domination, ainsi que par la peur de l’autre et celle du déclassement. Dans un contexte international de crispations identitaires, elle permet de mesurer la sclérose de nos imaginaires collectifs qui, à travers l’autre, ne cessent de chercher une figure exotique et minoritaire dont s’emparer, pour la stigmatiser, la protéger ou s’y projeter.
Temporalité latente
À l’invitation du Centre Régional de la Photographie de Douchy-les-Mines, MARIE JOSÉ BURKI a répondu en élaborant une étude sensible et poétique qui explore les possibilités de représentation. La question de la lumière, pendant métaphorique de la temporalité, y tient une place prépondérante, empruntant successivement les rôles de témoin, substrat, vecteur et objet. Ce propos sera prolongé et augmenté cet été, à l’occasion de la rétrospective que lui consacre le Centre d’art Pasquart de Bienne. Ainsi, plusieurs des pièces présentées à Douchy-les- Mines partiront investir ce vaste espace pour composer un tout nouvel ensemble de propositions discursives.
Le Musée absent
L’exposition Le Musée absent organisée par le Wiels se pose comme une exposition critique et programmatique. Alors, nous dit-on, que la question de la création de nouveaux musées agite les esprits dans les métropoles du monde entier, l’on devrait s’étonner de l’absence de débat ou de concertation quant au contenu qui devrait être le leur. Un manquement que le Wiels entend réparer.
Voyage au centre l’image
Ni photographe, ni collectionneuse, DOCUMENTATION CÉLINE DUVAL développe une pratique plasticienne héritière de l’art conceptuel, qui s’est constituée à travers l’archivage continu d’un grand nombre d’images issues de diverses sources : photographies de presse, d’amateurs, publicités découpées dans des magazines, cartes postales chinées, auxquelles se rajoutent également ses propres photographies.
Jan Lauwers
La Needcompany a trente ans. L’occasion de revenir sur l’audace artistique de l’atypique Jan Lauwers, membre cofondateur, qui l’a élevée au rang de talent visionnaire dans les arts de la scène. Nous l’avons rencontré au MILL, le nouvel espace de la Needcompany inauguré en mars 2017 à Molenbeek. Récit d’une quête d’émancipation.