Numéro 48

Comme ode au quotidien .Toujours sur la brèche. Jamais Le LIEU ne m'avait paru si grand. De pièce habitable, à échelle de logis, voilà que l'espace prend allure d'entrepôt culturel. Un mur de meubles usagés, saccagés s'y dresse, commodes et bahuts d'un autre âge, de d'autres lieux. Des textures et designs muets, des éraflures et égratignures laissent songer à l'usure d'un quotidien révolu. Culture de pauvreté que tout cela ?

Plan d'eau, surface aux facettes multiples, chasses- croisés d'éléments chromatiques et monochromes, d'objets prenant un sens par configuration et multi- plication. Fantaisie d'un espace que l'on détourne et contourne. Méandre artificiel compulsif; métamorphose de fleurs en insectes, de nénuphars en cours d'eau, de cylindres en cercles, de ponts en chemins sans rive, de grenouilles en spectres. De l'étang au jardin aménagé, i l n'y a que la table de pique-nique qui change.

Ce texte de CISNEROS est un extrait d'une production plus élaborée sur Ars Magna. Par ce titre l'auteur affirme qu'il y a une bifurcation dans le champ de la pratique artistique exploratrice et que les institutions occidentales — et surtout européennes — se sont appropriés les émancipations des explorateurs de l'imaginaire que sont les artistes. Et, pour reprendre les mots mêmes de CISNEROS : « Ce sont les artistes qui ont inventé Dieu ».