Numéro 95

Je te plume, tu me plumes, mais nous sommes vraiment amis pour la vie. Tous deux, nous décryptons nos mensonges derrière nos mines avenantes. C'est vraiment bon de disposer d'un langage commun.

Vendredi 5 octobre 2012. Paris. Esther Ferrer me reçoit chez elle, dans son appartement parisien de Bastille. C'est son mari Tom Johnson qui m'accueille à la porte. Esther Ferrer descend de son étage, et m’accueille avec un large sourire.

J’ai toujours été intéressé par ce qui se trouve sous la surface des choses. Gamin déjà, j’allais, tournevis à la main, dans l’atelier de mon père qui était électricien, pour désosser les postes et voir ce qu’ils avaient dans le ventre. Un peu plus tard, vers la fin du primaire, toujours en Normandie, j’avais deux copains qui habitaient dans une ferme à la sortie du village, les frères Aubé, et leur ferme – la ferme des bourris, c’est comme ça qu’on l’appelait – avait été transformée en base de lancement de V2 durant la Seconde Guerre mondiale.

- Manuelle Blackburn - Michel Blanc - Cassiber - Marc Guillerot

« Les anciens n’ont-ils pas écrit que des os desséchés des morts peuvent monter d’étranges rêves? »

Disque au titre autoréflexif s’il en est, The Spiral Scratch, premier EP des Buzzcocks produit par Martin Hannett (alias Martin Zero), paraît le 29 janvier 1977 sur le propre label du groupe New Hormones. Souvent considéré comme le premier disque autoproduit de l’his- toire du punk, il est en tout cas, par son impact, celui où s’opère le glissement “décisif” du DIY au RIY (release it yourself ), soit le passage d’une revendication à l’émanci- pation musicale à celle de son application économique – « It was easy, it was cheap/go and do it 1 » chantent la même année les Desperate Bicycles en conclusion de leur premier single Smokescreen.

Une des possibles façons d’appréhender l’histoire et les développements de la musique (on va encore dire qu’on ne parle, en disant “musique”, que de la musique occidentale – et la remarque sera juste), pourrait être de ne considérer tous les progrès musicaux que comme une ten- tative d’accroissement des possibilités (on passera sur le fait que la notion de progrès puisse mal s’accommoder – ou même être parfaitement opposée – à l’idée de création artistique).