En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe.
Militants du suicide assisté
C’est quoi les dièzes ?
Eugénie Mérieau
Sortir du XXe siècle
La mort sur ordonnance
Par un hasard de circonstances, la Suisse est devenue le centre mondial de la mort sur commande. Mais c’est à Grenoble que le débat autour du suicide assisté a pris de l’épaisseur récemment : une association d’octogénaires pratique la mort solidaire et autogérée. Parce que la jeunesse n’a pas le monopole du progrès social, Ultime Liberté veut décider de sa fin de vie librement, contre l’État et les médecins. Reportage sur les deux rives du lac Léman.
Laura Vazquez
Un concours télévisé du meilleur accouchement, un homme maniaque collec- tionneur d’éponges, un salon de coiffure qui fait des têtes au carré : voilà les images qu’on peut trouver dans les livres de Laura Vazquez. D’où lui viennent- elles ? La langue-espion de la poétesse s’aventure partout : sous les draps d’une grand-mère en soins palliatifs, dans l’appart exigu d’une famille nombreuse, dans la chambre d’un hikikomori accro aux forums en ligne. L’autrice fait de la littérature avec tout ce qu’elle trouve. Beaucoup de recueils (elle a remporté le Goncourt de la poésie en 2023) et un roman : La Semaine perpétuelle, paru en 2021. Ce qu’on écrit est fait pour être lu et entendu, vécu avec les autres. Et pour ça, quoi de mieux qu’une scène de théâtre ? Zéro, paru en novembre, est sa première pièce. On serait tenté de croire que Laura Vazquez est portée sur l’étrange, le sombre, voire le glauque. Pourtant, son œuvre est loin d’être nihiliste. Tous les weirdos qui errent sur les trottoirs de nos villes, toutes les âmes en peine qui soliloquent y trouvent refuge. Ses personnages se demandent : « Est-ce que les morts ont Internet ? » ou « Tu crois qu’on pourra faire des captures d’écran dans les rêves plus tard ? » Longtemps atteinte d’anxiété généralisée, Laura Vazquez fut élevée par sa grand-mère, phobique des orages et autres déluges. Elle en garde un attrait pour la cosmogonie, et une petite angoisse de l’ascenseur. Mais quand vient l’heure de poser les vraies questions, la poétesse ne tremble plus du tout : la vie, la mort, Dieu. Rencontre à Marseille, sa ville d’adoption, où elle s’est fixée comme objectif de lire tout le fonds du Centre international de poésie.
Lúa Ribeira
Des visages déformés par le rire ou la souffrance, des yeux exorbités ou clos, des scènes de jeu ou de désespoir. Le doute n’en finit pas de nous envahir. Au bord d’une route, derrière un mur ou sur des berges, les personnages qui peuplent le cadre ont l’allure d’apparitions mystiques. Ici, un Christ moribond descendu de la croix ; plus loin un martyr sanctifié ou une madone en pleine lamentation ; là, un gisant dans les herbes folles.
Activisme au musée
Dans le grand cirque médiatique, la méthode « jet de soupe sur toile impressionniste » présente le meilleur rapport risque/bénéfice. Depuis 2022, les collectifs militants ont usé la ficelle, forçant les institutions à affronter leur passivité ou leur hypocrisie : alors François Pinault, on fait des expos sur l’écologie ? L’activisme en musée a depuis servi des causes féministes ou décoloniales, mais aussi des positions réactionnaires. Visite des collections alors que les premières peines de prison commencent à tomber.
Laurène Marx
Punchlines de crête
Les mines basses du Sahara
Toutes les décennies, le Tchad est secoué par une nouvelle guerre. À chaque fois, les armées abandonnent des roquettes et des obus, si bien que le pays est intégralement pollué. Mouvement a accompagné les démineurs à travers la province du Kanem, morceau de désert sous perfusion humanitaire. Prière de laisser le champ de bataille dans l’état où vous aimeriez le trouver.
Ange Pottin
Au début de la guerre en Ukraine, de nombreux pays semblent avoir découvert que le nucléaire, c’est super. Sauf qu’on ne sait toujours pas quoi faire des déchets, et que la France n’a plus les compétences pour gérer les centrales à long terme : il y a pénurie de soudeurs, d’ingénieurs au niveau, et l’État se désengage. Visite de chantier avec le philosophe des sciences Ange Pottin.