Représentations de la violence

Information régionale

Les failles de la création en danse

We thought we were simply looking at art but we were facing an abyss.

Source primate du langage

Comment aborder la représentation de la violence sur scène ? De quelle façon les créatrices et créateurs d’art vivant y réfléchissent-ils ? Pour en parler, nous avons réuni, par vidéo, la chorégraphe et performeuse Dana Michel (Yellow Towel, Mercurial George, Cutlass Spring) et le dramaturge et metteur en scène Olivier Choinière (Mommy, Manifeste de la jeune-fille, Jean dit).

Les gestuelles de la danse font résonner le corps scénique dans toutes les dimensions cruelles et amorales de la réalité. Spectacle hypnotique, l’horreur fascine, subjugue.

Après avoir présenté BOW’T TRAIL Rétrospek en février 2020, juste avant la fermeture des salles de spectacle, Rhodnie Désir a été la plus jeune créatrice et la première personne noire à remporter, à l’automne de la même année, le Grand Prix de la danse de Montréal. Elle a aussi gagné le prix Envol, remis à un·e membre de la diversité montréalaise. L’artiste revient sur sa recherche et nous parle de résilience, de transmission et de décolonisation.

Figure de l’art contemporain russe, Piotr Pavlenski remet en cause notre appréciation émotionnelle de la violence en provoquant son renversement par des actions d’art politique qui tentent de mettre en lumière les mécanismes d’oppression des pouvoirs en place.

La performeuse, chanteuse, pédagogue et dramaturge s’interroge sur les scènes sadiques ou provocantes en prenant pour exemples deux spectacles — Sonic Boom de Wim Wandekeybus et le quatrième épisode de la Tragedia Endogonidia de Romeo Castellucci — ayant pris leur envol au Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles. Cet événement international consacré à la création contemporaine a l’habitude de mettre de l’avant des points de vue singuliers, des prises de position fortes. Toute cruauté est-elle bonne à reproduire ?

Le waacking et le voguing, deux mouvements en marge du monde de la danse et à contre-courant d’une culture normative, sont des modèles de liberté et de résistance pour celles et ceux qui doivent faire face à une violence et à un ostracisme quotidiens. Plongée dans cet univers où la danse devient un enjeu identitaire.

Cofondé en 1981 par Rahul Varma et Rana Bose, le Théâtre Teesri Duniya se distingue, depuis 40 ans, par ses spectacles multiculturels, engagés dans les combats sociaux de notre temps. En mettant en scène les œuvres des minorités visibles, des Premières Nations, et notamment des femmes issues de ces communautés, il concrétise sa devise : « Changer le monde, une pièce à la fois. »

Au cours des derniers mois, le passage au virtuel, qui a mobilisé beaucoup d’énergie, aura aussi permis de rendre accessibles à l’extérieur des grands centres des œuvres qui, en temps normal, ne l’étaient pas. En région, on s’en réjouit, mais on juge qu’il y a encore à faire pour décentraliser la culture.