Réduisant souvent le chiisme au système politique des mollahs au pouvoir en Iran depuis la révolution islamique, l’opinion publique semble oublier que cette religion a constitué, depuis toujours et dans toute sa diversité, une des traditions les plus décisives et les plus riches de l’islam sur les plans spirituel et intellectuel. Le présent dossier tente d’y remédier avec rigueur, clarté et érudition en présentant quelques aspects parmi les plus pertinents de cette religion aussi complexe que méconnue.
L’Islam Chiite
L’Islam Chiite. Entre sagesse mystique et tentation politique
Chiisme locaux, chiisme global
L’Iran est le seul pays où le chiisme est religion d’État, depuis la dynastie safavide, au XVIe siècle. Il est en outre celui où le chiisme, très majoritaire, est le mieux représenté au sein de la population (entre 90 et 98% selon les estimations). Enfin, il est le premier pour sa contribution à l’ensemble démographique des chiites. Toutefois, au sein de la population totale des chiites dans le monde, les Persans, et encore moins les Arabes, ne sont pas les plus nombreux : ce sont les autres qui l’emportent, à cause du poids du Pakistan (où ils constituent entre 15 et 20% de la population), puis de l’Inde, de l’Azerbaïdjan, de l’Afghanistan, etc., sans parler de communautés plus réduites dispersées de l’Afrique jusqu’en Chine et des chiites de la diaspora.
L’ésotérisme chiite, entre philosophie et gnose
Henry Corbin qualifiait le chiisme comme « le sanctuaire de l’ésotérisme de l’Islam ». Axés sur l’enseignement des imams dévoilant le sens profond et caché (batin) de la lettre des révélations prophétiques, la plupart des courants chiites ont en effet élaboré des cosmologies et des sotériologies complexes. Les philosophies et les systèmes gnostiques de l’Antiquité tardive s’y imbriquent en une nouvelle synthèse qui se présente comme une lecture ésotérique du Coran.
Le chiisme dans l’Iran contemporain
Profondément légitimiste et purement arabe au départ, l’islam chiite a été très tôt influencé par des traditions iraniennes. Implanté sur le plateau iranien dans quelques isolats, il ne s’y est imposé comme religion officielle qu’au XVIe siècle. C’est en Iran qu’il a ressurgi de manière inattendue, en 1979, comme idéologie d’un grand mouvement révolutionnaire. Pourquoi ce succès dans un pays considéré, grâce notamment à la dynastie pahlavie (1925-1979), comme moderne, largement sécularisé et occidentalisé?
Poitiers célèbre l’âge roman
La cité poitevine a décidé en 2011 de mettre à l’honneur son riche patrimoine artistique et historique médiéval en valorisant plus particulièrement la période romane (Xe-XIIe siècles). Le musée Sainte-Croix, aux collections fort diverses, propose dans ce cadre une exposition appelée à dépoussiérer notre perception de « l’âge roman ».
Fra Angelico, entre religion et humanisme
Quelle fut la place de Fra Angelico, le moine-peintre, en ce début de XVe siècle florentin agité par une véritable révolution culturelle et artistique? N’était-il pas à contre-courant avec ses œuvres religieuses aux ors gothiques? À travers la présentation d’un choix de peintures du maître et de ses contemporains, l’exposition du musée Jacquemart-André propose de replacer dans son temps le premier des «maîtres de la lumière».
Les animaux sacrés des Gaulois
Quels étaient les animaux vénérés par les Gaulois et, plus généralement, les Celtes? Les sources épigraphiques, les textes de l’Antiquité classique, les vestiges archéologiques, la numismatique et l’art témoignent tous de la place importante occupée par les animaux dans les croyances celtiques. Élevés pour servir à l’alimentation, source de prospérité, ils étaient également honorés aux côtés des dieux. Dans l’univers gaulois, l’animal garantissait un équilibre à la fois alimentaire, religieux et guerrier.
Le polythéisme grec
Les hommes n’ont pas toujours cru à un Dieu unique, premier et créateur. Dans l’Antiquité grecque, la religion était polythéiste car elle foisonnait de puissances divines qui se complétaient pour tisser un merveilleux réseau de protection autour des hommes des cités.
La Sainte Mort et ses dévots
La vallée de Mexico est depuis quelques décennies le cadre de nouvelles pratiques religieuses originales centrées sur la figure de la Santa Muerte, la Sainte Mort, entité présentant les traits d’une figure squelettique féminine encapuchonnée et dotée d’une faux. Si certains s’interrogent sur les sources possibles de ce culte inédit au succès grandissant, il est certain qu’il est intrinsèquement lié au lieu et au milieu qui l’ont vu naître et croître.
Croyances et coutumes en Iran chiite
Héritier d’une longue histoire, l’Iran est parvenu à conserver l’essentiel de son identité culturelle tout en assimilant des populations et des cultures qui ont eu une influence durable sur sa composition ethnique, linguistique et ses modes de vie. La dernière influence, venue d’Europe, s’est exercée durablement sur la culture traditionnelle : peinture, littérature, adoption des techniques audio-visuelles, photographie (daguerréotypie depuis les années 1840), télégraphe, cinéma (depuis 1900), téléphone, radio, télévision, informatique, Internet, téléphonie mobile… Comme l’a montré l’histoire récente, l’influence des nouvelles technologies est restée, malgré des réajustements, importante sous la république islamique.
La mystique : confréries soufies et école shaykhie
Le surinvestissement du champ politique par le clergé chiite depuis quarante ans en Iran, en Irak et au Liban tout particulièrement, éclipse souvent certains courants de pensée importants de la pensée chiite duodécimaine. Ainsi les confréries soufies et l’école théologico-mystique shaykhie restent-elles relativement méconnues. Ces courants ont en commun la large place accordée à la mystique et à l’enseignement ésotérique des imams historiques en dépit de différences d’interprétations profondes. C’est certainement au cours de la seconde moitié du XIXe siècle que ces écoles de pensées furent les plus influentes, à une période où le clergé rationaliste (usuli) poursuivit son évolution. La hiérarchisation de ce dernier continua de se former autour de la maîtrise de l’ijtihad (l’effort d’interprétation personnel du docteur de la Loi) et le droit (fiqh) devint la clef de voûte de l’enseignement religieux.
Herméneutique et philosophie
Le chiisme, qu’il soit ismaélien ou duo décimain, a une conception de la révélation coranique, de la nature de l’univers et de l’histoire humaine qui le prédispose à une attitude philosophique. L’interprétation, le dévoilement du sens caché des phénomènes constituent les fondements de la quête de la vérité globale par laquelle le vrai fidèle accède au vrai sens de la religion, mais aussi au vrai sens de la vie morale et à son salut. Guidés par l’enseignement des imams, ce goût pour l’étude, l’exégèse et la curiosité intellectuelle qu’aiguise une telle valorisation de la science ont trouvé un allié précieux dans les sciences philosophiques. Bien que les penseurs chiites n’aient jamais concédé aux philosophes l’autorité suprême, qui n’appartient qu’à la tradition prophétique et à l’enseignement des imams, ils ont trouvé leur bien dans la philosophie.
Les femmes, du statut juridique aux figures marquantes
La république islamique instaurée en Iran en 1979 a tenté de façonner la vie sociale et politique du pays selon le modèle religieux de la charia, qui a inspiré l’écriture de la Constitution du pays ainsi que des codes civil et pénal, abaissant le statut de la femme bien en-dessous de celui de l’homme et la privant de certains droits fondamentaux. Toutefois, malgré le caractère patriarcal du régime, les changements apportés par la révolution ont aussi paradoxalement élargi le champ d’action des femmes. À travers le militantisme féministe, la littérature, le cinéma et l’exégèse, quelques figures féminines iraniennes se dressent aujourd’hui pour dénoncer l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques et montrer que la place des femmes iraniennes au XXIe siècle est aux côtés des hommes et non à leur service. Elles affirment qu’une réinterprétation contextuelle et historique du Coran est nécessaire à l’établissement d’une société plus juste.
La douleur rédemptrice
En ce début de XXIe siècle, la douleur physique que nous subissons du fait de la maladie ou de l’accident est de moins en moins acceptée et de plus en plus combattue. Enfanter dans la douleur n’est plus une fatalité et l’obstétrique dispose aujourd’hui de nombreux moyens pour alléger ou supprimer la souffrance des parturientes. L’usage, en chirurgie comme en médecine, de morphine et d’autres antalgiques s’est libéralisé. Parallèlement, la torture, de plus en plus condamnée, est devenue crime contre l’humanité. Les souffrances et les privations que l’on pouvait s’infliger au nom de la religion sont désormais exceptionnelles. Que la douleur soit l’ennemi nous semble aujourd’hui normal, sinon naturel; c’est oublier que l’Occident a longtemps cru à sa vertu rédemptrice et que nombre de sociétés, en particulier celles de la Mésoamérique précolombienne, ne se sont pas contentées de l’accepter mais l’ont aussi recherchée. Face à la douleur subie et condamnée, c’est de la douleur infligée – à autrui comme à soi – et valorisée dont il est alors question.
Les rituels autour des portes
Le seuil et la porte d’un édifice religieux ou d’une demeure privée ainsi que les portes de la cité ont été considérés comme des espaces sacrés dans toutes les civilisations, et des rituels extrêmement codifiés entouraient leur franchissement.
Les catéchèses de Jerusalem: Cyrille et Jean II
Cette fiche du cycle de découverte des Pères de l’Église n’est pas consacrée à une personnalité marquante de l’Église ancienne. Exceptionnellement, il s’agira d’une collection d’homélies qui doit sans doute être répartie entre deux auteurs. Notre connaissance des documents de l’Antiquité chrétienne est dépendante de la tradition manuscrite, de ceux qui ont eu à coeur de demander la copie d’ouvrages qu’ils souhaitaient posséder ou diffuser, et qui ont pu financer ou faire financer un tel travail.