Numéro 22
Chroniques
L’automne arrive, le vent souffle et l’IRCAM s’effeuille
Les temps changent, dans le petit milieu de la musique contemporaine française, et l'atmosphère est aux langues qui se délient. Enfin, pas pour dire grand chose. Le responsable d'une collection de livres sur la musique me confie que sans arrêt, ces temps-ci, dans les textes qu'il reçoit, se trouve un couplet presque obligatoire contre Boulez, contre ses méfaits, le terrorisme de l'avant-garde musicale enfin mis à bas, etc.
Interview de Marc Ribot
Marc Ribot, la trentaine avancée, et bien que non italien, gueule à figurer dans la distribution d'un remake de Scorcese, est un guitariste sans attaches autres que celles de son bon plaisir, ce pélerin de la six cordes, à la différence des mercenaires de studio (en franglais "sessionmen") qui ne jouent que pour l'argent, la coke, les filles, la bière ou, goulus, pour tout cela à la fois, griffe ses notes dans le dos de ceux ou celles dont il a le sentiment qu'ils vont lui apporter ce truc qui lui manquerait encore, truc qui a peut-être à voir avec l'instrument, sûrement avec la musique (sa musique dont il sait qu'elle devra toujours quelque chose à l'Autre) et certainement beaucoup avec le sens qu'on peut donner à s vie, quête métaphysique rendant Marc Ribot exigeant, insatisfait, passionnant, mais qui, à la différence, une fois encore des "nègres" du mediator, le rend d'emblée reconnaissable, qui lui donne son style, comme dirait Léo Ferré, son son, comme dirait Guitares et claviers, de l'épaisseur, comme dirait tout philosophe mélomane; c'est ainsi qu'il tut la guitare de Tom Wafts, d'Alan Bashung, d'EMs Costelb, premiers de la classe des encyclopédies du rock, mais aussi des Lounge Lizards, dont la musique aura été certainement moins écoutée que les déclarations de son leader, John Lurie, ou des jazz Passengers; il enregistrera, jouera avec des "maîtres", tels que Solomon Burke, Chuck Berry, Rutus et Carla Thomas, Wilson Pïckett; ces lettres de recommandation lui vaudront la reconnaissance du saxophoniste pour chaîne Bang et Qufsen, David Sanborn, et dans un genre très différent, celle de John Zom, au travers des expériences duquel il va se connecter avec toute la scène down-town new-yorkaise; Marc Ribot n 'est pas sans rappeler un autre guitariste atypique à la carrière similaire, Robert Quine, ami de Zom-, après avoir monté puis dissous les Rootless Cosmopolitans, il arpente les scènes du monde à la tête de Shrek, ál-guitar band mit percussions; un disque d'un quartet de guitares l'associant à Elliott Sharp, jean Paul Bourëty, doit bientôt paraître sur Intakt
Interview de Peter Brötzmann
Le début de parcours de Peter Brötzmann est lié aux arts visuels et graphiques qu 'il étudia de 1959 à 1964. A cette époque, il côtoyait le mouvement Fluxus en Allemagne. La clarinette et le saxophone ténor apparaissent pendant ces années d'études, de manière autodidacte. Puis il rencontre le contrebassiste Peter Kowald et commence à jouer avec d'autres musiciens européens. Ce sera aussi la période du Globe Unity Orchestra. En 1968, c'est le disque "Machine Gun ". Le Peter BRÖTZMANN octet (W. Breuker, £. Parker, F. van Hove, P. Kowald, B. Niebergall, H. Bennink, S.A. Johansson) créait une véritable "orgie d'énergie" qui allait en marquer et en influencer plus d'un. Quelques temps après, Peter BRÖTZMANN participait à la création de Free Music Production (FMP).
Ken Butler
Ken Butler fabrique lui-même ses instruments. A partir d'ustensiles du quotidien: un balai, une pelle, un marteau, une brosse à dent, une raquette, un ski... il crée un nouveau violon, une nouvelle guitare... Principalement à cordes, ses instruments hybrides peuvent devenir percussion grâce à l'amplification. Accompagné d'un "digital delay" (système d'écho permettant de geler une courte séquence), il joue solo sur une panoplie d'environ 15 instruments, allant du plus grand au plus petit et finissant lui-même comme source sonore!