Alors qu'à un certain stade de leur carrière, après deux Palmes d'or, on aurait pu craindre que Jean-Pierre et Luc Dardenne se reposent sur leurs lauriers, ou se contentent d'exploiter un filon érigé en système, ils ne cessent à chaque film d'explorer de nouvelles voies, tout en étant fidèles à leur exigence créatrice. Dans "Deux jours, une nuit", ils construisent plus que jamais un récit implacable, bâti sur le suspense d'un compte à rebours. Comme avec Cécile de France dans "Le Gamin au vélo", ils font appel à une actrice célèbre, Marion Cotillard, pour la fondre dans l'authenticité de leur univers. Et, même la progression narrative est essentielle, ils ne font aucune concession susceptible d'entraver l'intégrité de leur regard sur le monde, la force intrinsèque de leurs personnages, la chorégraphie humaine qui anime leur mise en scène. Les frères s'en expliquent avec générosité et clairvoyance dans le nouvel entretien qu'ils nous ont accordé.
Cinéma et bande-desinée
Deux jours, une nuit : L’affaire humaine
Dans la cour, ça résonne drôlement bien
Positif aime Catherine Deneuve depuis longtemps. Au fil de son incroyable carrière, elle a fait la couverture de la revue avec "Liza" de Marco Ferreri (n°139, juin 1972), "Généalogies d'un crime" de Raoul Ruiz (n°434, avril 1997), "8 femmes" de François Ozon (n°492, février 2002) ou "Répulsion" de Roman Polanski (n°581-582, juillet-août 2009). Mais jamais encore la comédienne ne nous avait accordé d'entretien. Le manque est réparé avec "Dans la cour", son premier film pour Pierre Salvadori, comédie dépressive qui glisse avec grâce de l'humour à la gravité. Face à l'ursidé bonhomme Gustave Kervern, Deneuve prouve une nouvelle fois sa capacité à se fondre dans des univers hétérogènes et à s'incarner dans l'imaginaire des cinéastes français les plus ambitieux, elle qui brillait encore l'an dernier dans l'étonnant "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot.
64e berlinale
L'organisation de la Berlinale avait confié cette année la responsabilité du palmarès à un jury qui ne cédait pas à la renommée la plus médiatique. La présidence était délivrée à James Schamus, producteur entre autres d'Ang Lee et Todd Solondz. Il était entouré de sa consoeur Barbara Broccoli, oeuvrant à la réussite des derniers James Bond, des actrices Trine Dyrholm, Greta Gerwig, des acteurs Tony Leung Chiu-Wai, Christoph Waltz, et des cinéastes Mitra Farahani et Michel Gondry. Chacune et chacun étant connu d'une cinéphilie internationale plus ou moins avertie, ils ont fait preuve d'un grand discernement dans l'attribution des récompenses.
Du rouge dans le cadre - Sur les derniers films d’Ozu
En 1957, six ans avant sa mort, Ozu adopte la couleur. Pour un cinéaste aussi pointilleux, soucieux du moindre détail à l'image, dont les plans sont composés avec une maitrise sans faille, et qui, dans les années 30, mit si longtemps à passer du muet au parlant, ce n'est pas une décision anodine.
36 vues du mont Ozu
Yasujiro Ozu a des airs de mont Fuji. Son art incarne le cinéma japonais, et au-delà une certaine idée du Japon tout entier. En 2013, on commémorait les cinquante ans de sa disparition, or il n'a jamais été aussi présent.
Alain Resnais, c’est la première fois qu’il nous fait de la peine
Rarement journée fut aussi émouvante, belle et éclairante que celle consacrée à la disparition d'Alain Resnais, ce lundi 10 mars 2014
Dossier : cinéma et bande-dessinée
Depuis notre précédent dossier sur le sujet (n°305-306, juillet-août 1986), les liens entre cinéma et bande-dessinée se sont considérablement resserés, pour le meilleur et pour le pire. Le programme de production des studios hollywoodiens déborde d'adaptations de comic books au succès presque toujours garanti, de "Superman" à "Spider-Man" et "Iron Man", de "Captain America" aux "Avengers", "X-Men" et autres "Fantastic Four"....
Charlot héros dessiné
Plusieurs des grandes figures du cinéma burlesque américain ont connu une "seconde carrière" dans la bande-dessinée, soit à l'époque où elles triomphaient à l'écran - "The Lively Larks of Harold Lloyd" parait en Angleterre dès 1928, les "Mésaventures" de Laurel et Hardy sont animées en France par Mat en 1934, en Angleterre par George Wakefield de 1930 à 1942-, soit de façon plus tardive: Larsen E.Pettifogger, personnage récurrent du "Wizard of Id" de Johnny Hart et Brant Parker(1964), est une caricature de W.C. Fields; en 2006, François Ayroles donne au protagoniste d'Incertain Silence les traits et l'impassibilité de Buster Keaton. Toutefois, Chaplin doit être distingué par la précocité des adaptations, par le fait que des versions différentes de ses aventures sont proposées dans de nombreux pays (je n'évoquerai ici que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France) et par sa longévité comme personnage dessiné, en particulier dans notre langue.
Bava le diabolik
"Mon seul film à gros budget, c'était Danger : Diabolik ! On disposait d'une avance d'un milliard et demi : j'ai fini par ne dépenser que 200 millions de lires (...) " (Entretien avec Mario Brava, Positif n° 138, mai 1972)
L’auto-adaptation selon Satrapi, Sfar, Abouet et Oubrerie
Depuis Persepolis (2007) et Poulet aux Prunes (2011) de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, on ne compte plus les auteurs de bande dessinée passés à la mise en scène de cinéma - en animation ou en prise de vue réelle, voire en essayant les deux -, adaptant un scénario original (Riad Sattouf, "Jacky au pays des filles, 2014")