Les «cathares» ont-ils existé? La question s’impose tant le mot est rarement attesté dans les sources du Moyen Âge. Aucun auteur médiéval du Midi ne l’utilise pour désigner les hérétiques languedociens. Dans aucun récit de la croisade albigeoise et dans aucun des milliers de protocoles de l’inquisition du XIIIe siècle, nous ne le rencontrons. Jusqu’à la première moitié du XIIe siècle, l’hérésie se présente comme un phénomène obscur. Seuls quelques rares hérésiarques sortent de la nébuleuse hérétique, supposée à la fois vaste et impénétrable. Mais un moine bénédictin rhénan, nommé Eckbert, va qualifier l’un de ces groupes dissidents d’un nom appelé à devenir célèbre dans l’historiographie: les «cathares».
Hérésies et Inquisition
L’invention des cathares
Une résurgence de l’hérésie au XIe siècle?
Tout au long du Moyen Âge, l’accusation d’hérésie fut strictement liée à la définition des dogmes chrétiens: on qualifiait d’hérétiques des théologiens dont les positions étaient réfutées lors des conciles. À partir du XIe siècle cependant, on observe un phénomène nouveau : les sources accusent d’hérésie des hommes et des femmes qui ne sont ni savants, ni même parfois identifiables, et dont les croyances restent fréquemment impossibles à retracer. La condamnation de ces individus, que les sources désignent quelquefois du nom de «manichéens» ou d’«ariens», peut s’accompagner d’une violence extrême, inconnue jusqu’alors. Comment expliquer ce phénomène? Faut-il penser à une résurgence de l’hérésie antique, comme on l’a cru pendant longtemps?
Pour une histoire renouvelée de l’hérésie médiévale
L’hérésie compte parmi les sujets les plus médiatisés de l’histoire médiévale. Dans les librairies, les rayons débordent d’ouvrages sur les cathares et sur l’Inquisition, et les films ou documentaires sur ces thèmes remportent le plus souvent un succès populaire. La plupart du temps, l’émotion imprègne le récit qui s’attarde sur le drame des hérétiques : le lecteur/spectateur est invité à s’apitoyer sur leur sort et à condamner leur persécution. Dans certains ouvrages romanesques inspirés par l’historiographie traditionnelle, les hérétiques (surtout cathares) apparaissent organisés selon une hiérarchie bien définie, suivant des croyances et des rites complexes, aujourd’hui méconnus et presque insaisissables… Ce mystère proclamé alimente les interrogations du public et assure la fortune de ce filon éditorial.
Peinture et liturgie : le pontifical d’Autun
Dans le cadre d’échanges culturels et scientifiques entre la ville d’Autun et le musée du Louvre, le musée Rolin convie le public à la découverte d’un manuscrit exceptionnel, le pontifical d’Autun. Art de l’enluminure, vie liturgique au XIVe siècle et incursion dans l’effervescente Bologne médiévale sont au programme de la visite.
La Sibylle de Tibur
Il est une petite ville à une trentaine de kilomètres à l’est de Rome, Tibur, l’actuelle Tivoli, qui fut l’un des lieux de séjour privilégiés des Romains au début de l’Empire. Le charme de l’endroit tient à la fraîcheur que l’on y trouve en été et, surtout, à la présence du temple dit «de la Sibylle» dans un décor grandiose et sauvage qui surplombe la gorge et les cascades de l’Anio.
La mort dans l’art (Moyen Âge - XVIIIe siècle)
La littérature médiévale a développé, depuis le XIIe siècle, deux attitudes opposées à l’égard de la mort. D’une part, l’acceptation sereine de cette issue ultime, d’autre part, la crainte, voire l’effroi face à elle. Ce dernier sentiment est surtout exprimé par les clercs qui cherchent à convertir les foules à la vie chrétienne. Dès le XIIIe siècle, alors que l’Église promeut la croyance en un Jugement collectif à la fin des temps, s’épanouit la figure du Cavalier de la mort qui, les yeux bandés, étripe au hasard ses victimes. Les grandes pestes qui éprouvent ensuite l’Europe, du XIVe au XVIIe siècle, réveillent la pensée de la mort et les peurs eschatologiques. Le macabre envahit de nouveau la littérature et les arts plastiques à travers différentes thématiques qui toutes manifestent l’émergence de la conscience d’un jugement individuel.
Grégoire le Grand (vers 540 - 604)
Grégoire naît à Rome vers 540, en un temps agité pour l’Italie du fait des invasions barbares. Au milieu du VIe siècle, l’empereur Justinien parvient à l’emporter définitivement contre les Ostrogoths, si bien que la péninsule italique réintègre l’empire. Cette paix, qui permet à Grégoire de recevoir une éducation soignée, est toutefois remise en cause dès 568 par l’incursion des Lombards qui s’étaient établis dans le Frioul, dans le nord-est de la péninsule, et entreprennent désormais avec succès la conquête de l’Italie.
Henri, schismatique et hérétique
L’hérétique Henri, dit aussi Henri de Lausanne à partir du XVIIIe siècle ou le moine Henri dans les historiographies allemande et italienne, est dit Henri «schismatique et hérétique» dans un traité écrit contre lui de son vivant qui vient d’être publié. Repéré au début du XIIe siècle dans la ville du Mans où sa prédication a suscité des troubles, il se fait surtout remarquer au cours du schisme d’Anaclet (1130-1138) et devient quelques années plus tard la cible de Bernard, abbé de Clairvaux, qui part en vain à sa poursuite dans le Toulousain entre 1144 et 1145. Puis Henri disparaît. Mieux connu aujourd’hui, le rôle du personnage apparaît déterminant dans l’évolution du regard porté par l’Église sur les hérétiques à une époque charnière de l’histoire de l’hérésie.
Le Midi hérétique : construction d’une image (vers 1140-1209)
La réforme ecclésiastique dite «grégorienne» qui a marqué le XIe siècle incarne le sacré dans des lieux, des objets et des images, et engendre un très net cléricalisme. Elle a suscité des dissidents qui opposent l’Évangile aux clercs et à l’Église, et refusent tout ancrage concret du spirituel dans la matérialité terrestre. Ce dernier caractère limite leur audience aux élites culturelles. Très minoritaires, des mouvements semblables mais sans liens organiques entre eux apparaissent au XIIe siècle en différents points de la chrétienté latine (Rhénanie, Lombardie et Occitanie). Pourtant, c’est seulement contre les dissidents du Midi toulousain, qu’on appelle les albigeois, qu’est lancée en 1209 la première croisade en terre chrétienne, la région étant considérée comme le foyer majeur de l’hérésie en Occident. Cette certitude repose sur une pluralité de facteurs et s’est construite en plusieurs étapes.
Saint-Gilles-du-Gard : une façade antihérétique dans le Midi?
La façade de l’église abbatiale de Saint-Gilles-du-Gard (seconde moitié du XIIe siècle) présente des scènes sculptées illustrant la passion du Christ jusqu’alors peu ou très rarement représentées dans l’art monumental. En 1922, Émile Mâle a proposé de lire les épisodes de la Crucifixion et de la Cène comme une réponse aux théories du prédicateur « hérétique » Pierre de Bruis accusé, entre autres, de refuser l’adoration de la Croix et de remettre en cause la validité de l’Eucharistie. Selon l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable, Pierre de Bruis aurait en effet trouvé la mort devant cette église, probablement vers 1120 : une foule indignée l’aurait saisi et jeté dans les flammes alors qu’il brûlait des crucifix, qu’il considérait comme de honteux instruments de torture indignes d’être vénérés.
Hérésies et répression inquisitoriale en Occitanie (vers 1230 - vers 1330)
La croisade albigeoise (1209-1229) eut pour prétexte le supposé pullulement de l’hérésie en Occitanie, dont on exagéra l’ampleur pour les besoins de la cause. Les effets de l’opération, cependant, furent géopolitiques et non religieux: ce fut la ruine de l’autonomie toulousaine. Au moment où les traités de Meaux et de Paris (1228 1229) mettaient fin à la guerre en consacrant l’entrée du Languedoc dans l’orbite capétienne, la prégnance des dissidences hérétiques demeurait à peu près inchangée dans la région. La conquête française allait toutefois modifier la donne. L’affaiblissement de la féodalité méridionale favorisa d’abord l’épanouissement des seigneuries d’Église jusqu’à permettre l’instauration de théocraties locales, comme celle de l’évêque d’Albi dans son diocèse.
Quand le Louvre consacre les arts de l’Islam
L’inauguration, le 22 septembre prochain, des espaces du Louvre dédiés aux arts de l’Islam, dans la cour Visconti, ouvre une grande page dans l’histoire du musée. Servi par une véritable vision architecturale et par une muséographie déployant 3000 oeuvres, un exigeant discours scientifique raconte la grandeur d’une civilisation et de ce qu’elle a produit. Éblouissant.
Akhenaton et la question monothéiste
Peu de pharaons ont fait couler autant d’encre qu’Akhenaton (vers 1375- vers 1354). Pourtant, le dixième pharaon de la XVIIIe dynastie, qui fut l’initiateur d’un véritable séisme religieux, n’a laissé pratiquement aucun texte ou inscription. Mais ce fils d’Amen-hotep (ou Aménophis) III, qui prit sa succession sous le nom d’Amen-hotep IV avant d’en changer pour celui d’Akhenaton, est considéré comme le premier souverain monothéiste de l’histoire parce qu’il a imposé Aton, le disque solaire, comme seule divinité. C’est cette question très débattue qui a fait sa célébrité.
Les derviches tourneurs : une tradition mystique
Qui sont les derviches tourneurs? Si l’Occident ne connaît bien souvent de ces soufis que la danse tourbillonnante et le vêtement traditionnel, la réalité de la confrérie à laquelle ils appartenaient est bien plus riche. Perpétuant la mémoire et l’enseignement d’un père fondateur au charisme exceptionnel, ils ont traversé les siècles en développant une quête mystique dont l’amour, l’art et la ferveur religieuse sont les ingrédients premiers.