Trouble

Maintenir l’ordre. De quel État notre police est-elle le nom?

Le déclencheur du mouvement des « gilets jaunes » en France, en novembre 2018, a été la proposition du gouvernement d’une taxe carbone. Ceux dont la survie dépendait de la voiture pour se rendre au travail, sortent dans la rue: « Nous réclamons les moyens de bien faire notre travail ». « Nous sommes le peuple! Le peuple devrait contrôler les notes de frais parlementaires ». « Les patrons c’est nous! » « Nous payons les parlementaires! » Le mot d’ordre est lancé: « La France d’en bas » manifeste contre « La France d’en haut ». Progressivement la confrontation sera évoquée en termes de crise et de rupture entre le peuple et les dirigeants.

Le trouble perturbe, désoriente, inquiète. Il s’adresse tout aussi bien au liquide qui perd toute propriété de limpidité, qu’à une agitation relevant d’un phénomène de foule. Cependant, la signification du trouble conserve une propriété générale et monosémique. Il y a trouble lorsqu’un fait quelconque interrompt le cours habituel des choses, celui que l’on peut dès lors nommer l’ordre commun.

L’exemple historiographique de la guerre d’Algérie

Dans la relation mère-fille en Guadeloupe

En lisant récemment Le Deuxième Sexe, j’ai eu assez vite l’intuition de me retrouver – comme un grand nombre de lecteurs avant moi, j’imagine – devant un livre événement 1. Cette intuition était due à un certain regret de ne pas l’avoir ouvert bien avant, à une certitude subjective qui s’est précisée tout au long de la lecture, à un sentiment d’injustice provoqué par la place trop réduite que le débat contemporain réserve à ce texte, à une forme de nécessité très singulière qui sort ce livre du petit périmètre de la confirmation narcissique en rendant possible la création joyeuse d’un « nous », et enfin à une « envie perpétuelle de citation », selon la formule de Barthes, dans la mesure où j’ai éprouvé la tentation de recopier quasiment toutes les pages .