Vidéourveillance, partout tout le temps

Le campus des Saoudiens

par Audrey Lebel · visuels: M Lerouge

C’est le secret le mieux gardé de la Meuse. Des militaires saoudiens sont-ils présents près de la ville de Commercy sur un site de l’armée française reconverti ? S’entraînent-ils au maniement de tourelles-canons susceptibles d’être utilisées dans la guerre au Yémen ? Une chose est sûre, le campus des Saoudiens, censé accueillir ses stagiaires dès 2017, existe bel et bien. Flambant neuf, il a été financé à grand renfort d’argent public et grâce à d’importants soutiens politiques. Qu’importe si l’Arabie saoudite est accusée de crimes de guerre, la France accueille sur son sol le service après-vente des marchands de canons.

Un lucratif service après-vente

Le Campus de Commercy n’est que l’une des facettes des relations commerciales en matière d’armement qui lient la France et l’Arabie saoudite. Dispenser des formations, assurer la maintenance des équipements, rapporte aux industriels parfois autant que les ventes elles-mêmes.

Ennio Morricone

par Arnaud Le Gouëfflec · visuels: Nicolas Moog

Le trille répétitif du film Le Bon, la Brute et le Truand en 1966, c’était lui. Le hautbois entêtant de Mission en 1986, encore lui. Le basson sinistre des Huit Salopards en 2015, toujours lui. L’artiste ne se serait donc consacré qu’à la composition de musiques de films devenus iconiques ? Pas si vite...

Vidéourveillance

par Clément Le Foll, Clément Pour · visuels: Jean-Christophe Mazurie

Partout tout le temps

Roller derby

par Lisa Blumen

Bleu violacé, jaune moutarde, cramoisi, brun olivâtre... La palette des hématomes des adeptes de ce sport de glisse aurait de quoi décourager les plus téméraires. Pourtant, le circuit de roller derby est devenu pour beaucoup un lieu « sûr ». Notre dessinatrice, elle, s’est jetée dans la mêlée.

Gens du voyage

par Maïa Courtois · visuels: Gaspard Njock

Vivre à moins de 500 mètres de deux sites Seveso. Cela paraît impensable et pourtant... À Rouen, c’est là que les caravanes sont sommées de s’installer, là que les enfants doivent jouer. Là, dans cet air chargé de poussière et d’odeurs d’hydrocarbures, que des dizaines de personnes vivent. Relégués sur les terrains sans valeur des zones industrielles, ceux que l’on appelle «gens du voyage» ont souvent pour seules voisines une station d’épuration, une bretelle d’autoroute ou une déchetterie. Rouen n’a rien d’une exception : les aires dites «d’accueil» portent souvent très mal leur nom. Alors, de Lille à Villeparisis, des familles s’organisent pour ne pas laisser leurs poumons se changer en béton.

Logiciel

par James · visuels: James

Pour paraître branchés, les politiques usent et abusent du terme. Loin de refléter une passion partagée pour l’informatique, ce poncif trahit plutôt l’existence de bugs répétés dans le renouvellement des idées.

La mécanique du fake

par David Servenay · visuels: Fabrice Erre

L’image fera date. Le 6 janvier 2021, une foule chauffée à blanc par les mensonges de Donald Trump envahit le Capitole. Des réseaux sociaux, Twitter en tête, décident alors de bannir @realDonaldTrump et ses «fake news» de leurs plateformes. Après avoir été traités de laxistes, les voilà censeurs. Cet interventionnisme croissant inquiète les défenseurs de la liberté d’expression. Le patron de Twitter lui-même a qualifié de «dangereux» «le pouvoir qu’une entreprise a sur une partie de la conversation publique mondiale». Et si la lutte contre les «fake news» se jouait en amont de leur diffusion ? Plongée dans la fabrique des fausses informations.

La Prisonnière du désert de John Ford

par Cécilé Guillard

Inspiré d’une histoire vraie, celle d’une petite fille kidnappée au Texas, le « plus grand western de tous les temps » selon l’American Film Institute annoncerait-il la disgrâce des cow-boys ?

Grands flics, la bonne planque

par Mathieu Martinière, Robert Schmidt · visuels: Fabien Roché

Un ancien chef du Raid qui conseille le groupe Bolloré, un ancien patron de la police nationale qui devient directeur de la protection chez Renault... Ç’aurait pu être chez Thales, Total ou au Crédit agricole : de nombreux groupes du CAC 40 s’offrent les conseils d’anciens agents de l’État. Et pas n’importe lesquels, ceux qu’on appelle les grands flics : commissaires, gradés de la police judiciaire ou des services de renseignement. Forts de leurs états de service dans le public, ces derniers se mettent à la solde du privé. Tricoche, pantouflage ou simple copinage : le mélange des genres n’est pas toujours illégal mais ces liaisons peuvent s’avérer dangereuses pour l’intérêt général.

Le gendarme de la sécurité privée sous le feu des critiques

Le pantouflage des « grands flics » s’inscrit dans une tendance plus large, celle de la privatisation de la sécurité qui remonte aux années 1980. Il aura fallu trente ans pour que cette activité fasse l’objet d’un contrôle... largement insuffisant.

Le DDT

par Cécily de Villepoix

Côté pile, il sauve des vies. Après avoir vaincu le typhus, il se révèle être un allié de poids contre le paludisme. Côté face, il ravage les écosystèmes et la santé. En deux mots, il est polluant et persistant. Piégé en quantité considérable dans les glaciers de l’Arctique, ce pesticide hérité des années 1940 pourrait bien nous poursuivre encore des décennies...

Nationalisme corse

par Hélène Constanty · visuels: Benjamin Adès

Ils sont nationalistes de père en fils. En 1975, Edmond Simeoni, le père, organise l’occupation de la cave d’Aléria, l’un des épisodes les plus marquants de l’histoire contemporaine corse. En 2015, Gilles Simeoni, le fils, arrive au pouvoir par les urnes. Quarante années de grande violence séparent l’engagement des deux hommes. Des conférences de presse d’hommes cagoulés aux opérations commando du FNLC, de Porto-Vecchio à Bastia, le nouveau livre d’enquête coédité par La Revue Dessinée retrace une histoire douloureuse et mouvementée, celle du nationalisme corse. À la veille de nouvelles élections régionales, nous en publions les bonnes feuilles et retournons à Aléria pour faire resurgir un moment oublié : l’acte fondateur de la lutte pour l’autonomie de l’île de Beauté.