- Merde à la morale On connaît les arguments pour arrêter de voter. Ils sont souvent avancés par ceux qui sont aujourd’hui le plus constamment engagés sur le terrain, et ils ont de quoi ébranler. Le vrai geste libre serait de ne pas donner sa voix, de ne pas mettre son bulletin dans l’urne, et de faire de ce refus la pointe militante d’une critique. - Communauté du non: Premier argument, le plus faible, mais le premier : votons en 2012 pour barrer la route à Sarkozy. - Du contre au pour : des impôts et des écoles Si l’on en croit les programmes de tous les candidats à la gauche de Bayrou, il y a au moins un point où le vote contre peut devenir un vote pour : l’impôt. - Avant, pendant, après : puissance de perturbation Voter contre un pouvoir en place, voter pour une partie de programme, ne fait sauter personne de joie. - Merde aux croyants Considérer que le vote est question moins d’espérance et de crainte que de calcul stratégique, c’est se prémunir d’avance contre ces postures boudeuses et infantiles. - Conclusion en forme de post-scriptum Dans un esprit d’impartialité on voudrait rappeler pour finir que, s’il y a de mauvais arguments pour ne pas aller voter les 22 avril, 6 mai, 10 et 17 juin prochains, il y a pléthore de bons : être étranger et se voir refuser ses demandes de naturalisation depuis 15 ans ; avoir moins de 18 ans ; être déchu de ses droits civiques ; avoir perdu son emploi sous Mitterrand et sa maison sous Jospin (...)
Occupons le vote !
Occupons le vote !
La Chine à contretemps
Entretien avec Jia Zhang-ke Filmer la Chine à un moment d’accélération de ses transformations exigeait d’envoyer valser de vieilles oppositions : entre fiction et documentaire, entre réalisme et formalisme. Peu de cinéastes parviennent à faire coïncider comme Jia Zhang-ke conditions concrètes de production, discours politique et choix esthétiques. Rencontre avec l’auteur de The World et Still Life [1].
En habit de contrariété
A propos d’Habemus Papam de Nanni Moretti Habemus papam de Nanni Moretti n’est pas la grande fresque historique, digne d’un tableau officiel, que semblent décrire les somptueuses images. C’est un tableau en mouvement qui n’aura de cesse de déplacer, de malmener, de contredire, par l’humeur et le désenchantement, par le burlesque et le parlant, la possibilité d’un homme à s’engager. Pour inventer en lieu et place un engagement autre.
Un trou
En 1654 paraît un prospectus de librairie qui présente un ouvrage futur sur les antres. Jacques Gaffarel, qui semble avoir aussi travaillé à une Histoire curieuse des vases et des vaisseaux, aurait en effet consacré plusieurs décennies à l’étude des cavernes : il ne reste cependant de cette somme sur les trous qu’une liste. On peut la lire comme une variante de l’encyclopédie chinoise de Borges, qu’évoque Foucault à l’orée de Les Mots et les choses : comme un pur ailleurs qui défie notre raison moderne ; mais on peut être sensible aussi à la façon dont l’énumération rend manifeste une puissance de la forme : le trou permet une remise en ordre du monde. [L.W.]
L’essentiel est que tu m’écrives encore, écris-moi
Xavier Person a récemment fait paraître, aux Éditions Le Bleu du Ciel, Propositions d’activités (2007) et Extravague (2009).
Sur le vif
« Il n’y a pas de règne, ni de l’homme ni de la bête, mais seulement des passages, des souverainetés furtives, des occasions, des fuites, des rencontres » écrivait Jean-Christophe Bailly dans Le Versant animal. L’existence de chaque animal est comme une pensée en acte et croiser leur regard est une expérience si troublante d’un temps autre. Jean-Christophe Bailly est essayiste, poète et dramaturge. Ses derniers livres parus sont Le Dépaysement (Seuil, 2011) et La Véridiction (Bourgois, 2011).
Ante-memorial
Jours sans date
Bernard Collin est un écrivain né en 1927. C’est à Pierre Bettencourt que l’on doit la publication de son premier livre, Centre de vous, en 1960. Ces pages sont extraites d’un livre à paraître prochainement dans la collection « Les grands soirs » aux Éditions des Petits matins.
Les mains de mon père
À travers le portrait de son père, Zackie Achmat retrace la mémoire d’une enfance prise en tenailles entre violence domestique et violence d’État. Fondateur du mouvement Treatment Action Campaign (TAC), Zackie Achmat, séropositif, a refusé de prendre des traitements tant que chaque malade sud-africain n’aurait pas le droit d’obtenir des antirétroviraux à l’hôpital public. S’opposant d’abord aux multinationales pharmaceutiques, il affronta ensuite, bien que membre actif de l’ANC, le gouvernement de Thabo Mbeki qui restait enfermé dans une position de déni face à la maladie.
Gratuité, égalité, société : en finir (vraiment) avec la dictature chilienne
Depuis juin 2011, les étudiants chiliens sont en grève pour revendiquer la gratuité de l’enseignement secondaire et supérieur. S’ils n’ont toujours pas obtenu satisfaction, leur lutte a permis de reposer des questions indispensables à toute société démocratique comme celle de l’éducation libre et gratuite pour tous soustraite aux impératifs économiques.
Retour sur enquête : ethnographie d’une ville ouvrière, Elbeuf 1980-2010
Deuxième partie Pourquoi écrire encore sur les pauvres d’aujourd’hui ? N’a-t-on pas déjà tout dit sur la décomposition produite par le chômage et ses conséquences sur les modes de vie ? À première vue, l’histoire serait écrite. Ne subsisteraient que des faits divers sordides pour occuper la Une
Imilikut eitoponpë : inscriptions originelles wayana
Le 28 janvier 2010, Mataliwa Kulijaman, Amérindien Wayana de Guyane française, me rendit visite dans mon bureau du Laboratoire d’anthropologie sociale. Je le connaissais par Kaptelö, un recueil de récits traditionnels écrit en collaboration avec la linguiste Éliane Camargo [1].
L’Ouvroir de Théorie Potentielle
Entretien avec Pierre Bayard Raccourcir Proust, retaper les fiascos littéraires de Voltaire ou de René Char, démontrer la nullité des enquêtes d’Hercule Poirot et de Sherlock Holmes : voilà quelques-unes des expériences auxquelles convie Pierre Bayard. Le plaisir qui en résulte est énorme, le gain intellectuel indéniable : on y comprend mieux ce qui se joue dans la rencontre avec un texte. Entretien avec celui qui fait sortir la théorie littéraire de ses gonds.