Convergences internationales

Des acteurs engagés

1968-1975

Revenir à la scène artistique bruxelloise et internationale des années 60 et 70 ne pou- vait se concevoir sans livrer la parole d’un de ses principaux acteurs, sinon le principal, que fut, entre 1966 et 1978 pour l’essentiel, le couple de collectionneurs Herman Daled (°1930) et Nicole Daled-Verstraeten (°1931). Si celui-ci réfute l’appellation même de col- lectionneur, il n’en est pas moins à l’origine d’une collection désormais historique dont la conjonction exceptionnelle des œuvres et des archives porte un témoignage vivant et de premier ordre sur l’art conceptuel.

Le 26 mars 1981, dans la galerie Erg, située alors rue de la Régence à Bruxelles, s’ouvre l’exposition L’Or cadre / Le Nôtre avant la lettre. JACQUELINE MESMAEKER (°1929; vit et travaille à Bruxelles) y présente la seconde déclinaison d’une œuvre devenue aujourd’hui emblématique de sa démarche: Versailles avant sa construction (1980). L’élément central du dispositif donne à voir le titre en lettres capitales sous la photographie noir et blanc d’une plaine anonyme et d’un ciel pâle. À l’horizon, tout de même, la disposition régulière de bosquets confère à l’ensemble un axe, une perspective, une symétrie, et plus encore, dans l’espacement des masses boisées, un écart, un espace négatif où l’imagination s’en- gouffre sous les encouragements d’une légende chargée d’Histoire et de gloire. Cette fois, l’artiste a décidé d’accompagner l’œuvre enca- drée d’une série de reproductions de celle-ci, dont les tailles vont de celle de la carte postale à celle de l’affiche monumentale; elles sont réparties dans chacune des pièces de la gale- rie selon un ordre propre à l’espace.

Au cœur des paysages-corps et des matières d’images produits grâce aux technologies numériques, EVA L’HOEST (°1991 ; vit et travaille à Bruxelles) sculpte et infiltre les données troublées de sa/notre génération. Nous retrouvons chez la jeune artiste dont le travail ouvre vers des possibles de cohabitation entre les champs de l’humain et du non-humain, mêlant différents pans de la connaissance, scientifique, philosophique et artistique, une liberté héritière de la pensée de l’Américaine Donna Haraway, pionnière du cyberféminisme.

De l’absence de repères à l’idée de mouvement permanent, la liqui- dité qui imprègne les œuvres de CAROLINE ACHAINTRE (°1969 Toulouse ; vit et travaille à Londres) depuis ses premières aquarelles sur papier, symbolise une forme d’illu- sion et l’idée d’une “transgression”1 refusant toute catégorisation. Dans son travail, l’artiste mêle différents médiums (textile, céramique, dessin, vannerie), où ce principe de liquidité semble tant conceptuel que formel.

C’est en duo avec la commissaire Maud Salembier que VALERIAN GOALEC (°Rennes, 1986; vit et travaille à Bruxelles) a cette année remporté l’appel à investir le stand de la Fédération-Wallonie-Bruxelles dans le cadre de la prochaine édition de la foire Art Brussels. Réjouissons-nous de voir cette curatrice dynamique, fondatrice de la struc- ture LaSpore, récompensée pour son travail constant envers des artistes aux profils aussi riches que diversifiés. Cette désignation la place au sein d’une très belle liste d’actrices et d’acteurs engagés dans la visibilité des créateurs œuvrant sur notre territoire.