Lewis Carroll

Tandis que le révérend Charles Lutwidge Dodgson traversait les rues d'Oxford, ou prenait Je train pour rejoindre les théâtres de Londres, ou se promenait à pas rapides sur la plage d'Eastbourne, un oeil d'enfant l'observait.

Par un« radieux après-midi», le 4 juillet 1862, les trois soeurs Liddell, âgées de huit à treize ans, firent une promenade en barque sur la rivière Isis, sous l'innocente protection du Révérend Robinson Duckworth et de M. Charles Dodgson, lui aussi imprégné de légères épices ecclésiastiques.

Des générations de lecteurs ont vu dans les Aventures d'Alice au pays des merveilles un roman de formation, et quelques-uns un roman d'initiation. Cela n'est point contestable. Une certaine ardeur d'instruire et de moraliser couve toujours au coeur des Victoriens. Un universitaire, tel Carroll, y joint le pouvoir de la démonstration logique, dont les tenailles serrent si fort les protagonistes.

Enfant, lire le récit des aventures d'Alice donne la sensation de suivre ou de faire l'expérience de la liberté. Aventures, expérience, liberté merveilleuses.

Dans tous ses livres, Lewis Carroll ne manque pas de rappeler qu'il s'adresse en tout premier lieu aux enfants, et surtout à ses petites « amies».

Peu de gens réalisent que les mathématiques furent le principal métier de Lewis Carroll.

L'illustration la plus souvent employée sur des publications d'Alice au pays des merveilles - aussi bien sur des couvertures d'albums que sur des cassettes, audio ou vidéo - est celle où Alice est entourée de cartes projetées en l'air et virevoltant autour de la petite fille effrayée.

Sur la route d'Athènes, un brigand arrête tous les passants et les force à s'allonger. Les plus petits, il les installe sur des lits gigantesques et les plus grands sur des lits d'enfants. Puis il les torture: les plus petits, il les étire afin que leur taille soit conforme à celle du lit qu'ils occupent; aux plus grands, il coupe les membres qui dépassent.

Lewis Carroll se plaisait à dire qu'il n'avait aucune oreille et qu'il ne connaissait rien à la musique. Pourtant celle-ci fut toujours étroitement liée à son oeuvre, le plus souvent sous la forme de chansons. Toute sa vie durant, il se révéla un véritable mélomane, assistant très régulièrement à de nombreux concerts et opéras.

C'est sous son nom véritable, Charles Lutwidge Dodgson que Lewis Carroll publie cette étrange pièce de théâtre, Euclid and his modem rivais qu'il place ainsi sur le même pied d'égalité que ses ouvrages mathématiques.

Lewis Carroll et les surréalistes

Entretien avec Francis Lacassin

Il était plusieurs fois Gianni Rodari