L'immortalité est d’abord un terme du registre poétique; que l’on pense aux Immortels de l’Académie française (le mot renvoie ici d’abord à l’immortalité de la langue) ou aux artistes, héros ou sportifs que l’on a qualifiés ainsi, l’idée est toujours que certaines personnes (ou certaines œuvres) peuvent résister à l’usure du temps et à l’oubli, qui est le lot des humains. Elle se fonde sur le sens commun qui veut que tout être meure, mais garde l’espoir que certains puissent, d’une façon ou d’une autre, échapper à cette nécessité. Les religions, qui dans leur immense variété donnent toujours une explication à la nécessité de la mort et à ce qu’il advient des défunts, et fournissent des façons concrètes d’y faire face (art de bien mourir, rituels funéraires et de salut post-mortem), ont dans certains cas théorisé l’espoir d’immortalité, au-delà de la seule immortalité subjective dans le souvenir des autres ou de la conscience divine. Ces théories, comme on peut le voir dans ce numéro, sont très variées, parce qu’elles se fondent sur des conceptions très différentes de ce qu’est la mort, de ce qu’est l’individu et du temps dans lequel mort et immortalité prennent sens.
L’immortalité
L’immortalité. Sens et conceptions d’une notion complexe
L’immortalité sans écriture
À côté de et bien avant toute source écrite, l’humanité a exprimé ses rapports à l’immortalité par ses créations à vocation perpétuelle, tels l’art et l’architecture. L’érosion du temps fut ainsi conjurée, comme l’attestent ces traces d’une lutte contre la disparition et le néant. Au fil de la préhistoire, ces diverses tentatives se modèlent au rythme des pensées religieuses dominantes. Elles passent d’une mythologie animiste, où de somptueuses fresques s’imposent, aux différents modes d’expression par lesquels la maîtrise du temps se trouve progressivement confiée à l’image que se fait l’homme de lui-même, et qui fonde les religions historiques
L’immortalité, privilège des dieux en Mésopotamie
À travers la riche mythologie mésopotamienne, l’immortalité semble être l’apanage des dieux. Les hommes sont mortels, et quelle que soit leur sagesse, ils semblent voués à échouer dans leur quête de la vie éternelle. Il existe pourtant une exception, un héros qui, au terme d’une forme de rite de passage, a su s’élever au statut d’immortel, rompant ainsi avec l’humanité.
Immortalité et alchimie intérieure en Chine
L’immortalité a préoccupé bon nombre de grandes civilisations. La Chine s’y est pour sa part intéressée depuis la plus haute Antiquité. Ses récits mythiques évoquent les immortels au corps radiant couvert de plumes, se nourrissant de rosée, chevauchant des grues ou des dragons, tandis que l’histoire témoigne de la recherche effrénée des îles d’immortalité et des ingrédients rédempteurs. Une alchimie d’un genre particulier a également été conçue en Chine pour permettre à l’homme d’obtenir la «longue vie».
L’immortalité dans l’hindouisme
Dans l’hindouisme classique, la notion d’immortalité est associée à l’immortalité de l’âme plus qu’à celle du corps. Le but ultime de l’homme hindou est de prendre conscience que son âme est de la même nature que l’Absolu, c’est-à-dire qu’elle est immortelle et non affectée par le cycle des réincarnations. Cette pensée n’est pas apparue en Inde avec les premiers textes sacrés, les Veda, mais avec les Upanis· ad, écrits marquant le tournant du védisme vers l’hindouisme. La prise de conscience de la nature immortelle de l’âme est censée provoquer, au moment de la mort du corps, la libération. Cependant, avec le développement du tantrisme au cours du premier millénaire de notre ère, de nouvelles spéculations concernant l’immortalité voient le jour en Inde : certains veulent désormais rechercher l’immortalité du corps, tandis que d’autres tentent de réaliser la «délivrance en cette vie», sans attendre la disparition de leur corps, pour s’établir dans un état au-delà de la mort et de l’immortalité.
L’immortalité dans la Rome antique
Le terme latin immortalitas, atis (féminin) désigne au singulier l’immortalité et au pluriel (immortales) les êtres immortels, à savoir les divinités. Les divinités se distinguent ainsi des hommes par le fait qu’elles ne meurent pas. Toutefois, dans la pensée romaine ancienne, les hommes meurent-ils entièrement ou laissent-ils subsister une part d’eux-mêmes, qui serait alors immortelle? Si oui, cette part correspond-elle à l’âme? Est-ce que l’âme subsiste et change simplement de lieu de «résidence»? À en croire les sources écrites (littéraires et épigraphiques) et iconographiques, les réponses sont multiples, parfois contradictoires, souvent ambiguës, et relèvent de croyances personnelles en des doctrines philosophiques dérivées majoritairement de courants grecs. En fait, les Romains abordent généralement la question de l’immortalité par le biais de la mémoire et de la divinisation.
Saint Augustin et l’immortalité
La question de l’immortalité de l’âme est un thème récurrent en Occident dès l’Antiquité. Au cours des premiers siècles du christianisme, saint Augustin, évêque d’Hippone et Père de l’Église d’Occident, en a largement traité. Partant du contexte platonicien, où dominait l’idée selon laquelle l’âme est immortelle et éternelle, il s’est attaché à montrer combien l’essentiel, pour les chrétiens, était non pas tant l’immortalité de l’âme que la Résurrection.
Du Coran à la philosophie
Dans le Coran, il est dit que l’homme ressuscitera après sa mort pour connaître une existence sans fin, au paradis ou en enfer selon ce qu’il aura fait de son vivant. Des penseurs ont tenté de concilier cet enseignement avec une réflexion philosophique inspirée, notamment, de la pensée aristotélicienne. C’est ainsi qu’est née une éthique musulmane de l’immortalité, particulièrement complexe et interrogeant, entre autres, la nature de l’immortalité que peut atteindre l’homme.
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Pèlerinage à Angkor
Nimbée de rêves et de fantasmes, l’antique cité d’Angkor, au Cambodge, est devenue depuis la fin du XIXe siècle le terrain de jeux des explorateurs et des archéologues, avant de succomber au fléau de ces nouvelles hordes de pèlerins que sont les touristes. Et pourtant, celle que les anciens Khmers ont baptisée la « ville-capitale » n’a rien perdu de sa spiritualité. Au détour de ses temples ornés de mille figures de divinités ou d’apsaras (nymphes célestes), l’on sent encore palpiter l’âme d’un peuple dont les libations s’adressent aussi bien à ses génies locaux qu’au vénérable Bouddha.
Les religions du Kurdistan
Le Kurdistan présente une culture originale et ancienne. Parmi les spécificités les plus remarquables de la population kurde, on peut citer la diversité des religions qu’elle a pratiquées au fil des siècles. Aujourd’hui encore, les adeptes des divers cultes et croyances coexistent, même si l’islam est depuis longtemps majoritaire.