La vie des hommes, telle que nous la connaissons depuis quelques milliers d’années, est en train de prendre fin. Le basculement s’est produit au tournant de la fin du xxe et du début du xxie siècle, sous l’impulsion des combats d’arrière-garde de l’Histoire et de la déferlante des nouvelles technologies. Nous sommes désormais entrés dans l’après-Histoire ou la posthumanité. Une ère nouvelle caractérisée par les impératifs de la mondialisation et de l’indifférenciation. Sur les ruines des vieilles identités et des singularités obsolètes nous assistons à l’émergence d’un « brave new world » à l’enseigne d’un nihilisme « soft » d’inspiration bouddhique, où le « lâcher-prise » se substitue à la confrontation et à l’« âgon » qui avaient fait la grandeur et le malheur de la civilisation occidentale.
Les filles et l’amour
Tous les rameaux de l’Olivier
Mimoun au Panthéon !
Pas de semaine sans qu’une nouvelle proposition soit lancée pour transférer quelque glorieuse dépouille au Panthéon. Je cite en vrac Pierre Brossolette, Maurice Genevoix, Denis Diderot, Jean Zay, Aimé Césaire… Pour les femmes, il est question de Louise Michel, de Germaine Tillion, de Lucie Aubrac, de Simone Weil (sa presque homonyme est toujours vivante, mais on y pense déjà). J’ai une proposition très sérieuse à faire aux princes qui nous gouvernent, et je suis sûr qu’une modeste pétition lancée sur la Toile recueillerait instantanément des millions de signatures : Mimoun au Panthéon ! Ce petit homme (1,56 m) était un géant de l’athlétisme et l’un des plus grands Français de notre temps.
Pink Martini – Get Happy
Martini signe un enregistrement dans la droite ligne de ce qui le définit dès ses débuts avec son célèbre “Sympathique” (1997, disque de platine en France). La recette ? Des textes dans presque autant de langues que de titres, chacun faisant référence à des tubes venus des quatre coins du monde et d’univers musicaux aussi variés que le cinéma, le music-hall, le jazz, la variété, ou la musique populaire. Des arrangements ludiques, clownesques, ou romantiques à outrance, toujours extrêmement léchés. Des curiosités aussi : l’invitation d’amis aussi variés, surprenants, (parfois décevants), que Philippe Katerine, Ari Shapiro, Meow Meow, Rufus Wainwright ou l’actrice Phyllis Diller, qui du haut de ses 95 ans, et peu de temps avant sa dernière révérence, interprétait le “Smile” de celui qui fut l’un de ses anciens amis…
Droit de visite aux USA
Lauréat du Truman Capote Fellowship, Stuart Nadler s’offre à nous comme le surgeon d’un immense arbre de vie, toujours plus fécond : les États-Unis. Les nouvelles qui forment ce recueil nous invitent à partager plusieurs séquences de l’existence d’Américains triés sur le volet de son don narratif. Avec, chez lui, sinon une dominante, une composante importante qui leur est commune : l’appartenance au judaïsme qui, à travers toutes les contradictions des humains, vient accréditer le principe communautariste fédérant la société outre-Atlantique. Venant ponctuer le quotidien de ses personnages, les références allusives aux temps forts du calendrier hébraïque se multiplient au fil du texte : en de telles occasions, entorses familiales ou sentimentales surgissent volontiers et augmentent le tissu de chaque histoire de leurs alluvions, souvent cruelles.
Le misanthrope libertaire
Claude Roy évoquait « le beau noir » de Cioran. De même, on pourrait parler du « beau noir » de Pierre Drachline. Celui-ci cultive les idées sombres, les idées noires comme des fleurs vénéneuses. C’est son jardin d’hiver, et le pessimisme est sa seconde nature. Tant pis si cela entame le moral des ménages et si cela désespère Billancourt, comme on disait jadis. Il faut reconnaître que notre époque ne donne guère à Pierre Drachline l’occasion de réviser le jugement qu’il porte sur elle. Dans ce livre – “Pour en finir avec l’espèce humaine et les Français, en particulier” –, il rajeunit l’art du pamphlet. Il retrouve le ton, l’accent, la verve, la virulence de la littérature anarchiste du dix-neuvième siècle, notamment “La Belle France” de Georges Darien, qui pouvait commencer une nécro par ces mots retentissants : « La mort n’est pas une excuse ».
Jeu de Minc, jeu de vilain
Le parallèle entre Jean Moulin et Bousquet opéré par ce Plutarque de pacotille qui se trompe toujours est débile.
On ne prend plus de commandes après 21H !
Dans le patelin de l’Auberge bressane et de Place Bernard, le bistrot tout Blanc qui vous fait rendre Georges, il y a le Français, tout ce qu’il y a de plus français. Pas le gastos qui vous esquinte au caraco, mais le rade authentique, mastard, vivant, agité, tarabistouille, qui sniffe le sens unique, l’échalote et le poulaga au cholestérol. Il ne faut pas oublier qu’on est dans l’Ain même quand on est deux.