Au commencement était la Torah. Le dieu qui y est dépeint est un partenaire actif en constante interaction avec son peuple et ses élus. Dire que le dieu de la Bible est un dieu anthropomorphe est un lieu commun; non seulement il a une forme, mais il est aussi sujet à des émotions, il punit ou rétribue, en fonction du bien-fondé des actions de son peuple. La diversité des appellations divines dans la Bible peut sembler opposée au monothéisme. C’est qu’il ne faut pas confondre «dieu unique» et «dieu un».
Figurer le Christ de l’Antiquité au Moyen Âge
La représentation de Dieu dans le judaïsme
Représenter le divin et la sainteté en Islam
L’attitude de l’islam à l’égard de toute forme de matérialisation du divin et de la sainteté ne peut être comprise qu’en rappelant qu’il naît comme monothéisme dans le contexte polythéiste de l’Arabie antéislamique. Le panthéon arabe était alors dominé par une divinité suprême, Allah, mot signifiant «le dieu», auquel on attribuait trois filles, Allat, Manat et Al-‘Uzza, évoquées dans le Coran (sourate 53, v. 19-20). Le même terme venant à désigner le Dieu unique, il était d’autant plus essentiel de couper radicalement les liens avec les pratiques cultuelles existantes, parmi lesquelles on trouve la représentation matérielle des divinités.
Formes et matières d’un dieu incarné: les images du Christ à Rome (IIIe-IXesiècles)
L’Ancien Testament, livre commun aux trois religions monothéistes, contient un précepte clair sur les images: «Tu ne te feras aucune image sculptée de rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux là-haut, ou sur la terre ici-bas, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux ni ne les serviras.» (Deutéronome 5, 8-9). Pourtant, à la différence du judaïsme et de l’islam, le christianisme a vite admis la figuration de la divinité. L’Incarnation est la clé de ce choix : Dieu lui-même a en effet accepté la matière en décidant de revêtir un corps humain en la personne du Fils. Ainsi, au cours des premiers siècles de notre ère, tandis que des auteurs chrétiens s’interrogeaient encore sur la légitimité des images, de nombreuses figurations du Christ occupaient les espaces funéraires romains, puis les édifices de culte, devenant parfois même l’objet de pratiques de vénération.
La représentation du Christ pendant le haut Moyen âge (VIe-IXe siècles)
Le haut Moyen Âge constitue une période charnière dans l’histoire de l’art comme dans l’histoire politique et sociale. Il oscille entre continuité par rapport aux modèles hérités de l’Empire romain et innovation, en particulier à l’époque des souverains carolingiens. Les représentations du Christ au cours de cette période n’échappent pas à la règle: de l’art tardo-antique à l’art médiéval, les productions varient, divergent et se multiplient.
Le Christ dans l’art médiéval: entre Dieu et homme (VIIIe-XIVe siècles)
Comment a-t-on représenté le Christ, à la fois homme et Dieu, de la période carolingienne à la fin du Moyen Âge? Comment les artisans du Moyen Âge ont-ils entrepris de donner corps au divin, de le matérialiser en respectant le dogme de l’Incarnation? À travers ces représentations plastiques, c’est le jeu complexe des rapports entre visible et invisible qui se donne à découvrir.
Les images archéiropoïètes du Christ
Il existe, au sein de l’art chrétien, un type d’images d'un genre particulier en ce qu’elles seraient produites par la divinité elle-même, et non par des artistes ou artisans. On en connaît des exemples dès le haut Moyen Âge, et elles ne cessent ensuite de se développer à travers la chrétienté. Du Mandylion à la Véronique, ces images au destin parfois mouvementé sont l’objet d’un culte spécifique, tantôt local, tantôt universel.
L’image du Christ dans l’Orient byzantin
Figurer le Christ dans la Trinité
Comment le Christ est-il figuré au sein de la Trinité? L’est-il d’une autre manière que lorsqu’il est le sujet unique ou principal de la représentation, ou autrement que dans les scènes où il est la seule Personne divine parmi des humains ou des anges? A-t-il toujours la même allure à l’intérieur d’un même type iconographique de la Trinité? Ce genre de questionnement revient en fait à se demander si la figure du Christ change peu ou prou du fait de la présence dans l’image de l’une des deux autres Personnes divines ou des deux.
Le suaire ou l’impossible relique du Christ
Impossible d’évoquer les représentations du Christ sans songer au fameux linceul de Turin sur lequel apparaîtraient miraculeusement les traces de son visage et de son corps supplicié. Le saint suaire n’est certes pas la seule relique du Christ connue, mais, par son statut particulier, mi-relique, mi-image divine, il jouit d’une aura particulière.
Mettre en scène le Christ: le théâtre religieux
En parallèle des arts plastiques, le Moyen Âge introduit une nouvelle manière de représenter le Christ, de l’incarner au sens strict : la mise en scène théâtrale des épisodes des Évangiles. Ce théâtre lié au sacré a plusieurs facettes selon qu’il est l’oeuvre de religieux ou de laïcs. Même s’il n’est pas aisé de le connaître, on peut établir une liste des divers types de jeux ou drames produits alors, dans lesquels coexistent le souci pastoral et l’intention spectaculaire.
Les montagnes sacrées du Népal
Icare dans la mythologie grecque, les dieux himalayens résidant sur les plus hauts sommets du monde, Wakan Tanka ou le Grand Esprit se manifestant dans des collines d’Amérique du Nord, les divers types de constructions qui permettent à l’homme, mort ou vif, de se rapprocher de la voûte céleste en Europe, en Mongolie, en Amérique latine ou en Égypte… Autant d’exemples d’élévations, tant physiques que spirituelles, qui évoquent à la fois la cosmogonie et la notion d’axis mundi chère à Mircea Eliade.
La tentation du divin dans l’Antiquité
Les hommes mortels, dans l’Antiquité classique, prenaient garde à séparer leur destin de celui des dieux. Se prendre pour un dieu, afficher un pouvoir supérieur sur terre ou penser pouvoir infléchir sa destinée étaient, en effet, des actes de démesure. Mais à la fin de l’époque classique, avec les victoires des Macédoniens Philippe II puis Alexandre le Grand, les cités grecques perdirent leur place et, bien souvent, leur indépendance au profit des rois hellénistiques. Or, ces rois décidèrent d’instrumentaliser la religion pour asseoir leur pouvoir et s’attirer le loyalisme de leurs sujets. En s’arrogeant une image «divine», ils firent bouger la frontière entre homme et dieu.
Les Églises chrétiennes et les comédiens, partie II: de l’aube de la Renaissance à l’époque contemporaine
«Le spectacle, par lui-même, n’est point mauvais; on ne peut donc le condamner d’une manière absolue; mais il est plus ou moins dangereux suivant les circonstances et l’objet des pièces qu’on y joue […]. La profession des acteurs et des actrices, quoique généralement dangereuse pour le salut, ne doit pas être regardée comme une profession absolument mauvaise.» (Monseigneur Thomas Gousset, archevêque de Reims, Théologie morale à l’usage des curés et des confesseurs, Paris, 1844).
Un bouddhisme engagé?
Le bouddhisme est multiple, pluriel, divers et complexe. En Occident se côtoient désormais des moines cambodgiens et sri lankais, des lamas tibétains en exil et des bonzes de l’école Zen. Disparité des enseignements, juxtaposition des écoles. Pourtant, depuis quelques dizaines d’années, un nouveau courant prend une réelle ampleur, qui les traverse toutes : celui du bouddhisme engagé. Ce mouvement panbouddhique, qui n’est pas issu d’une école particulière et que l’on retrouve aussi bien en Orient qu’en Occident, exprime une position novatrice selon laquelle un bouddhiste peut ou, mieux, doit s’engager dans la vie politique, économique et civile afin de concrétiser un idéal de société juste et équitable, quitte, et c’est là l’une des nouveautés, à s’opposer aux structures établies.