Morale et politique

Morale, éthique et politique

par Paul Ricoeur

Etait-il judicieux de proposer à la réflexion un rapport à trois termes morale, éthique et politique , plutôt que le classique rapport binaire : morale et politique ou, équivalemment, éthique et politique ? Oui, je le pense. La distinction entre éthique et morale ne se justifie pas seulement sur le plan personnel, mais, comme je vais essayer de le montrer, sur le plan institutionnel également, et plus précisément sur celui des institutions politiques.

Citoyenneté et engagement moral

par Paul Thibaud

La vertu civique est un grand thème historique et littéraire : mourir pour la patrie reste dans les livres le sort le plus beau. Au long des millénaires, les mots pour louer ce sacrifice n'ont même pas changé. Churchill a parlé des pilotes disparus de la RAF dans les mêmes termes (their finest hour) que Périclès des morts de la guerre du Péloponnèse (« le zénith de leur vie »).

Morale publique et morale privée dans le libéralisme

par Lucien Jaume

L'interrogation sur les rapports entre la morale et la politique retrouve une grande acuité en France sous la Restauration, avec l'apparition des courants libéraux. En effet, après la phase jacobine de la Révolution et les pratiques policières de l'Empire, l'un des objectifs du libéralisme réside dans l'assurance de la séparation entre le public et le privé, en vue de la protection de ce dernier. Ce souci suscitait inévitablement la question de la place de la moralité : est-ce que le gouvernement moderne, représentatif, appelle une morale officiellement reconnue, puisqu'il exprime et signifie la liberté des individus ?

L’arme de la morale en République

par René Rémond

De son enfantement difficile à sa disparition dans le désastre qui foudroya ses armées, la République, troisième du nom, n'a cessé d'entretenir des relations ambiguës et relativement étroites avec la morale. Ses fondateurs eurent l'ambition sincère d'instaurer une nouvelle morale plus conforme à l'esprit moderne et leur projet politique puisa une part de son inspiration dans l'intention de moraliser le civisme.

La morale entre droite et gauche

par Jean-François Sirinelli

On connaît l'observation d'André Siegfried dans son Tableau des partis en France : « L'essentiel de notre politique se dispute autour de principes ». A la même époque, l'historien Charles Seignobos faisait une analyse proche, soulignant qu'à travers le clivage droite-gauche se profilaient « deux conceptions inconciliables de la vie sociale et politique ». Une telle analyse, pour lapidaire qu'elle soit, suggère pour notre sujet une première piste, celle des cultures politiques. Les valeurs qui sous-tendent une société et les normes qui y balisent le comportement collectif constituent, en effet, l'un des ingrédients de ces cultures politiques, précipités complexes où viennent s'amalgamer idéologies et sensibilités.

Les principes et les contraintes

par Alain Bergounioux

L'opposition entre les principes et les contraintes est aussi vieille que la politique. La question a été traitée de toutes les manières et formulée sur tous les tons. Vouloir y ajouter un commentaire risque au mieux d'apporter une variation de plus, au pire d'apparaître une répétition inutile.

L’argent et la politique

par Yves Mény

Le monde de l'argent et celui de la politique, dans les pays développés, présentent beaucoup de points communs. L'un et l'autre tendent d'une certaine façon et chacun à sa manière à distendre le lien social : l’État en assumant de plus en plus les tâches et les services offerts à l'individu au détriment des structures familiales, communautaires, sociales (éducation, santé, loisirs, etc.) ; le marché en « monétarisant » l'échange , de telle sorte que, comme le souligné Max Weber : « La communauté de marché, en tant que telle, est le plus impersonnel des rapports de la vie pratique dans laquelle les hommes peuvent se trouver ; [...] Le marché est en opposition complète avec toutes les autres communalisations, qui présupposent toujours une fraternisation personnelle. »

Le machiavélien et le moraliste

par Claude Gautier

Clemenceau : de la conviction à la responsabilité quelques hypothèses de lecture

La politique du soupçon d’immoralité : comparaisons franco-américaines

par Denis Lacorne

La politique américaine, par sa genèse, s'inscrit dans un nouvel ordre moral républicain, fort bien décrit dans la correspondance révolutionnaire de John Adams, l'auteur célèbre de Thoughts on Government, et le futur président des Etats-Unis. Comme tout lecteur attentif de Montesquieu, John Adams sait que la vertu est le ressort fondamental d'une république.

L’intervention morale de l’Eglise en politique

par Gérard Defois

Des cycles constitutionnels et de la VIe République

par Marc Guillaume

Dans son précis de droit constitutionnel de 1929, le doyen Maurice Hauriou formulait sa théorie des cycles constitutionnels faisant se succéder « 1° Une période révolutionnaire de gouvernement des assemblées ; 2° Une période consulaire ou impériale de dictature exécutive... ; 3° Une période parlementaire. » Ainsi, pour le doyen de la Faculté de Toulouse, un premier cycle prend place de la Révolution à 1848, avec la domination de l'Assemblée jusqu'en 1799, puis celle de l'Exécutif de 1799 à 1814 et une phase d'équilibre parlementaire de 1814 à 1848. Un second cycle débute alors, avec un gouvernement d'Assemblée de 1848 à 1851, un gouvernement présidentiel de 1851 à 1870 et une phase d'équilibre débutant en 1870.

Réflexions sur la notion de transition démocratique en Europe centrale et orientale

par Christian Bidegaray

1993 : le lecteur d'Europe occidentale n'ose plus ouvrir son journal. Il n'y est question que de massacres inter-ethniques, de renouveau de la guerre des Balkans, d'insurrections armées, de devoir d'ingérence, de retour en puissance des communistes, etc. Comment ne pas s'étonner qu'en trois ans les espoirs immenses qui accompagnaient la chute du mur de Berlin et de la « maison Russie » se trouvent anéantis par le retour du refoulé et l'exacerbation de F « Europe des tribus » ?

1992 : les crises de confiance

par Elisabeth Dupoirier, Gérard Grunberg

La crise de confiance à l'égard du pouvoir et du Parti socialiste a atteint en 1992 un seuil critique. Cette crise a nourri et s'est nourrie de plusieurs autres crises : crise plus générale de la représentation, pessimisme en matière de perspectives économiques et sociales, angoisses devant le désordre international, les guerres, et les incertitudes liées à l'accélération de la construction européenne et à l'ouverture des marchés. Cet ensemble de crises a contribué fortement à mettre en péril, le 20 septembre, la ratification des accords de Maastricht par le peuple français.

Lettre de Moscou - La constitution introuvable

par Marie Mendras

L’État de Russie traverse une période aussi dangereuse que l’État soviétique en 1989-1991. En dépit d'une bruyante activité, les institutions politiques ne fonctionnent pas. Les parlementaires se réunissent et votent des lois, le Président Eltsine signe des oukazes, le Gouvernement élabore des politiques. En réalité, le pays leur échappe et les décisions prises à Moscou se perdent dans la confusion générale. L'immensité d'un territoire qui s'étend sur dix fuseaux horaires n'est que l'un des facteurs de la paralysie du pouvoir central. En témoigne la ville de Moscou qui résiste aussi aisément aux directives étatiques que l'île de Sakhaline dans le Pacifique.

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