Aventure

La littérature contemporaine est-elle un espace d’évasion ?

par Marie Gué

De la fiction et du voyage aujourd’hui

Ailleurs chez soi : Le voyage en France

par René de Nicolay

Privés de sortie hors du territoire, nous apprenons à redécouvrir les sentiers de la France. Pour notre génération voyageuse, c’est plus qu’un pis-aller : un moyen de satisfaire notre envie d’ailleurs en évitant les boulevards aseptisés du village mondial. Peut-on faire des découvertes en son propre pays ? Sur quel mode ? Quel rôle le récit de voyage joue-t-il dans la réussite du périple ? Ces questions sont l’occasion de lire les récits de voyages que des auteurs français ont consacrés à leur propre pays, en particulier depuis dix ans.

Ecrire, se parcourir : errer à l’intérieur de soi

par Pierre Poligone

« Aujourd’hui que la terre est quadrillée, bichonnée, macadamisée, il y a encore des mecs à la mie de pain qui parlent avec un sérieux vraiment papal d’être partis », écrit Louis Aragon dans son Traité du style. La figure de l’écrivain aventurier a pris du plomb dans l’aile. Les expéditions de Jean de Léry par-delà les mers, les errances de Nerval en Orient ou même le voyage de Nicolas Bouvier à bord d’une Fiat Topolino ne sont plus possibles. Pourtant, il reste encore un continent à explorer, celui de la conscience et de l’identité. L’aventure a changé de modalité mais les enjeux restent les mêmes : partir au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau.

Fante, Bukowski, Safranko

par Sébastien Raynaud

Aventuriers de l'errance

Corto Maltese

par Christophe Bitaud

Corto Maltese est un navigateur et un aventurier. Il parcourt les mers, mais ses périples sont bien plus qu’un appel vers l’ailleurs : ils sont également intérieurs et oniriques. L’œuvre d’Hugo Pratt retrace un parcours initiatique, non sans rapport avec son expérience maçonnique.

Bouvier, occidental patissery

par Ludovic Fillois

Le récit de voyage est un acte politique. Bouvier, que je prenais pour un hippie chiant, fut un jour devant moi traité de sale réac. Je me suis pris au jeu des lectures politiques, et surtout de ce terme polémique d’orientalisme qui veut tout et rien dire. Voici sur ce sujet quelques réflexions, dans toutes les directions, non par manque de travail, mais parce que la contradiction est l’essence même de notre temps.

Patrice Franceschi

par Louise Granat

« Ô mon âme, n’aspire pas à l’existence éternelle, mais épuise le champ des possibles » déclamait Pindare dans ses Pythiques, au Ier siècle avant notre ère. À terre ou en mer, Patrice Franceschi, silhouette affûtée, le verbe franc et assuré, n’a jamais cessé d’explorer le monde en s’y engageant pleinement, et fait entendre une voix singulière dans le microcosme des écrivains-aventuriers.

Catherine Poulain

par Marie Gué

« Il faudrait toujours être en route pour l’Alaska. Mais y arriver à quoi bon ». La vie de Catherine Poulain est comme dans les livres. Avant d’être écrivaine, elle a voyagé en Asie, elle a été saisonnière en France et au Québec, elle a navigué pendant dix ans en Alaska jusqu’à en être expulsée comme travailleuse illégale. Ainsi avait-elle suivi l’appel du « grand souffle de la mer, du ciel et du vent » selon ses propres mots. Aujourd’hui, elle est bergère dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ses deux romans, Le Grand Marin publié en 2016 et Le Cœur blanc en 2018 racontent le désir éperdu de personnages qui veulent une vie furieuse, grande comme l’océan ou le ciel.

Ella Maillart

par Camille Pech de Laclause

Mary Wollstonecraft, Nellie Bly, Gertrude Bell, Alexandra David- Néel, Ella Maillart, Annemarie Schwarzenbach, Helen Lloyd... La liste est longue, leurs périples plus vastes encore. C’est la voie de deux de ces écrivaines aventurières que vous vous apprêtez à suivre. Parties en Ford de Suisse jusqu’en Afghanistan, juste avant que la Seconde Guerre mondiale n’éclate, elles déroulent sur des kilomètres de routes cabossées les profondeurs de l’âme humaine.

Claude Leroy

par Marie Calmettes

Claude Leroy est professeur émérite de littérature à Paris-Nanterre. Spécialiste de Blaise Cendrars, il a dirigé l’édition de son œuvre dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il fut aussi un proche de Frédéric Jacques Temple, décédé en août dernier, et dont il contribue à faire connaître l’œuvre. Claude Leroy a notamment écrit la préface du volume La Chasse infinie et autres poèmes de Frédéric Jacques Temple, récemment paru dans la collection Poésie / Gallimard.

Jean-Yves Tadié

par Pierre Chardot, Louise Granat

Emmanuel Ruben

par Arthur Copin

Son roman Sur la route du Danube, prix Nicolas Bouvier au festival Étonnants Voyageurs en 2019, poursuit ses réflexions d’écrivain et de géographe sur l’Europe d’aujourd’hui. Nous nous sommes entre- tenus avec Emmanuel Ruben sur le sens que revêt pour lui le voyage et l’importance de parcourir l’Europe et sa géographie.

Ovide

par Marie Calmettes

Tandis que les poèmes épiques narrent les aventures des héros à travers mers et champs de bataille, Ovide invente un genre nouveau en prêtant sa voix à des héroïnes qui expriment dans des lettres fictives la douleur d’être séparées de l’être aimé. Dans ses Epistulae Heroidum abrégées en français sous le titre d’Héroïdes, le poète latin nous livre ainsi l’autre versant de l’aventure au masculin : l’expérience intime de celle qui ne part pas.

Stendhal

par Kévin Petroni

Quel rôle l’aventure a-t-elle joué dans l’œuvre et dans la vie d’Henri Beyle ? Alors que l’auteur de La Chartreuse de Parme la considère comme une simple péripétie, elle tient cependant une place essentielle dans la morale stendhalienne. Ainsi l’aventure chez Stendhal défie toujours les convenances, et permet aux hommes d’accomplir librement leur destin.

Antoine de Saint Exupéry

par Laurent de Galembert

Lorsque Saint Exupéry publie son premier roman, Courrier Sud, en 1929, le journaliste André Beucler est chargé d’en rédiger la pré- face. Croyant lui rendre hommage en célébrant son authenticité, il déclare : « Mais Saint Exupéry n’est pas un écrivain ». Ce grand malentendu avec la critique littéraire qui réduit ses livres à la valeur d’un témoignage sur l’aviation va longtemps le poursuivre : Saint Exupéry, aviateur écrivain ou écrivain pilote ?

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