Wolfgang Tillmans

Ou les nouvelles romances culturelles

Profitons de cette mise en quarantaine pour revoir nos codes narratifs.

« Quand c’est gratuit, c’est vous le produit », dit l’adage. À l’ère d’Internet, nous sommes tous devenus producteurs bénévoles de données, les nôtres, qui se monnaient sur d’obscurs marchés et nourrissent les dispositifs invisibles de la surveillance. Pour le journaliste Olivier Tesquet, qui a cartographié ces acteurs, c’est un nouveau régime de pouvoir : celui de la trace numérique.

L’Arménie à pas de velours

Clermont-Ferrand ne connaît pas le destin tragique de ses cousines minières du Nord de la France : le géant du pneu s’y paie un nouveau siège mondial, pendant qu’une scène nationale flambant neuve y sort de terre. Malgré les délocalisations et les suppressions d’emplois dans l’industrie, la ville affiche une vitalité culturelle déconcertante et un optimisme insolent.

Le nouveau gouvernement grec avait promis de nettoyer le bastion anarchiste d’Exarcheia en un mois. L’opération « loi et ordre » aura surtout révélé les lignes de tensions qui traversent ce quartier, entre espoirs trahis de solidarité internationale et touristification accélérée. Peu d’endroits encapsulent aussi bien les enjeux de la Vieille Europe, ses barbelés, ses utopies révolutionnaires et ses destins pliés par la politique.

Cinéaste et ethnographe très impliqué dans les scènes rock underground, Ben Russell est un genre de Jean Rouch sous LSD qui ne cherche qu’une seule chose : émanciper le regard occidental de son surplomb sur les prétendus « autres ». La Montagne Invisible, son exposition au Frac Île-de-France, est le portrait d’un artiste finlandais en quête d’une montagne imaginaire.

Alors que des scientifiques s’apprêtent à ressusciter le mammouth en laboratoire, des artistes s’emparent des mêmes outils de manipulation génétique pour fabriquer des poupées de chair et d’os, et mélanger leur ADN avec celui d’un cheval. Des « bioartistes » qui ont la ferme intention de ne pas laisser « le vivant » aux seules mains de l’industrie pharmaceutique et des ingénieurs de la Silicon Valley. Rencontre avec les punks de l’éprouvette.

Chars antisémites, blackfaces et sexisme ordinaire : en Belgique les carnavals et autres fêtes populaires font régulièrement scandale. Face à une classe politique retranchée derrière la liberté d’expression, militants, passionnés ou simple habitués se posent la question : le folklore est-il capable d’évolution ?

On peut créditer l’artiste allemand, premier photographe à obtenir le prestigieux Turner Prize, d’avoir fait de la chambre noire un art plastique. Plastique comme l’émotion : Wolfgang Tillmans voit le reflet de son âme dans la vitre d’un photocopieur, le synthé itératif de New Order et la mécanique fragile d’un appareil numérique. Discussion en profondeur des surfaces.

Un ballet postapocalyptique comme un doigt d’honneur aux lendemains de la catastrophe annoncée. Avec Room With a View, le musicien Rone et (La)Horde ouvrent un horizon branché sur l’énergie collective des corps. L’écrivain de science-fiction Alain Damasio et Mouvement étaient aux répétitions à Marseille, avant la première parisienne au Théâtre du Châtelet.

Pour l’anthropologue, il n’existe pas une nature et des cultures, mais bien l’inverse. Les sociétés n’interprètent pas leur environnement chacune à leur manière : elles le créent en tant que monde. Dans ce processus de « mondiation », tout joue un rôle : les discours, les croyances et les rituels, mais aussi les images.

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