Anthropomorphique....

Fluxus

par Wolf Vostell · visuels: Les illustrations sont tirées de DOC(K)S n° 54

Initialement, Fluxus était un état d'esprit, une tournure d'esprit plus forte que celle du Happening. Fluxus s.'çst répandu très fortement au début des années "60, bien qu'historiquement il se situe après le Happening. Je'pense également'que sans le Happening il n'y aurait pas eu Fluxus. C'est la variété dé son esthétique musicale qui nous a rapprochés de Fluxus, cette manière d'interpréter qui allait de la musique d'action, dévie, de pensée, à la musique décollage, à la musique de comportement, jusqu'à la musique qui était invisible. (Je spectre qui conçoit la vie non seulement comme une oeuvre d'art — comme je l'ai dit en 1961 : La vie est une oeuvre d'art, l'oeuvre d'art est la vie — mais qui conçoit la vie entière comme une musique, comme un procédé musical. C'est la philosophie en relief de Fluxus, c'est elle et pas seulement les actions qui ont provoqué à mon avis le scandale. La prétention que tout peut être musique est la prouesse de Fluxus ainsi que son unité. Cette prétention est également la raison pour laquelle les plasticiens américains qui ont été inspirés par Cage, et les plasticiens européens qui, comme moi, avaient déjà fait des actions auparavant, ont pu se regrouper.

Beyrouth, 82

par Gilles Arteau

Est-ce que ce est est bien un fait? Se réécrivent les manuels d'histoire. Existe-t-il réellement? Il se penche. Ce recommencement, cette Itération est-elle plus qu'une courante saccadée sa liquéfaction même? Sur le Yangtze, près de Nanking flottaient des dizaines de milliers de cadavres... La ponte d'une ovipare, son bégaiement. De la culture? Plusieurs doutent que l'autre en ait. Davantage que cet ou un autre soient qui la fassent. Du doute et de savoir, lequel est le plus violant le fait (que l'on sait). Lequel? Il doit bien y avoir de ces lieux où un fait en est un scissipare qui puisse en faire deux et un tas pour la mise en commun. Il se penche pour lacer. Sa chaussette (l'a renfilée sur son pied) est trouée la chaussée. Ainsi qu'il est courbé, quelqu'une au hasard bien située soupçonne des radicelles grises sur sa tempe. De la poudre peut-être du duvet de cheveux blancs... La poussière, mêmement que lui, est tombée. Les enveloppent d'invisibles parcelles des matières qui l'arrêtent qu'il écrase. Où va-t-il? Sur ses «yeux» piquent des mouches «collent» sucent ses «lèvres n'épargnent pas les oreilles»1 et fouillent ses paupières De pores en pores elles percent des vides entre leurs pattes déclenchent le frémissement des poils durcissement des muscles vache le battement des queues et la tension des nerfs y (partout) affairés. Dont nous avons horreur?

CF repére

par Alaingo, Michel Nadeau

Du 18 au 23 avril, le Théâtre Repère s'imposait un défi de taille: jouer en six soirées six productions différentes, créées ces deux dernières années! Un travail énorme, une performance en soi! Changements de décors, mises en place de la régie, modifications des éclairages, répétitions, italiennes. Et tout ça sans accrochages, ni panne d'électricité. Ainsi, «Entrez au théâtre par une porte différente» devenait l'un des deux événements majeurs de la saison, l'autre étant le 15e Festival du jeune théâtre. Le Repère s'articule autour d'un double jeu de mot. Repère comme lieu commun, comme balise qui permet de se retrouver, de poser un espace, de localiser un phénomène. Exactement comme le point de repère indispensable qui permet de se situer soi-même, pour s'évaluer à un moment précis de sa vie. Le théâtre aussi — dans le miroir aristotélicien, dans le jeu d'ombre et lumière de Platon, dans le reflet de Shakespeare, dans le prisme distordant d'Artaud ou dans la parabole de Brecht — le théâtre aussi c'est un repère dans le foisonnement de la vie. Un moment d'arrêt privilégié, où le public s'épie, une tranche touffue d'événements dramatiques dans laquelle l'ego se soulage de ses tensions, parce qu'il les exorcise sur scène par l'intermédiaire de prête-noms.

Les toilettes

par Sylvain, Laurent Moreau · visuels: Sylvain, Laurent Moreau

Photographies tirées du recueil «les toilettes» de Sylvain et Laurent Moreau, décembre 1982.

L’esthétique hybride de la classe Moyenne

par Hervé Fischer

L'avènement au pouvoir des classes moyennes constitue certainement l'événement politique le plus important de la France des années 70. Il en est de même en Angleterre, en Hollande, dans les pays Scandinaves, en Allemagne, en Suisse et dans l'Italie du Nord. L'évolution des choix politiques de ces États le confirme. La popularité de Mme Tatcher après la mirlifique victoire de la guéguerre des Ma-louines, la socialisation française, voire espagnole, le renoncement général aux grands projets et le repliement narcissique sur les intérêts à très court terme, l'écologisme et le pacifisme (ce que ne contredit pas la vengeance de l'orgueil britannique blessé dans l'autre hémisphère): voilà des traits caractéristiques de l'idéologie de classe moyenne. En France, cela se traduit dans la mentalité dominante de «recentrage» qu'analyse Bernard Cathelat, Directeur de recherche au Centre de communication avancée, qui s'est spécialisé dans l'analyse des «styles de vie des Français». 36% en 1972, les «recentrés» sont 51,4% en 1982. Bernard Cathelat note: «On y trouve pêle-mêle des vieux notaires de province et des jeunes instituteurs, des contremaîtres et de riches paysans, des étudiants et des veuves argentées. S'ils appartiennent à toutes les catégories sociales, ils ont en commun l'esprit de mesure, la volonté de s'installer doucettement et pour longtemps dans l'ordre et la discipline. Ils disent que «Mieux vaut tenir que courir» et que «Charbonnier est maître chez soi». Ils aiment les choses concrètes, claires, rapides, les entreprises stables, les plans de carrière. Mais, grande caractéristique, ils développent une mentalité d'assistés, formulent une demande sociale d'ordre, d'autorité et de sévérité. Ils sont souvent chauvins, et c'est chez eux que l'on décèle des tendances au racisme.»

Six days in a cage

par Alain Gibertie · visuels: François Goalee

Six days in a cage, no words, no food, nothing. Lors du premier festival de performance de la ville de Nice (1982). Presentation de cette cage dans un lieu (Maison des jeunes et de la culture) où ne circulaient pas uniquement des «amateurs» ou encore des «spécialistes» de l'art, mais toutes les couches d'une population.

Installation à la pointe à chouinard

par Domingo Cisneros

Lieu de vent. Pointe de flèche faite de rochers et d'herbes. Le fleuve, une anse. Une vieille cabane de pêcheurs, abandonnée. Les «trappes» d'anguilles en ruine. Vestiges d'une autre culture qui s'en va. Roses sauvages, ciboulette et genévriers. Cimetière marin. Pour horizon la Côte-Nord; Baie St-Paul, l'île-aux-Coudres, l'île-aux-Oies. Une île propriété de M. Chicklets Adams. Des îlots. Promontoire de roches et de guano. Marée de quinze pieds. Des phares. L'Islet-sur-mer par en haut, St-Jean-Port-Joli par en bas. L'eau douce qui embrasse l'eau salée Interdiction de pêcher commercialement. Il est recommandé de ne pas se baigner. Yachts et chaloupes: objets archéologiques. L'eau comme du lait de ciment. Ah! dragon enfermé, fleuve moribond! Pauvres dieux empoisonnés, condamnés à charrier la merde des hommes. Pointe à Chouinard: tu nous as déchirés. Pourtant, quel ciel, quels nuages, quelles couleurs, quelles transparences, quelles luminosités!

Un train pour l’art-performance

par Orlan · visuels: Patrick Altman

INTER-CULTURE, INTER-REGION, INTER-RAIL, INTER-MEDIA pour une extraordinaire performance de Gare en Gare, d'association en association, PARIS-LYON-MARSEILLE, une institution faite par les régions pour les régions. Une institution-réseau MOUVANTE NOMADE mettant en évidence les différences en RENVOYANT d'imaginaire en imaginaire. L'idée est simple: la gare des Brotteaux à Lyon vient d'être désaffectée. Depuis un an, l'artiste Orlan (présidente de l'association Comportement Environnement Performance et créatrice du Symposium international d'art-performance dont la 5e manifestation s'est produite en avril dernier) est convoquée avec d'autres partenaires venus de différentes pratiques artistiques pour réfléchir au devenir culturel de la gare des Brotteaux (Claude Pierre Chavanon pour le théâtre, Michel Halletpour la danse, Christian Rallet pour la musique, Gérard Combes pour le cinéma et la vidéo et Baconnier pour l'architecture). Le TGV (train à grande vitesse), qui roule sur une voie spéciale hors du tracé des anciennes voies, laisse tout le long de ces dernières des gares moins actives qui seront bientôt désaffectées comme la gare des Brotteaux. Du coup, tous les trains prennent un coup de vieux à côté du TGV; ils deviennent désuets, rétros, muséographiques.

Le sphinx-caméléon qui interroge l’oiseau-chat

par Guy Durand

Hervé Fischer nous offre au menu de l'imprimé L'oiseau-chat. Roman-enquête sur l'identité québécoise aux Éditions La Presse, printemps 1983'. Son livre complète les enquêtes et les chroniques analytiques de l'identité des Québécoises et des Québécois qu'il avait rédigées dans le journal La Presse, parallèlement à la rétrospective de ses travaux d'art sociologique présentée au Musée d'art contemporain de Montréal, fin 1981, début 1982. Comme phénomène hybride, nous sommes servis! Au survol de l'oeil lecteur, cet «oiseau-chat» semble se transformer en «hydre de Lerne à cinq têtes»: roman, enquête, art, expertise et mythanalyse (?), toutes reliées à un même tronc: «LA» société. Qu'en est-il vraiment de cette «bête» intellectuelle qui oserait révéler l'identité collective, enfouie dans des identités imaginaires recueillies à la fois comme action artistique, expérience de communication et surtout, matériau d'une Mythanalyse, sorte d'envolée philosophique au-delà d'une science de là société — en l'occurrence la sociologie — trop compromise?

G mon soleil sans complexe

par Jean-Yves Fréchette · visuels: Johanne Auger

G mon soleil sans complexe est un projet interdisciplinaire de communication qui vise essentiellement à illustrer le potentiel des nouveaux moyens de communications contemporains. 1) en associant le public en général à un exercice d'écriture où seront mis à profit les ressources de l'ordinateur comme outil essentiel dans la production d'un grand texte collectif (conscientisation et démocratisation de la technologie des ordinateurs); 2) en indiquant clairement que lénjeu principal des nouvelles communications réside à la fois dans la rupture des solitudes qui marauent le processus traditionnel d'écriture et dans l'émergence du concept d'une écriture-réseau où l'instantanéité propulse les indices d'une sensibilité nouvelle. G mon soleil sans complexe veut réunir dans un même réseau compact d'écriture: a) le plus grand nombre possible de fonctionnaires travaillant au Complexe G de la Colline parlementaire; b) un nombre important aussi de participants et de participantes du public en général recrutés dans toutes les régions du Québec et rejoints par les hebdomadaires régionaux.

Code 3 ... Abitibi

par Monique Ouellet

En périphérie encore. . . l'Abitibi, nord du nord du monde artistique québécois. Au printemps 83, «CODE 3», une exposition qui a vécu son itinérance entre le centre d'exposition de Rouyn et la galerie du centre culturel d'Amos. Un phénomène particulier pour le milieu, une brique ou deux jetées dans la mare dormante. . . Pour les visiteurs habituels de nos galeries, déroute. Une rencontre inhabituelle entre l'art et la matière où l'oeuvre n'appelle plus seulement à la contemplation mais devient davantage un objet de perception . . . «CODE 3», trois codes à décoder, trois artistes, Louise Comtois, Bernard Rousseau et François Paquette. Louise Comtois: portes, terre cuite, pierre, sable et cendre. Une recherche d'espace, de lieu et du passage du temps. Espace intime, espace extérieur, réflexions sur l'évoluton de la matière, celle dont est faite notre environnement intérieur, celle dont est faite notre environnement extérieur. Les éléments avec lesquels le spectateur est mis en contact sont quatre portes et un chemin de sable sur lequel sont disposées des briques de terre cuite dans lesquelles ont été insérées différentes matières que le feu a modifiées, sur lesquelles il a accéléré le passage du temps et qui illustre le cycle de la terre, de la pierre à la cendre. Une disposition dans l'espace comme des objets d'archéologie, présence réelle et aussi empreintes inscrites dans le sable, ordonnance symbolique...

L’archifête

par Guy Durand

La fête de l'architecture au printemps dernier a connu beaucoup d'éclat et on a même proposé une Politique de l'architecture au gouvernement. Expositions, colloques, visites guidées, cliniques populaires, tout y était. Une exposition sur le rapport art et bâtiment s'est tenue à la galerie de l'UQAM mais le débat qui devait s'y greffer a été abandonné. Pourtant des réflexions et de nouvelles avenues demeurent à explorer. Voici donc un texte interrogatif sur ce rapport art et bâtiment auquel se greffent des travaux expérimentaux autres que ceux concernant le 1 %, c'est-à-dire carrément tournés vers l'imaginaire plutôt que vers l'intégration architecturale. Si au Québec, l'intégration de l'art à l'architecture fige les possibilités de l'imaginaire, par contre des interrogations fondamentales suggèrent une confrontation des idées et des enjeux de l'imaginaire social inscrit dans l'art du bâti. En effet, détaché des propositions artistiques, l'imaginaire architectural demeure impossible à envisager. Ne faut-il pas, pour mieux comprendre la situation réelle de l'architecture dans la société québécoise, replacer dans le contexte occidental des avenues de l'art celle des constructeurs?

Le cinéma Japonais d’aujourd’hui

par Gérald Baril, Daniel Clément

Cinénippophiles et asiatomanes jubilaient en avril. Une semaine de cinéma japonais se déroulait aux cinémas Cartier et Outremont, du 8 au 14 à Québec et du 15 au 21 à Montréal. Les organisateurs Claude Gagnon, Yuri Yoshimura-Gagnon, Roland Smith et Bruno Bégin nous offraient une sélection de sept films inédits regroupés sous le titre «Le cinéma japonais d'aujourd'hui». Considérant la rareté de ce type de films au Québec, une telle semaine ne pouvait que marquer un temps fort parmi les activités culturelles du printemps. Un événement ponctuel, fût-il réparti sur sept jours, ne peut prétendre donner une vue d'ensemble de la production cinématographique d'un pays. Les promoteurs de la semaine, en organisateurs avertis, ont donc décidé de nous faire connaître à tout le moins un versant de cette montagne qu'est la production filmique japonaise. Sur soixante-dix films visionnés les Gagnon, Yoshimura-Gagnon, Smith et Bégin en ont choisi sept pour le public québécois. Selon Claude Gagnon, la majeure partie de la récolte cinématographique annuelle du Japon est constituée de films pornos «soft core» et de films à l'eau-de-rose ou policiers réalisés à peu de frais par trois ou quatre grandes compagnies. Parallèlement, des «indépendants» travaillent de leur côté à développer un cinéma d'auteur plus près de la réalité sociale japonaise. Ce sont quelques uns de ces indépendants qui nous ont été présentés dans le cadre de la semaine.

De l’autre ou la stratégie des écarts

par Bernard Gilbert

L'écriture. Ce qu'elle exhibe, ce n'est jamais qu'avec une évidence suspecte, précaire. S'il y a des points d'ancrage, des repères sûrs, il y a surtout la variété des glissements, le tremblement inédit des déroutes qui oblige le délié des formes. Le plaisir de lire. Quand le savoir glisse, justement. Quand l'oeil dérape d'une incertitude à l'autre. Une figure propice à ce genre de fuite, qui motive les ruptures, c'est celle de l'AUTRE. Toujours remise en scène, inépuisable. La fiction comme conversation univoque, comme trajet de soi vers l'autre... et inversement. Un projet de reconnaissance? Pourquoi pas. De ce que nos vies portent le jeu, la douleur, la perte, la jouissance . . . Une Volvo rose, de Jean-Yves Collette, un livre situé d'emblée du côté du jeu. Non pas le jeu facile, gratuit, qui ne mène à rien, mais celui de l'imaginaire et de la pensée au prise avec une voiture ludique avant tout.

Les chroniques du lieu

par Brigitte Ostiguy, Guy Durand · visuels: Brigitte Ostiguy

Le livre, comme médium, intéresse passablement d'artistes en ce moment. Comme si cette période accentuée d'intellectualisation des expériences en arts visuels voyait se détourner l'intérêt pour le concept au profit de l'exploration des techniques de l'imprimé (la photocopieuse, la cassette-vidéo, la pellicule-photo, la page de revue et le livre). On reprend en quelque sorte les questions d'adéquation de la forme et du contenu à propos des média de la culture de masse. Il est bon de rappeler, par exemple, que Berlin fut, entre 1910 et 1933, une «Ville Lumière» de l'art d'avant-garde: alors que Paris consacrait les styles nouveaux, nombres d'artistes allemands de la période pré-hitlérienne expérimentèrent pour la première fois cette jonction de la création artisti-que et des nouvelles possibilités de reproductibilité'.

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