C'est toujours un plaisir de rencontrer David Cronenberg qui analyse ses films avec la même précision dont faisait preuve le scalpel dans les mains des jumeaux chirurgiens de "Faux-Semblants". La personnalité du cinéaste est si forte, son univers si aisément reconnaissable, que l'on ne mesure pas assez l'étonnante variété de ses films qui explique en partie les polémiques et les différences d'opinion qu'ils suscitent. Cronenberg, en effet, ne cesse de provoquer, de dérouter, mais sur un fond de conviction profonde, d'engagement ardent. Il est normal, en ce sens, que cet ennemi du conformisme, ce moraliste, s'en prenne à la Mecque du cinéma dans "Maps to the Stars" (son 21e film), tout en s'inscrivant dans la droite ligne des représentations les plus sombres d'Hollywood, mêlant humour noir, satire sociale et atmosphère gothique. Avec ce nouveau film, qui est le sujet du dixième entretien qu'il nous a accordé, il se renouvelle une fois de plus tout en s'entourant de ses collaborateurs habituels, le chef opérateur Peter Suschitzky, la directrice artistique Carol Spier et la costumière Denise Cronenberg.
Les 100 ans de Charlot
David Cronenberg : Maps to the Stars
Diao Yinan : Black Coal
Cinéaste de la sixième génération, Diao Yinan observe son pays, la société chinoise et le fonctionnement de ses institutions dans tous ses aspects. Ses personnages sont des solitaires, destabilisés, perdus, endossant parfois une identité qui n'est pas la leur, tels qu'on peut les saisir dans "Uniform", son premier film, "Train de Nuit", présenté à Cannes en 2007 (Un certain regard) et sorti en France et enfin "Black Coal" qui a triomphé au dernier festival de Berlin. Mais à travers certains codes du genre policier, ce dernier film travaille davantage sur le plan émotionnel, et s'exprime au moyen d'une esthétique flamboyante, même dans la grisaille d'une ville de province sans séduction.
Pascale Ferran : Bird People
Il nous faut ici, une fois n'est pas coutume, avertir le lecteur : il serait fort dommage de lire la critique et l'entretien qui suivent sans avoir vu Bird People. Certes, il est entendu qu'il est toujours préférable de découvrir une oeuvre d'art sans rien, ou peu, en savoir. Eh bien cette loi, si on peut l'appeler ainsi, vaut davantage encore ici que d'habitude ! Ce n'est pas que la dernière oeuvre de Pascale Ferran, la réalisatrice de "Petits Arrangements avec les morts" (1994) et Lady Chatterley (2007) repose sur un coup de théâtre ou autre twist scénaristique. Non, c'est plutôt que Bird People s'offre comme un hymne au possible, une ode à la disponibilité d'âme, un film ouvert à tous les vents. Et qu'afin d'en être saisi, comme nous l'avons été, c'est-à-dire au plus intime, c'est-à-dire au plus profond, il est recommandé d'être soi-même disponible, prêt à toutes les expériences, à tous les événements. Courez-y donc pour, revenir à ces pages. Croyez-nous, vous ne serez pas déçu.
The Homesman : étendue et profondeur
Pour une fois, ils sont d'accord : en américain comme en anglais, selon Oxford comme selon Cambridge, homesman n'appartient pas au lexique. Néologisme ou emprunt au parler de la Frontière, ce vocable sert de titre au roman de Glendon Swarthout qu'adapte Tommy Lee Jones: en français "Le Chariot des Damnées". Le film montre que le homesman est le guide du retour vers l'Est, mais son nom contredit les réalités de l'histoire: il évoque des foyers, dont personne ne dispose, et un individu masculin, alors que c'est une demoiselle qui est d'abord chargée d'assurer le passage de trois folles vers la maison où l'on prendra soin d'elles.
Le cinéma vietnamien et ses contradictions
Si le premier long-métrage parlant vietnamien tourné au Vietnam, "Le Champ des Morts", date de 1937, "Un soir sur la rive de Mékong" en 1940 a été l'un des premiers grands succès et un des derniers films de la production nationale avant la Seconde Guerre Mondiale.
Les 100 ans de Charlot
Pour commémorer la naissance filmique de Charlot, célébrée notamment par le festival de Bologne et Arte Edition Vidéo, Positif propose son troisième dossier Chaplin. Après ceux de juillet-août 1973 (n°152-153) et septembre 2002 (n°499), ce dernier offre des éclairages différents sur l'interprétation de l'oeuvre - des débuts ou de la maturité - et sur deux projets qui n'ont pas abouti et furent néanmoins importants pour le cinéaste. On trouvera également le témoignage d'un poète très impliqué dans la gauche américaine avec qui Chaplin entretenait de nombreux liens, avant de se voir interdit du territoire américain pendant 20 ans.