Art polonais actuel

Le monde dans lequel nous vivons devient de plus en plus un village global aux dépendances mutuelles. C'est un monde de changement rapide et d'entropie croissante de l'information. Les frontières entre ce qui est naturel et ce qui est peu naturel, ce qui est réel et ce qui est artificiel, ce qui peut être approuvé et ce qui ne le peut pas, ce qui est correct et ce qui est incorrect, admissible et inadmissible, propre et impropre, sont de plus en plus difficiles à établir.

C'est dans le secteur d'habitations « Ursynow-lmielin » de Varsovie, à la Caleria Dzialan/Galerie des Actions et tout autour qu'a eu lieu, pendant deux jours un marathon d'actions, de performances, d'installations et de spectacles, intitulé Test de l'imagination. Vingt artistes venant de différentes régions de la Pologne y étaient présents.

Hartwig, Robakowski, Hilgemann, Dlubak, Kwiek, Potocka, Boulez, Mikolajczyk et Pruskowski sont seulement quelques uns des noms parmi plus d'une centaine d'artistes qui ont présenté leurs œuvres à la Mala Galeria. Dans notre tentative à trouver un dénominateur commun à toutes ces œuvres, nous devrons avoir recours au concept de l'analyse. À la Mala Galeria, nous avons eu recours à plusieurs types d'analyse, reliées au processus du visuel, de la technologie/ chimique et optique, la composition de l'image, l'analyse sociale/sociologique, l'analyse de la théorie artistique, le conceptualisme vide, et l'expérience intérieure de l'artiste.

Les périodes successives d'activités de la Galerie Kalypso se sont terminées lorsque j'ai été délogé de mon appartement. Pour continuer, il était nécessaire de s'installer dans un local vacant. Après 1986, le constant manque d'espace finit par être une véritable motivation qui va permettre aux idées de la Galerie Kalypso de rester vivantes.

Rassemblement spontané, grâce à l'initiative première du peintre Yves AUCLAIR, l'exposition Quatorze est un ensemble d'oeuvres, peintures, sculptures et installations, qui est l'expression d'une créativité effrénée d'artistes professionnels qui ont décidé d'exposer dans un lieu public, la taverne de l'Inspecteur Épingle. Investissement d'un lieu original et populaire ? Recherche d'un public différent ? Saine réaction à l'apathie d'un certain milieu culturel officiel supposé diffuser l'art qui se fait ici, maintenant ? En fait, il y a ici, au minimum, quatorze réponses et quatorze approches originales à la continuelle problématique de l'implication de l'artiste dans la société. Ou ne serait-ce pas plutôt, à l'instar de François VILLON et de ses contemporains du XV siècle, peintres, sculpteurs, musiciens et poètes qui écumaient les tavernes de l'Europe post-médiévale, l'émergence d'une nouvelle Renaissance ?

Le temps est l'une des avenues possibles de l'analyse Art/culture. Le temps sert de cadre aux actions de rejet ou de continuité. Il donne la chance au choix conscient. Il laisse place aux relations entre les propositions et les polémiques. Il met en place les institutions. Il arrange la connaissance. Il est essentiel à l'expérience, et rappelle continuellement que l'art est un processus plutôt qu'un état.

« Terroriste culturel » et « pépère de la performance », mais peintre, Serge LEMOYNE incarne une trajectoire d'art spécifique au Québec. S'il propose une rétrospective de ses oeuvres au Musée du Québec cet automne, il se réclame aussi du Refus Global, critique toujours le système et évalue le statut social de l'artiste. Praticien, il soupèse le passage des « happenings » à la performance, l'évolution de l'idéologie de l'animation populaire par l'art qui revient vers l'importance de l'oeuvre. LEMOYNE réfléchit sur ce qui change la réalité. Robert MYRE, en inédit pour INTER, s'entretient avec lui.