Psychotrope : art sous influence

Art et psychotropes

par André-Louis Paré · trad: Janet Logan

Au nom de la santé publique, le parlement canadien s’apprête à légaliser l’usage récréatif du cannabis. En règlementant sa production et sa consommation, le Canada fait désormais de cette drogue une substance qui, comme le tabac ou l’alcool, fort lucratifs, ne sera plus interdite. Au lieu de réprimer et de poursuivre en justice, le gouvernement a choisi d’en encadrer l’usage et d’éduquer sur ses risques potentiels, car ce sont les dangers que recèle ce psychotrope que le gouvernement tente de contrer afin, tout particulièrement, de protéger les plus vulnérables.

Regards sur psychotropes

par Bernard Schütze · visuels: Beverly Fishman, Sarah Ancelle Schönfeld

Qu’elles soient licites ou illicites, les drogues sont devenues, de nos jours, si omniprésentes qu’elles peuvent être considérées, aux côtés d’autres avancées technologiques, comme faisant partie intégrante de la culture occidentale contemporaine. Substances chimiques et moléculaires, elles circulent largement à travers le corps social afin de moduler les subjectivités et infléchir de diverses manières les comportements psycho-physiques.

Chemical Compounds: Acceleration and Hyper-production in Richard Ibghy and Marilou Lemmens’ Visions of a Sleepless World

par Michael DiRisio · visuels: Richard Ibghy, Marilou Lemmens

In a darkened room, a woman sits at a large table. Her surroundings are obscured in darkness, and the heavy table—with its pale wood surface and solid metal legs—is the kind you might find in an office or university. There is a small pile of paper, single sheets that she can be seen reading, sorting, folding and manipulating. At one point the sheets are laid out in a grid covering the surface of the table. The content of the pages is not clear, but this is not really the point anyway; it is the repetitive, mundane acts the woman performs that matter, her movements and gestures, and the state of focused, yet slightly detached attention with which she completes these actions.

Mangez-moi. Petite histoire récente des psilocybes dans l’art

par Camille Paulhan · visuels: Takashi Murakami, Carsten Höller, Roxy Paine, Philippe Mayaux

En 1993, la chanson Mangez-moi ! Mangez-moi ! fait un carton chez les collégiens et lycéens français : difficile d’échapper à la chanson nasillarde et entêtante du groupe Billy Ze Kick et les Gamins en Folie, qui inonde les chaines de télévision et les radios adolescentes. Bien que l’histoire soit en apparence anodine, les paroles et le caractère néo-psychédélique du clip de la chanson ne font pas mystère du champignon recherché « un après-midi d’automne », qui « ouvre les volets de la perception ».

Intervention: Nan Goldin, AIDS, and the Opioid Crisis

par Suzie Oppenheimer

The subject of Nan Goldin’s nearly fifty-year practice is intimacy. Photographs of friends, lovers, and family are activated with a fierce familiarity—Goldin has said that she feels photography is the only way to truly know a person. Her practice extends beyond the lens, however. At critical junctures in her life she has punctured the veneer of “art for arts sake” to reveal relationships between the art world and its political and capitalist context. Two of those instances arose during moments of political upheaval that intersected with her life: in 1989, at the heart of the AIDS crisis, and in 2018, during the present opioid epidemic.

Expérimenter les singularités : les autoportraits sous l’influence de Bryan Lewis Saunders

par François Lachance-Provençal · visuels: Bryan Lewis Saunders

C’est dans un cours suivi à la East Tennessee State University que Bryan Lewis Saunders fut amené à s’interroger sur le rapport de l’artiste au monde. La thèse défendue par la majorité de ses collègues était que, généralement, les représentations artistiques résultaient d’un investissement de l’individu créateur : en peignant ses paysages, Van Gogh se peint lui-même. S’opposant à cette conception classique du style, Saunders a depuis cherché à faire l’inverse et, comme il l’écrit sur son site officiel, « mettre le monde extérieur dans des représen- tations de lui-même ».

Damn Control: Colleen Wolstenholme’s Sculpture of Resistance

par Ray Cronin · visuels: Colleen Wolstenholme

Throughout her career, sculptor Colleen Wolstenholme has made her subject the systems that exert control over individuals. More specifically, the Nova Scotia-based sculptor is interested in the instruments through which that control is manifested, and the effects of such control on individuals. As a feminist who came of age in the 1990s, the system most often under her scrutiny has been the patriarchy and its efforts to control women, and how women have responded, whether with resistance or acquiescence.

Pour une prodépeutique des para-espaces dans l’oeuvre de Jeremy Shaw

par Mathieu Teasdale · visuels: Jeremy Shaw

En 1516, Thomas More publie un livre dans lequel il imagine une île qu’il appelle Utopia. C’est dans ce livre, L’Utopie ou le Traité de la meilleure forme de gouvernement, que sont consignées les mœurs et la vie politique de cette société qu’il définit comme idéale. More y dresse le portrait d’un espace qui s’inscrit comme une alternative à son époque. C’est d’un ailleurs encore inexploré dont il est question, d’une Terra incognita qui doit, par force de conséquence, bel et bien exister. Cette certitude de l’existence d’une terre inconnue est celle que le monde dans lequel il se trouve, aussi décevant et inachevé soit-il, ne peut être le seul possible.

Force et puissance des ondes : Inclinations et ÆTER de Christian Skjødt

par Louise Boisclair · visuels: Christian Skjødt

Avec la faible luminosité des lieux, l’ordonnancement et l’appareillage des sculptures, Inclinations et ÆTER sont des installations à la fois semblables et fort différentes. D’allure ludique et cinétique, Inclinations s’inscrit dans un registre léger et hypnotique alors qu’ÆTER, de facture imposante et intrigante, relève d’un registre plus grave et contemplatif. Proposant une expérience immersive et machinique, ces deux œuvres interrogent notre rapport à l’espace.

RIBOCA : la toute nouvelle biennale internationale d’art contemporain de Riga

par Ariane Lemieux · visuels: Oswaldo Macia, Lynn Hershman Leeson, Johannes Heldén, Hakan Jonson, Augustas Serapinas

Ouverte au public depuis le 2 juin, la première édition de la Biennale internationale d’art contemporain de Riga (RIBOCA), en Lettonie, propose un parcours artistique en sept lieux que se partagent 102 artistes dont la plupart vivent, travaillent ou sont nés dans le nord de l’Europe. Près de la moitié des 114 œuvres présentées sont des commandes précises envisagées telles des propositions faites aux artistes à entrer en dialogue avec le contexte culturel, historique et sociopolitique de la ville et de ses environs, sans pour autant négliger toute perspective internationale.

Reconfiguration d’identités

par Bénédicte Ramade · visuels: Eddy Firmin, Omar Victor Diop, Michèle Pearson Clarke, Esmaa Mohamoud

À un moment où la hiérarchie entre centre et périphérie semble plus que jamais révolue, du moins copieusement mise en crise de toutes parts par les artistes, le Musée des beaux-arts de Montréal amorce un cycle d’expositions sur la diversité culturelle avec Nous sommes ici, d’ici, un pendant de l’événement D’Afrique aux Amériques, Picasso en face-à-face, d’hier à aujourd’hui. Dans cette exposition qui met en scène les œuvres du maître en regard des sculptures dites primitives qui le fascinèrent et l’inspirèrent, le parcours est ponctué de contrepoints contemporains d’artistes œuvrant pour la plupart sur le continent africain ou composant sa diaspora.

Myriam Yates : Gander Islands

par Manon Tourigny · visuels: Myriam Yates

La démarche de Myriam Yates se construit autour d’une recherche de lieux publics en mutation qui ont marqué notre récente histoire. Elle s’intéresse plus particulièrement à des sites qui ont un intérêt sur le plan architectural, mais qui sont, la plupart du temps, à la merci des décisions des autorités en place. Son regard est critique et agit comme devoir de mémoire de sorte à marquer le temps, les époques.

Marc-Antoine K. Phaneuf : Euphorie-propagande

par Dominique Sirois-Rouleau

Artiste et auteur, Marc-Antoine K. Phaneuf marque, avec Euphorie-propagande, un virage important dans sa pratique. L’artiste multidisciplinaire et singulièrement prolifique qui a touché, en parallèle à sa carrière de poète, à la performance et à l’installation réinterprète ici le spectacle littéraire en explorant l’exposition d’art comme médium artistique.

Maureen Gruben. QULLIQ: In Darkness, Light

par Clint Burnham

In Mini Aodla Freeman’s 1978 Inuit autobiography, Life Among the Qallunaat (“qallunaat” is the Inuktitut word for white people), she offers an etymology for a word commonly and offensively used to describe the Inuit: “To me the word ‘Eskimo’ does not mean anything. It is an Indian word—‘escheemau’- that qallunaat tried to say at one time. It is a Cree word: ‘Escee,’ yagh, sickening, can’t stand it; ‘mau,’ human. At first encounter, Cree Indians got sick at the sight of the Inuit eating raw meat (and Indians do not eat raw meat). Today, the Inuit still eat raw meat and it’s still yam yam as far as I am concerned.”

Hédonisme Délirant. NSPSLL! de Ludovic Boney

par Marie Perrault

Connu pour ses œuvres monumentales réalisées dans le contexte de l’application de la Politique d’intégration des arts à l’architecture1, Ludovic Boney complète ici un cycle de présentations en galerie échelonnées sur la dernière année, ses premières expositions individuelles à ce jour. Présentée au centre Action Art Actuel d’artistes de Saint- Jean-sur-Richelieu, l’installation NSPSLL!, acronyme de la consigne parentale « ne sautez pas sur les lits », s’inscrit dans la continuité de Afin d’éviter tous ces nœuds, exposée à Oboro en avril 2017, et de Sous les chatons, présentée à la Galerie Michel Guimont en décembre de la même année.

Karilee Fuglem et le presque invisible

par Geneviève Gendron

À la suite d’une résidence de création de quatre semaines au sein de la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, l’artiste montréalaise Karilee Fuglem propose une série d’œuvres et d’interventions délicates qui amène le visiteur à vivre des expériences perceptuelles très subtiles en lien avec le mouvement et la lumière.

Lyn Carter. 11e Rang

par Johanne Tremblay

Le Musée d’art de Joliette (MAJ) accueillait, jusqu’au 6 mai, une exposition itinérante de l’artiste canadienne Lyn Carter organisée par le Textile Museum of Canada (TMC). Intitulée 11e Rang, en écho à la route de campagne où Lyn Carter réside et travaille, l’exposition donnait à voir un corpus de sculptures cousues par l’artiste, de dessins sur papier et d’impressions numériques sur de larges textiles industriels.

Mark Dion: Theatre of the Natural World

par John K. Grande

Mark Dion is a master of the art installation: over the years he has turned that genre into pure theatre. For Dion, the process matters a lot more than the elements on view. The hunter’s blinds, one of them fallen onto the ground, enhance the theatrical sense. We are voyeur witnesses, hunters of a subject, of an art form that legitimizes the audience.

Annie Conceicao-Rivet : de concrètes abstractions

par Ève Dorais

L’exposition d’Annie Conceicao-Rivet, La rencontre des masses : études et prototypes, se compose d’une sélection d’expérimentations provenant de deux corpus complémentaires. Des œuvres produites dans le cadre d’une résidence d’artiste effectuée en Finlande, en 2012, et une série d’œuvres réalisées par la suite en atelier à Montréal.

Je relis tes lignes de Marie-Michelle Deschamps et Éléonore False

par Raphaëlle Cormier

Marie-Michelle Deschamps et Éléonore False se sont rencontrées en 2014 à l’occasion d’une résidence effectuée à Triangle France, à Marseille. L’une multiplie les médiums et les supports en détournant habillement la matérialité première de ses trouvailles, tandis que l’autre travaille le collage dans un jeu d’échelle faisant passer des images miniatures au grandiose.

Paul Bourgault : Transfiguration

par Ariel Rondeau

Si le paysage occupait la première salle d’exposition d’Occurrence espace d’art et d’essai contemporains avec Au jardin des possibles de Jocelyn Philibert, il s’agissait plutôt de nature morte dans la seconde salle avec Transfiguration de Paul Bourgault.

Natura Loci

par André-Louis Paré

Le commissaire Paul Ardenne, auteur de plusieurs ouvrages sur l’art contemporain, dont Un art contextuel (Flammarion, 2002) et, très prochainement, Un art écologique, création plasticienne et anthropocène (La Muette, 2018), souhaite attirer notre attention, en intitulant l’exposition présentée au Magasin général Natura Loci, sur la « nature du lieu », dès lors qu’elle s’inscrit dans un contexte de développement économique devenu problématique.

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