Présents de pays

Costume

par Dimitra Panopoulos

Qu’est-ce qu’un pays qui n’est plus cimenté ni par une langue, ni par une histoire, ni par un projet ? Que faire s’il n’est plus d’histoire dont on puisse se soutenir, si nulle mémoire n’édifie plus la grandeur d’un peuple en un lieu, si nul théâtre des événements passés n’abrite plus les prémisses pour quelque insoupçonnable dessein cependant que l’on prétend récuser tout destin ?

Muriel

par Pascale Risterucci

Qui est Muriel ? C’est un rôle-titre sans rôle, l’héroïne-fantôme d’un récit non raconté, d’une histoire non écrite, d’un film non réalisé. Elle n’apparaît qu’en creux dans la fiction qui porte son nom. Elle reste l’immontrable, l’inénarrable, la limite même du film : l’insondable de cette France de 1963 dont il est question, en pleine reconstruction et au lendemain de la guerre d’Algérie. Muriel est cet ailleurs du pays qui le définit vraiment, secrètement.

Intervention divine

par Lucas Hariot, Céline Braud

Quel pays, quelle Palestine, Intervention divine, film d’Elia Suleiman à la forme si déroutante et aux propositions parfois si énigmatiques, présente-t-il ? Le film offre une série de saynètes isolées comme autant de fragments arrachés à la chronologie, à la causalité, au déterminisme et à l’Histoire. Le passif entre Israéliens et Palestiniens n’est pas le sujet du film. Seul le présent des gens affleure comme soustrait au monde qui l’entoure. Chaque séquence du film propose une action singulière et l’ensemble des séquences constitue une constellation d’actes incongrus et / ou isolés.

Days of Glory

par Annick Fiolet

Ce film de 1944, produit aux États-Unis, est réalisé par un Américain d’origine française : l’intrigue porte sur la résistance des partisans russes pendant la Seconde Guerre Mondiale. Days of Glory est indéniablement un hommage à la bataille de Stalingrad (hiver 1942-43), tournant décisif de la guerre car c’est la première défaite des Allemands, repoussés ensuite hors de l’Union Soviétique. Depuis leur entrée en guerre, les Russes sont considérés par les États-Unis comme des alliés : ils ne deviendront l’ennemi communiste qu’avec la guerre froide. Aussi, les films évoquant la résistance russe au nazisme ne sont pas rares durant la guerre, au même titre que les films qui rendent hommage aux combattants alliés, français ou anglais. S’agit-il pour autant de propagande ?

Snake Eyes

par Pierre Ancelin

La perspective de lier la pensée du cinéma et la pensée du pays n’est pas nouvelle. Ainsi l’art hollywoodien au sens classique, par le biais du système des genres, a-t-il construit exemplairement une gamme de sujets tournant autour de la question des États-Unis certes, mais plus généralement de toute question nationale. Sujets à valeur universelle, dont on aperçoit encore la précieuse portée, fût-ce à travers quelques films contemporains qui en explorent les ressources inaperçues. Tel paraît être le cas de Snake Eyes, lorsqu’il redispose cette question pour tenter d’établir un nouveau lien entre la possibilité du cinéma et l’ouverture au cœur de la situation du pays.

Le fleuve sauvage

par Daniel Fischer

Pour un film, traiter de la question du pays c’est tenter de saisir la subjectivité des gens de ce pays à travers des personnages dans leur rapport à certains lieux. Il en va ainsi y compris quand il s’agit d’un film dont l’action se situe dans le passé (un film « historique »), et à plus forte raison quand le passé en question est relativement proche du moment du tournage (Wild River est de 1960, il a donc été tourné à peine trente ans après les faits évoqués).

Réflexions à deux voix à propos d’Adieu

par Elisabeth Boyer, Céline Braud

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