Chine : culture en jeu

Une fissure lézarde l’énorme paquebot. Puis le Titanic se brise au niveau des majestueuses cheminées, laissant voir ses entrailles. Les passagers glissent sur le pont et s’accrochent au bastingage tandis que, dans la nuit noire, la poupe du navire s’enfonce lentement dans l’océan glacial. Cette catastrophe, le dessinateur suisse Christian L. Scheurer l’a représentée sous d’innombrables variantes avant qu’elle convienne au goût du drame hollywoodien.

Structuré comme un manège d’images, Compass permet de s’orienter dans le foisonnement de la création culturelle de Suisse. Cette nouvelle plateforme de promotion sur Internet présente en mots, en images et en sons une sélection actuelle de concerts, de films, d’expositions, de lectures ainsi que de productions de théâtre et de danse de créateurs suisses. Il s’agit de productions soutenues par Pro Helvetia et convenant à des tournées.

Qui ébranlera le monde de l’art dans les années qui viennent ? Pour sa série des Cahiers d’Artistes, Pro Helvetia est toujours à l’affût d’artistes prometteurs dont les oeuvres surprennent et séduisent par leur originalité. La Fondation suisse pour la culture a reçu 220 candidatures pour la série actuelle ; elle a sélectionné sept artistes et un duo qui, grâce aux Cahiers d’Artistes, se verront donc offrir leur première publication.

Petite mais raffinée, telle est la Biennale internationale de musique contemporaine Les Amplitudes : elle se déroulera ce printemps pour la quatrième fois à La Chaux-de-Fonds. A chaque édition, le festival braque ses projecteurs sur un compositeur international – cette année, sur Jacques Demierre, musicien, compositeur et poète sonore. Avec d’autres musiciennes et musiciens, il investira diverses salles de concert durant les six jours que dure le festival.

Airport Kids, une pièce de théâtre documentaire, présente en quelques scènes la vie de nomades modernes : enfants de réfugiés et de cadres de multinationales, ils racontent leur monde aux adultes. Un jeu quelque peu ambigu, entre réalité et fiction.

Quand un Suisse conçoit à Linz le programme de la capitale européenne de la culture 2009, qu’en résulte-t-il ? Le directeur artistique Martin Heller découvre des rituels extrême-orientaux et les écueils de l’interculturalité.

Comment la scène indépendante du cinéma et du théâtre peut-elle survivre entre consommation et censure ? Quelles possibilités ouvrent les échanges culturels entre la Suisse et l’Empire du milieu ? Quelles sonorités la musique pop chinoise produit-elle ? Et pourquoi l’art contemporain de Chine est-il aux prises avec la crise ? Sept auteurs d’Orient et d’Occident proposent quelques aperçus sur l’actuelle scène culturelle chinoise.

Pro Helvetia a inauguré en octobre 2008 son programme culturel Swiss Chinese Cultural Explorations en donnant à Shanghai le Songe d’une nuit d’été, sur une chorégraphie de Heinz Spoerli. C’était le premier de toute une série de projets sinosuisses. Claudia Porchet s’est entretenue avec Angela Wettstein, responsable du programme Chine de Pro Helvetia, de ce que les échanges culturels avec l’empire du Milieu peuvent avoir d’enrichissant et de difficile.

En Chine, le milieu indépendant du film documentaire et des performances est dans sa prime jeunesse et doit lutter contre la censure et la production commerciale. L’artiste indépendant Wu Wenguang a créé près de Beijing un studio où cinéastes et gens de théâtre peuvent travailler sans contrainte et s’insérer dans un réseau international.

Une nouvelle génération d’artistes conceptuels est en passe d’insuffler un regain de vie au milieu chinois de l’art contemporain. Dans ce climat d’après prospérité, ils réinventent des pratiques artistiques qui dépassent largement le cadre réservé aux oeuvres sociopolitiques reconnues et encouragées par le système dominant.

Extraits du journal d’Arno Camenisch

En Chine, les influences étrangères, sur la scène musicale pop et rock, étaient naguère enrichissantes et fécondes. Le rock chinois débordait d’idées rebelles. Avec la propagation d’Internet et les shows de stars à la TV, le tout-venant commercial s’est imposé dans l’Empire du Milieu, comme partout. Tel est le bilan lucide du critique musical chinois Sun Mengjin.

Quel rôle joue la culture en Chine ? Mark Siemons diagnostique dans ce pays une nouvelle espèce d’industrie culturelle, qui interprète la volonté du peuple comme la volonté des consommateurs, et s’entend même à commercialiser la critique de la culture comme un label artistique.

Muhai Tang est le chef d’orchestre et directeur artistique de l’Orchestre de chambre de Zurich. Ce musicien mondialement reconnu est originaire de Shanghai et vit depuis quatre ans en Suisse, « un paradis peuplé d’habitants un peu trop frileux ».

Les photographies reproduites dans ces pages sont extraites des cycles 13 mois dans l’année du chien (2006) et Victime (2007). Dans ses photos, le duo d’artistes s’intéresse à la réalité telle qu’elle est transmise par les médias et met en scène certaines informations empruntées à la presse quotidienne chinoise.

Rien moins que l’amour de l’art, voilà ce que les nouveaux directeurs du Centre culturel de Pro Helvetia à Paris veulent transmettre. Les codirecteurs Olivier Kaeser et Jean-Paul Felley se sont présentés au public en mars.

Alerte, impertinent, moderne : le Swiss Institute est l’enseigne d’une Suisse inventive, ouverte au monde, en plein New York.