Attaches

La persistance de la notion de « Français de souche » dans l’espace public est symptomatique de cette relation problématique à notre francité qui proclame simultanément son universalité « sans attache » et sa supériorité identitaire.

Les maîtres auxiliaires sont des enseignants débutants. Ils sont faiblement rémunérés et titulaires d’un contrat de travail à durée déterminée. Celui-ci est parfois renouvelé quelques années avant une titularisation. Cette pérennité interroge. Comment se fait-il que ces enseignants restent attachés à leur poste, malgré sa précarité ? Le salaire n’est pas le seul moteur de ce lien. Pris dans l’engrenage du métier, ces maîtres constituent finalement une armée de réserve disponible à chaque rentrée.

Dans une ambiance de croissance urbaine frénétique, les villes de Dubaï et d’Abu Dhabi (Émirats Arabes Unis) ont décidé d’exister sur la carte du monde comme un hub majeur adossé à des activités financières, industrielles, commerciales et culturelles, bref de fonder un emporium. Elles interpellent ainsi la notion de territorialisation puisqu’elles sont sorties du désert pour constituer une nouvelle aire métropolitaine. Selon une approche conceptuelle, il est possible de distinguer quatre phases dans leur histoire : enclosure, has been, suivisme, et à présent archétype.

Entretien réalisé par Nadia Taïbi

La question des relations entre les humains héritiers des totalitarismes ne peut se résoudre par quelque invocation aussi magique que moralisante du « vivre ensemble » ou les bondieuseries sur la « citoyenneté », la bienveillance, le bonheur ou l’empathie...

La représentation du peuple est un enjeu de lutte entre intellectuels : la vision enchantée du prolétariat révolutionnaire « des années 68 » s’est métamorphosée aujourd’hui dans la figure du « beauf ». Bien que diamétralement opposées, ces deux visions partagent l’ethno- centrisme qui les engendre.

Préjugé racial, persuasion morale et structures sociales

Aujourd’hui, les liens ont un rapport étroit avec les nouvelles technologies. Il suffit d’un clic pour réseauter d’individu à individu dans un milieu quasi céleste que l’on imagine dématérialisé. On établit des connexions (nexus vient de necto qui signifie nouer) sous la gouverne algorithmiques de moteurs de recherche et de tisserands de multinationales (GAFA). Les nœuds sont devenus des bulles et les ficelles, des flux.

Si « la terre est la quintessence même de la condition humaine », et la nature terrestre la seule où les hommes puissent se mouvoir et respirer sans artifice, qu’exprime le projet de lui échapper ? Dans quelle mesure se soustraire à l’emprisonnement terrestre est-il possible et peut-il faire sens?

Qu’est-ce qui crée de l’attachement à une portion de la terre, à un pays, à une société ? Les théories philosophiques de l’attachement social et politique peuvent être renouvelées. Il faut, nous dit l’auteure, nous extraire du nationalisme méthodologique qui fait de la résidence stable dans son pays la règle et des migrations une exception.

Nous portons ici témoignage d’une trajectoire analytique, pour ce qu’elle a de singulier, de fragile et d’ouvert, effectuée dans cette hypermodernité souvent triste et grinçante. Il s’agit de dire la confiance toute, celle portée aux mots, mots des poètes et des résistants et d’ainsi retrouver la mémoire de leurs gestes. Ce qui permet encore de tenir et d’espérer, comme le bleu éclatant d’une lettre jetée sur un fond gris chagrin.

Ce texte-là, il importe qu’il soit dans un théâtre, le pays c’est la mer et la langue sert le drame, que les choses soient dites : c’est un naufrage, des matelots à la dérive, un désordre de planches et de câbles emmêlés.

Dans cet ouvrage (à paraître aux éditions La Part Commune en avril 2019), l’autrice traite de la société des chats à la manière des moralistes du Grand Siècle.