Guerre et paix

Regard sur le film Tu te souviendras de moi d’Éric Tessier, d’après la pièce de François Archambault, et sur la thématique foisonnante de cette œuvre, qui n’a rien perdu dans son passage à l’écran.

Aucune création scénique contemporaine ne se revendique ouvertement racialiste, c’est-à-dire élaborée à partir de l’idée que les protagonistes de l’histoire sont déterminé·es par des traits héréditaires inhérents à leur race.

Incombe-t-il aux critiques le devoir de prendre connaissance de l’œuvre originale, qu’il s’agisse d’un film ou d’un livre, avant d’assister à son adaptation scénique ? De lire le texte d’une pièce avant de la voir? Une telle préparation peut-elle desservir le spectacle à analyser? Discussion critique, à ce propos, avec Stéphanie Morin.

Pour nous du Québec, qui vivons dans un pays relativement calme et prospère, immense privilège qu’on ne mesure pas toujours, la guerre peut paraître une réalité distante, car nos contemporain·es ne l’ont pas vécue sur notre territoire. Pourtant, ces derniers mois, difficile d’en faire abstraction et de continuer à profiter de la paix qui est la nôtre, comme si de rien n’était.

Elle semble généralement bien lointaine, vue de notre paisible territoire, la guerre. Le théâtre québécois n’est pourtant pas totalement étranger à cette thématique. Panorama non exhaustif de pièces récentes qui y sont consacrées.

Grand voyageur, mais pas vraiment touriste, l’auteur de Tu ne me croiras pas, une pièce qui nous plonge dans le quotidien déchirant d’une guerre imaginaire, témoigne ici de ce que ses périples au bout du monde font émerger au cœur de son écriture de l’intime.

Témoignage poignant et courageux d’un critique de théâtre, dans la tourmente guerrière s’étant abattue sur son pays, il y a près d’un an et demi: où le théâtre n’a pas dit son dernier mot.

Dans la Biélorussie voisine de l’Ukraine mais alliée de la Russie de Vladimir Poutine, les gens de théâtre dissidents sont acculés au silence, comme on peut s’y attendre. Mais un théâtre libre, qui y a vu le jour, poursuit à présent son action artistique sur les routes du monde.

Mariant rigueur et burlesque, le théâtre documentaire et militant de la compagnie belge Maison Ravage, dirigée par Adeline Rosenstein, porte un regard critique sur des guerres qui ont marqué le 20e siècle et dont les ondes de choc continuent d’influencer nos jugements politiques et notre compréhension du monde.

Rescapée de l’une des expériences les plus inhumaines des guerres du 20e siècle, les camps de la mort, l’écrivaine française Charlotte Delbo a raconté comment le théâtre fut un outil de survie pour elle et pour d’autres internées. Évocation des épisodes miraculeux, arrachés à l’horreur, que décrivent ses œuvres.

Plus qu’une vocation, l’art de rue est un choix, une volonté, un désir d’inscrire sa démarche créative dans une voie non conventionnelle. Dans la rue certes, mais aussi dans des sentiers, des souterrains, des ruelles, des musées... Pourquoi des endroits si inusités, loin du confort des salles de spectacle? Pour la rencontre directe avec le public, l’ultime récompense.

L’art théâtral rejoint l’être humain dans sa psyché; la psychologie s’est développée en tissant des liens étroits avec cette forme artistique; à partir des deux s’est forgé le théâtre thérapeutique. Mais le théâtre traditionnel peut-il aussi avoir des vertus curatives?