Milo Rau

Lorsque le poète montre la lune, l’analyste regarde son doigt.

Il faut remercier Wildproject, petite maison d’édition marseillaise, d’avoir fait exister les sciences de l’écologie en France. Pour son fondateur, renverser les errances de la modernité est un programme total : il faut choisir les bons récits, connaître son territoire et surtout cultiver son jardin, dans les villes comme dans toutes les ZAD du monde.

Son premier long-métrage suit la jeunesse de Dakar : ceux qui risquent leur vie pour gagner l’Europe en pirogue, et ceux qui restent au Sénégal. Avec Atlantique, Grand prix au Festival de Cannes, Mati Diop a été érigée comme porte-drapeau du cinéma africain : mais comme souvent, quand on parle d’identité, c’est plus compliqué que ça...

Entre l’art et la politique, Milo Rau n’a pas choisi. Réaliser des films et faire du théâtre participe d’un même objectif : changer le monde. Nous avons rencontré le directeur du NT Gent, en Belgique, pour discuter de la petite révolution qu’il propose avec son Manifeste, de cette tragédie grecque qu’il a transposée en Irak et de sa version actualisée de la Passion du Christ.

30 ans après la chute du mur de Berlin, le village géorgien de Potskho Etseri a radicalement changé. L’ancienne cité ouvrière, construite près de l’un des plus grands barrages du monde, se morfond. Le travail, hier obligatoire, a disparu. Dans les ruines du rêve industriel soviétique, les habitants naviguent à vue entre nostalgie, désarroi et colère.

Elle est aussi incontournable que mal connue, la faute à son œuvre : tentaculaire. En plus des arts plastiques et du cinéma, La Ribot s’est fixé avec les Pièces distinguées un programme chorégraphique pour toute une vie. Le festival d’Automne lui consacre une rétrospective à Paris. Mise au point.

Dans les jardins de l’hôpital psychiatrique de Borda, à Buenos Aires, les patients déambulent entre la radio autogérée, les ateliers de poésie et les séances d’impro : de l’avis du personnel, la pratique artistique aide à la guérison. Mais pour d’autres, c’est l’asile qui pousse à la folie. Alors que l’hôpital est menacé de fermeture, les approches réformistes et révolutionnaires s’affrontent. Les internés sont-ils vraiment plus malades que les banquiers ?

Et les machines célibataires

Sur l’île, des artistes aspirent à s’affranchir des tutelles d’Aimé Césaire et Édouard Glissant ; mais vus de la métropole, ils seraient trop « français », trop « antillais » et pas assez « contemporains » pour qu’on les considère. En attendant, ils exposent sur les bouteilles de rhum industriel. Rencontre avec cette jeune garde qui refuse que la créolité soit une commodité marchande.

Dans les allées standardisées des cimetières français, rares sont les tombes qui sortent du lot : les familles en deuil préfèrent choisir une sépulture préfabriquée sur catalogue. Certains plasticiens réinvestissent pourtant cet espace déclassé, convaincus qu’il ne faut pas laisser à l’industrie le monopole du monument funéraire.

Comment mettre en scène une œuvre majeure du répertoire lyrique français, mais dont le livret est empreint d’un exotisme un peu nauséabond ? Pour son adaptation des Indes Galantes, Clément Cogitore rapproche les danses urbaines et la musique baroque sur la scène de l’Opéra Bastille : apparaissent des correspondances secrètes entre des arts qui semblaient incompatibles.

C’est une boutique de sextoys, signés par le producteur-roi du porno français, qui clôt l’exposition Futures of Love aux Magasins généraux. De quoi faire réfléchir aux liens entre art et publicité.

Dans un bidonville aux portes de Paris, dans les ruines de Mossoul ou dans un amphithéâtre perdu sur une île des Cyclades, la tragédie grecque mise à l’épreuve du réel s’avère toujours aussi pertinente.

Quel rapport entre une biologiste dingue de manipulations génétiques, le Parlement européen et les Gitans ? A priori, aucun. Mais Chimère, le nouveau livre d’Emmanuelle Pireyre, entremêle ces univers et court-circuite nos certitudes.

Quand les danses de la bonne société disciplinent les corps, les danses populaires gesticulantes et désordonnées sont reléguées du côté de la maladie.