Numéro 4

Art et débilisme

par Richard Martel

J'avais prévu la rédaction de ce texte il y a quelques temps; juste le temps nécessaire pour me fouetter et le réaliser. La problématique artistique m'a toujours intéressé et ce, pour plus d'une raison. D'abord, je crois qu'il y réside tous les éléments qui constituent la sensibilité, et que tous les rapports sociaux peuvent s'y manifester. A l'"Art pourquoi faire" de Ragon, posons-nous la question de l'art comment et pourquoi faire. J'insiste ici sur cet aspect que certains penseront banal ou redondant mais je considère qu'il est nécessaire et primordial qu'on s'y penche avec intérêt. A ceux qui croient à la magie ou la transcendance, à l'art pur se situant en dehors du temps et de l'espace, je répond que cette relativité de la charge pulsionnelle et symbolique existant dans l'oeuvre d'art est aussi présente dans d'autres types de production humaine.2 Certains produits (design industriel, par exemple) de notre société contiennent autant — sinon plus — d'aspect esthétique que bien des images encadrées qui se véhiculent dans le milieu de l'art officiel. Ceci me semble évident! De toute manière, il n'est pas dit que les "artistes" officiels d'aujourd'hui ne seront pas les Bouguereau de demain! Réconfortante position que celle de l'artiste "officiel" de galeries commerciales ou parallèles qui, comme un tout petit enfant mal nourri, essaie d'en prendre le plus possible pour flatter son égo.

La galerie d’art parallèle : l’expérience de Média.

par Francine Couture, Isabelle Ethier

La revue Intervention nous a demandé de faire un historique de la galerie Media située rue Rachel à Montréal. Ayant été sur le comité d'orientation de la Galerie Media que de novembre '76 à mars '78, nous ne pouvons parler que de cette période. Cet article nous servira en quelque sorte de bilan à notre intervention dans une galerie parallèle; c'est donc de l'intérieur que nous analyserons les activités de la galerie Media au cours de ces deux années. Nous souhaitons que les résultats de cette expérience puissent servir d'acquis à ceux qui basent actuellement leur intervention dans le champ de l'art sur le point de vue de l'art socialement engagé.

Groupe d’intervention vidéo

Après trois ans d'intervention en milieu ouvrier et populaire, Ciné-vidéobec a décidé de mettre fin à ses activités comme groupe autonome et de se rallier à EN LUTTE!, organisation marxiste-léniniste engagée dans la lutte pour la reconstruction du parti prolétarien canadien. Si on excepte une courte période de flottement au cours de laquelle il a eu à définir ses grandes orientations, Ciné-Vidéobec s'est toujours donné comme objectif de défendre les intérêts de la classe ouvrière et des masses populaires, en intervenant dans leurs luttes et dans leurs organisations au moyen de l'instrument video. Cette volonté l'a amené, au fur et à mesure de sa pratique, à s'emparer des idées communistes et à voir que la défense des intérêts véritables du prolétariat devait passer par la lutte pour le renversement du capitalisme, de la dictature de la minorité bourgeoise sur la vaste majorité du peuple.

La poule aux oeuvres dor!

par Guy Durand

Bien sûr, nous avons quelques certitudes à propos des grandeurs humanitaires de l'Art, bien sûr tout individu civilisé se doit d'être sensible à la nature esthétique émanant du talent et du génie de l'artiste. Mais se pourrait-il malgré tout, dans notre société au progrès sans fin, qu'une autre dimension de cet univers du Beau et de l'insolite voire parfois de la déviance, éclipse ce bel idéal ? Le pesant d'art ne s'assujettisserait-il pas à son pesant d'or? Bref, comment parler du marché de l'art et quoi dire de sa dynamique proprement québécoise?

Je vais vous raconter une histoire

par Jean Tourangeau

L'objet de la photographie est-il d'inscrire que tout phénomène visuel peut être reproduit? Ou plutôt, le médium photographique exprimerait son propre code, un langage qui ne référerait qu'à ses définitions optiques? Ainsi la description d'un objet, ici la photo, propose un faire dont la mise en acte actuelle découvre à peine les sens sous-jacents. La construction conceptuelle du report photographique manifesterait en ce cas un double effet: la volonté esthétique qui s'en dégage en plus d'imager l'apparence de données formelles assimilées culturellement. Le collage de ces deux actions, de ces deux jeux de réalité, renvoie-t-il à une même vision du réel photographié?

Tourner autour du pot et tomber dans le panneau.

par J Bourassa

Dans sa dernière livraison, la revue Intervention présentait un article de François Bégin intitulé: "La télévision amie ou ennemie? (dans le monde libre)". L'auteur, après avoir précisé sa perspective théorique, analyse simultanément le contenu de deux émissions de télévision: "L'Homme de $6,000,000" et "La Femme bionique". Par ces deux exemples Bégin nous démontre la thèse selon laquelle: a) "le pouvoir" en profite pour nous "endoctriner": de telles émissions de distraction et de détente, en apparence bien inoffensives, seraient truffées de "messages idéologiques"; b) ces "messages idéologiques" viseraient principalement à imposer un contrôle social très strict; et enfin, c) aucun "feed-back" n'étant possible, à cause du medium lui-même, le téléspectateur n'a d'autre solution que de se laisser "endoctriner" ou de fermer son poste de télévision. Bref, il se trouverait devant son téléviseur tel un lézard qui se fait chauffer la bedaine au soleil; l'auditeur capte, sans défense, la propagande que "l'idéologie dominante" (le pouvoir) donne à voir". (Je donnerai, plus loin, la définition opératoire que semble se donner l'auteur, de la notion de pouvoir.) "Le pouvoir" suggère ainsi les idéaux dont Vers une paranoïa collective... chaque citoyen devrait faire l'objectif immédiat de sa participation à la vie en société. L'auditeur, par exemple, à force de se "donner" à de telles émissions, en vient à "reconnaître à l'Etat un pouvoir sur la vie et l'évolution des hommes." Bégin nous fait alors remarquer, pour prouver ce constat, qu'on "n'a pas demandé à Steve et à Jaime la permission de les transformer, ils étaient inconscients."1 En somme, l'étude est bien menée; l'analyse est structurée avec tact.

New York

par Michel Labbé

Ce sujet ne manque pas d'opinions paradoxales. Dois-je porter l'accent sur "The fashonnable art", enfant chéri d'un marché capitaliste où l'artiste se voit faire les manchettes du "New-York Times"? Nous avons la consommation facile en regard de ce marché inhérent aux média d'information convaincus et convaincants. Certaines galeries d'ailleurs, représentantes de cet art à la mode, semblent avoir omises par simplicité ou aveuglement que l'artiste et le fabricant d'art sont de nature hétérogène. N'ignorons pas ce phénomène puisqu'il véhicule dans son antre l'énergie qui se transmute en jugement critique. Personnellement ma vision de l'art s'accompagne d'une pensée philosophique qui se fera le sujet d'une thèse et non celui de cet article. J'emprunte donc à un maître sa figure de style afin d'imager notre conscience de la confusion actuelle. "L'homme est à la lettre un défaut dans le diamant du monde".'1) Le principe de l'ordre et celui du désordre sont en définitive un seul principe et pour en saisir l'énergie il n'est nullement question de faire un choix. La certitude subjective se doit donc d'être égale à la vérité objective, telle la conscience de la vie est à la fois la conscience de la mort. L'art n'est pas une question posée puisqu'il n'y a pas de réponse, mais une orientation vers les rapports du subjectif et de l'objectif; une résistance à la fois rationnelle et abstraite. C'est donc ici que le sujet "l'art à New-York" prend position en tant que milieu des multiples représentations de ces rapports existants.

Le Sakatou

par Jean-Pierre Roy

Le SAKATOU, organisme de théâtre itinérant pour enfants, est issu du conflit qui a abouti en 1976 à l'abandon du théâtre pour enfants par le Trident. Il est né du besoin ressenti par la région pour le théâtre éducatif, de participation et d'animation. Le nom est tiré de l'expression "Le sac-à-tout" qui, pour une meilleure compréhension, une lecture plus facile et pour développer une certaine magie autour de l'expression, a été transcrit en écriture phonétique française. Sans y perdre de signification, l'expression y gagne une plus grande latitude d'interprétation. Cet organisme a, malgré les difficultés financières qui le menacent, réussi à survivre trois saisons et à réaliser tous ses objectifs du début: il opère d'une façon intense et exclusive dans toute la région de Québec, amuse et divertit tout en offrant une dynamique nouvelle d'enseignement et d'éducation, réalise deux nouvelles productions par saison, développe de nouvelles techniques théâtrales et promouvoit notre culture.

On est partis pour rester!

par Paul Vigneau

Le travail de ces nouveaux "animateurs culturels" engendrerait souvent des débats sur le genre de développement que les gens des villages de l'intérieur désirent, parfois on assisterait à des débuts d'implication: on passe le chapeau pour signifier qu'on veut s'impliquer dans un projet qui assurera peut-être la survie de leur communauté, un moulin, par exemple. Dans les écoles, les jeunes s'informent sur cette lecture de leur histoire régionale.

L’edition du Québec

par Jonni

Dans le domaine de l'édition à proprement parler, ce qui frappe d'abord dans la ville de Québec, c'est l'absence de lieux d'édition; ou plutôt l'absence de lieux dynamiques et ouverts à la recherche; de lieux d'édition qui seraient aussi lieux de remise en question idéologique et formelle dans le champ littéraire et poétique. Un lieu, également, qui innoverait dans ses modes de fonctionnement, comme dans ses moyens d'intervention. Alors que pour certaines activités artistiques à Québec on trouve de ces lieux où l'on tente d'innover sous divers aspects (la COOP de cinéma, la Chambre blanche, en photographie, la revue Intervention), il semblerait que l'édition pour sa part souffre d'un sérieux recul. Sans entrer ici dans le débat des recherches et expérimentations en ce qui a trait à l'écriture, il nous est facile d'affirmer que Québec brille par l'absence d'un lieu qui serait le foyer d'alternatives neuves. Certes, je pourrais dresser une liste des maisons d'édition et revues éditant des textes littéraires, mais cette démarche serait navrante tant il faudrait vite constater un manque et un vide éminent.

Musique et spectacles

par Jacques Daigle

Le samedi 3 mars 1979: une date mémorable pour les amateurs de blues de Québec. Depuis un bout de temps, on attendait un concert de blues dans des conditions idéales avec, évidemment, la crème des bluesmen, pas nécessairement des gros noms ronflants mais d'authentiques vétérans connus seulement des "experts". Carry Bell et Eddy Clearwater, en compagnie du quartet de Bob Riedy, se sont donc retrouvés dans un cadre un peu inhabituel d'une salle d'école de quartier. Mais ce soir-là, l'atmosphère et la communication directe avec le public nous transportaient directement à Chicago.

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