L’identification du personnage de Madeleine a suscité de nombreuses interprétations. La complexité de son existence, qu’elle soit qualifiée de «dévote parfumeuse du Christ» à l’époque carolingienne par Raban Maur ou, plus généralement, tout au long du Moyen Âge, de «très sainte demoiselle pécheresse», se double du problème de son identification historique dans la vie du Christ telle qu’elle est relatée par les Évangiles.
Marie Madeleine, de la religion à l’art
Qui est Marie Madeleine ?
Madeleine, l’exemple fascinant de la pénitence consentie
Extrait de la préface à "Marie Madeleine dans la mystique, les arts et les lettres. Actes du colloque international, Avignon, 20-21-22 juillet 1988", Paris, Beauchesne, 1989
L’invention provençale et dominicale du culte de Marie Madeleine
Aux XIe et XIIe siècles, de nombreux textes révèlent en Occident l’existence de reliques de Marie Madeleine. Dès le XIIe siècle, la Sainte-Baume commence à être identifiée comme le lieu de retraite de la «pécheresse repentie», et la grotte où elle aurait vécu devient un lieu de pèlerinage vers 1173. Revenant de croisade en 1254, Saint Louis se rend avec son compagnon, le sire de Joinville, à la Sainte-Baume, «là où l’on disoit que le cors a Magdaleinne gisoit», rapporte le second. Même si de nombreux exégètes contestent aujourd’hui la venue de Marie de Magdala en Provence et sa mort en ces lieux, Saint-Maximin et la Sainte-Baume ont constitué pendant des siècles deux importants sites de pèlerinage magdalénien, et ce grâce à la construction efficace d’une légende et d’un culte autour de la Madeleine en Provence.
Le tact de Madeleine
La logique du respect des femmes, telle que Sarah Kofman l’a exposée à partir du discours des philosophes Rousseau et Kant, est ambivalente, les femmes étant caractérisées soit par une sexualité idéalisée, soit par une sexualité dangereuse ; dans le champ de la peinture, chaque figure féminine singulière rejoue cette division de manière spécifique et complexe. Mais parmi toutes les femmes, le cas de Marie Madeleine, pécheresse repentie devenue sainte, est particulièrement remarquable.
Magdeleine aux cheveux fins
Texte inspiré par une sculpture anonyme de sainte Madeleine, détail du retable de Niedernai, conservée au musée de l’Oeuvre Notre-Dame de Strasbourg.
L’amour de l’impossible. René Char et “Madeleine à la veilleuse”
La célèbre Madeleine à la veilleuse (vers 1640-1645) de Georges de La Tour a inspiré au poète René Char une réflexion subtile et complexe autour de la figure solitaire et mystique de Marie Madeleine. Peinture du XVIIe siècle, surréalisme et poésie se mêlent dans cet exercice de la pensée pour offrir une vision nouvelle de l’héroïne biblique.
Les couleurs de Holi
Holi. La seule évocation de ce nom fait naître un sourire sur le visage de tout Indien, car c’est la fête la plus gaie, la plus débridée et la plus haute en couleurs du calendrier hindou. Ancienne fête agraire célébrant les moissons et la fertilité, Holi a conservé de son lointain passé de bacchanale printanière le goût des excès, des propos et des sous-entendus grivois. Ces festivités comportent également un aspect iconoclaste, puisqu’elles sont l’occasion de s’affranchir des conventions et d’inverser les rôles fixés d’ordinaire par la très rigide société de castes.
Le bestiaire du jésuite portugais António Vieira
António Vieira, jésuite qui vécut au Brésil une bonne partie de sa vie, fut un auteur prolifique. Parmi ses écrits, le Sermon de Saint Antoine aux poissons, réputé pour sa qualité littéraire, se distingue aussi par sa curieuse parenté avec les bestiaires médiévaux, pourtant abandonnés depuis des siècles par les autres auteurs. Renouant avec une vision allégorique et symbolique de la nature, le père Vieira offre dans ce texte une réflexion originale oscillant entre approche zoologique et énoncé théologique.
Hilarion, figure charnière de l’hagiographie latine
Moins connue que la Vie d’Antoine (rédigée vers 356), qui marque le retour des miracles chrétiens dans les sources du IVe siècle, et que celle de Martin (rédigée vers 397), dont le héros incarne la figure christique par excellence, la Vie d’Hilarion (rédigée entre 389 et 392) n’en constitue pas moins une étape essentielle dans l’histoire des récits de miracles au IVe siècle. Saint Hilarion trouve son modèle dans la figure de Saint Antoine, tant par son mode de vie ascétique que du point de vue thaumaturgique. Mais à travers le récit de ses miracles de guérisons, il s’émancipe du modèle antonin jusqu’à préfigurer, à bien des égards, la figure martinienne.
Le temps des morales de l’obligation
La scène se déroule au Sénat le 2 juillet 1881. Jules Ferry prononce un discours bientôt célèbre. Ses adversaires proposent de remplacer dans la loi en débat les mots «instruction morale et civique» par l’expression «morale religieuse et instruction civique». Le ministre réplique vivement: «La vraie morale, la grande morale, la morale éternelle, c’est la morale sans épithète […]. La morale est plus grande quand on ne la définit pas, elle est plus grande sans épithète. C’est la morale du devoir, la nôtre, la vôtre, Messieurs, la morale de Kant et du christianisme.»