Chanter “We’re gonna be big” – en 2019, sur Big, justement –, c’est une chose. Mais devenir effectivement un des plus gros noms de la planète rock, c’en est une bien différente. C’est l’histoire des Fontaines D.C., partis des caves de Dublin pour conquérir les festivals du monde entier On en rêvait, c’est certain. Mais entre rêver de quelque chose et le faire... Glastonbury, évidem- ment, c’était énorme, mais même notre premier concert à Paris, ou la première fois qu’on est allés jouer aux États-Unis, ou même notre deuxième concert à Paris – le Bataclan, en novembre 2019 –, tout ça, ça a toujours été quelque chose de fou pour nous. Par exemple, lors de cette fameuse date dont tu parles, au Point Éphémère, on n’avait pas de backline, juste nos instruments... On avait dû louer des amplis. L’un d’eux a cessé de fonctionner pendant le concert. C’est sûr que ça n’est plus un problème pour vous désormais. Sur le fait de «jouer devant de grosses foules», Grian Chatten [chanteur, leader, ndlr] expliquait récemment au Guardian que «le fait de devenir plus grand était une stratégie pour surmonter la surexposition» : il parle même de «l’universalité et la réciprocité attrayantes de l’expérience du stade». Peux-tu m’expliquer ce qu’il entendrait par là ? Jouer dans des stades, c’est quelque chose qui te plaît ? C’est assez drôle, parce que lorsque j’ai commencé ma carrière de musicien, je trouvais l’idée de jouer devant deux personnes bien plus terrifiante que ce qu’on a à affronter maintenant. Surtout si c’est tes potes et que tu sais que tu vas devoir les recroiser après coup. C’est terrifiant, oui. Jouer devant beau- coup de gens, ça te fait te sentir comme un meilleur groupe, tu te dis que ces gens-là ont payé pour toi, d’une certaine manière tu es validé. De plus, j’aime bien le côté informe et impersonnel, mais pour autant vivant, d’une foule. Tu ne sais pas qui des gens que tu connais sont présents dans le public, ce qui évite de se sentir trop mal si tu te foires (rires). Jouer dans un stade est quelque chose qui m’inspire, qui me pousse à devenir un meilleur musicien. Par exemple, après le Covid, on s’est retrouvés à jouer devant 100 ou 200 personnes pour la première fois depuis longtemps, dans des conditions un peu étranges, et on avait l’impression d’avoir perdu toute notre confiance et nos repères scéniques. Un morceau comme Favourite, qui est sans doute mon préféré de l’album, semble vraiment avoir été conçu pour être placé en fin de set d’un festival avec 20 000 personnes devant vous. Il a une puissance scénique assez folle. C’est quasiment du rock de stade. en cinq ans. Rencontre avec Connor Deegan III, bassiste de la formation, à l’occasion de la sortie de Romance, quatrième album qui transformera définitivement les Irlandais en phénomènes internationaux.
Fontaines D.C.
Big
Grian Chatten
Grian Chatten, le chanteur et frontman de Fontaines D.C., “ne sait pas qui il est, la moitié du temps”. Cette recherche de sens influence directement ses choix artistiques et ceux du groupe.
Pete Doherty
Magic combine dans les intervalles avec un grand fan de foot qui a choisi de devenir rock star quand il a compris qu’il ne ferait jamais gagner la Cup à QPR : Pete Doherty, leader des Libertines, plus actif que jamais cette année, entre disque de son groupe culte, album solo en préparation et docu intime.
Los Bitchos
Mariant psychédélisme et cumbia, indie rock et pop anatolienne, la musique festive et syncrétique de ce quatuor de Londoniennes fait danser les foules et montre comment la rencontre des cultures produit la plus féconde des énergies.
Crack Cloud
Un saut en parachute. Voilà ce qui orne la pochette de Red Mile, troisième album de Crack Cloud, mais aussi ce qu’est Red Mile – une chute contrôlée entre envie de repousser les limites de ce qu’est le punk, analyse des rouages de l’industrie culturelle, éloge de l’attitude et retour aux sources, la 17e Avenue de Calgary. À l’occasion de la sortie de ce grand disque de l’été, rencontre avec Zach Choy (pour quelques instants) puis Aleem Khan et Bryce Cloghesy, autres membres du collectif canadien.
Pop sous les dorures
Pour conclure notre grande exploration des salles de concert de la capitale, on rend visite aux têtes couronnées de la pop moderne, les plus visibles, celles qui accueillent les artistes qui ont “réussi”, et dont le nom est connu très au-delà du périphérique et même de la France.
Olivier Marguerit
Olivier Marguerit (Syd Matters, Les Chicros, Mina Tindle, O) a composé les bandes originales de Diamant noir et Onoda, 10 000 nuits dans la jungle, les deux premiers longs-métrages d’Arthur Harari (également coscénariste d’Anatomie d’une chute de Justine Triet). On les a interrogés sur ces collaborations, et sur ce qu’apporte particulièrement un artiste issu des sphères pop, rock ou électroniques à une musique de film. Bonne séance.