Culture : en attendant le crash

Avec El final de este estado de cosas, redux, puisant dans la Bible comme chez Coppola, outrepassant le compás du flamenco qu’il nourrit d’autres apports, Israel Galván se révèle un danseur apocalyptique. Dans tous les sens du terme. Sur la ruine d’un monde qui s’effondre, il nargue la mort en exorciste.

Le « groupe » du Théâtre du Vertige, fondé à São Paulo au début des années 1990, investit des lieux inhabituels pour faire parler le théâtre que les villes portent en elles. Rencontre avec son metteur en scène, Antônio Araújo, à l’occasion d’un rare passage en France, où son travail n’a encore jamais été montré.

L’artiste Richard Hamilton, figure tutélaire du Pop art anglais, est de ces mémoires vivantes qui portent un regard amusé sur la réception de Marcel Duchamp, sur l’art en général et le sien en particulier. A l’heure où paraît en français le recueil Le Grand Déchiffreur, retraçant ses intenses échanges avec Duchamp, il revient sur sa relation avec le père de l’art contemporain.

On les compte sur les doigts d’une main, les femmes clowns reconnues. Emma la clown – mi-Auguste, mi-clown blanc – en fait partie. Avec elle, la comédienne Meriem Menant s’offre depuis près de 20 ans un immense espace de liberté, explorant l’Afghanistan, la science, ou encore la psychanalyse.

Depuis plusieurs années, Joris Lacoste met les formats en tension. Pour mettre à l’épreuve l’élasticité des arts de la scène, il engage des processus : installations, jeux, hypnoses, chorales, qui déplacent le spectacle vivant bien au-delà de ses frontières.

Moitié du duo Programme, dont le nouvel album, Agent réel, paraît le 4 mai (lire page 22), Arnaud Michniak livre à Mouvement un texte inédit.

Compositeur en grande partie autodidacte, Georges Aperghis élabore depuis les années 1970 une oeuvre dont les frontières mouvantes excèdent largement le champ musical. Du théâtre à l’opéra bouffe aujourd’hui, elle est une joyeuse entreprise d’explosion de la langue, et de bouleversement du (des) sens.

Avis de décès : sans fleurs ni couronnes, le ministère de la Culture est mort dans sa cinquantième année. Défaire une certaine continuité républicaine, à l’oeuvre depuis Malraux, par une offensive libérale de grande ampleur : telle est la feuille de route donnée par Nicolas Sarkozy à Frédéric Mitterrand. Premières analyses, avant d’y revenir dans notre prochain numéro, où nous ferons écho aux alternatives qui se lèvent.

Et si la pop music paradoxale de The Chap était la bande-son idéale de notre monde contemporain, de notre « âge de pierre moderne » ? A la fois érudites et malicieuses, postmodernes et innocentes, mélodieuses et dissonantes, les chansons de cette petite famille berlino-londonienne raillent la pop culture avec une euphorie contagieuse.

Au-delà des seuls films d’animation qui ont fait sa « gloire » en Occident, et influencé tout une génération de cinéastes et de marionnettistes, le Tchèque Jan Švankmajer cultive une vision synesthésique et polymorphe de l’art. Hostile à toute « rationalisation » d’une production artistique conçue pour un « marché », il milite pour une conception toujours active d’un surréalisme envisagé dans son acception la plus libératrice. Le compositeur François Sarhan est allé le rencontrer à Prague, alors qu’il terminait un nouveau long métrage, Survivre sa vie.

Depuis quelques années, experts et contre-experts investissent les théâtres. Invités sur scène ou les jours de relâche, ils y dispensent leurs discours sur le monde, la science, l’économie, la géopolitique… Mais peut-on monter sur scène comme en chaire ?

Dans Description d’un combat, de Maguy Marin, les danseurs tissent une chaîne de paroles et de mémoires autour de l’Odyssée. Cinq ans après Umwelt, la chorégraphe en crée le double inversé, saisissant l’Histoire sous un autre angle. La vie y est sondée dans sa « perspective obscure », amorce de réponse à l’énigme paradoxale de notre indestructibilité.

La marionnette contemporaine a mille visages. Pourtant, c’est la même magie singulière derrière les formes animées. Un théâtre qui nous parle du trouble, de la mort, de la dérive, de monstres très humains. Petite tentative d’éclaircissement de ce paysage artistique fourmillant.

Initié en Basse-Normandie, le 6e Printemps balkanique met à l’honneur la Macédoine. A cette occasion, enquête sur un art contemporain macédonien où se cristallisent les interrogations identitaires d’un pays dont le nom même fait l’objet de débats.

Effusions passionnelles version série B, tentation de l’hystérie et stylistique de l’effroi… Fantastique et grotesque coagulent souvent sur la scène de David Wampach. Et le chorégraphe renouvelle leur pacte via des cadres stricts et des mouvements dénudés « qui font jouer la danse ».