Numéro 35

Footnotes

par Marianne Bech

ESPÈCES NOMADES fut l'événement majeur dans le domaine de la performance en 1986. Le lieu de la rencontre: Québec. Des nomades venus des Etats-Unis, de France, d'Italie, du Danemark et de l'Allemagne vinrent camper, si l'on peut employer cette expression, chez le peuple de Québec. De la même manière que les nomades de tous les temps avaient coutume d'emporter avec eux leurs bagages de représentations culturelles, que les troubadours du Moyen Âge diffusaient leur culture par leur poésie et par leur musique, les nomades de notre époque — les performeurs — surent répandre la riche variété de leurs cultures sous forme de films, vidéos, langues, sons, lumières, objets. Un mélange technologique, linguistique et gestuel témoignant de la richesse et de l'ampleur du concept de 'performance aujourd'hui.

Espèces nomades

par Roger Chamberland

Espèces nomades: voir et entendre: Espaces monades. Déplacements de sons: matières ondulatoires, matières corpusculaires; les mouvements de voix, les mouvements du corps suivent les lieux. Ici. les espèces apparaissent moins comme des figures typologiques que des traces figurâtes vouées à leurs données eschatologiques. Elles sont nomades précisément parce qu 'elles ne sont que des empreintes signalétiques inscrivant leur passage, leur mutation ontégénique. Les espèces nomades sont à l'affût des moindres déplacements autour d'elles. À chaque fois, chaque espèce joue son espace. — leZeitspielraum —, l'investit de "désir, de volonté et de perception" jusqu 'à ce qu 'il devienne monade: l'unité parfaite et / ou la substance active. Cet espace se construit autour et avec chaque action sonore, chaque événementperformatif, toujours dans sa plus parfaite conscience formelle. Néanmoins il y a des espèces plus fortes, plus évoluées, chacune étant consciente de son historicité tout en la niant d'autre part, qui ont réussi à développer des pratiques symbiotiques laissant présager l'amorce d'un nouveau cycle dans l'ère cybernétique.

Paperweather

par Ailson Knowles · visuels: Ailson Knowles

L'illustration de Ailson Knowles

La “Dés / Imprimante”

par Jean-Claude Gagnon

Une bobine de textes poétiques devient la proie d'une vorace déchiqueteuse à papier détournée de sa tâche première de détruire les secrets industriels; La machine transforme ces données en amas littéraires utiles. En effet, «l'abominable homme des lettres» s'en couvrira juste avant d'éructer la performance.

Poème Public

par Arias Misson

Je ne fais pas de performances; depuis vingt ans je fais le POEME PUBLIQUE- invention mienne en '66. Il ne s'agît pas d'un distinguo vaniteux pour établir mon sous-produit personnel, sinon d'une distinction fondamentale: "performance" implique au moins une intervention, action, ensemble de gestes construits et qui vise un public déterminé, cela dans un cadre artificiel. Le Poème Publique par contre n'est qu'un geste ou une intervention minime, plus un signe posé qu'un ensemble, le milieu est toujours le milieu publique par excellence, cad le milieu urbain, la rue, et le publique n'est pas un public "construit" adapté à la construction du performance, sinon toujours et d'abord le vrai "public" qui passe, déambule, conduit, achète, etc. dans la rue (bien que j'invite souvent- pas toujours- un autre petit public, celui-ci "averti") Le "signe posé" dans le milieu publique n'est qu'un signe pour le langage, une mise-en-langage de la rue; en somme, mes poèmes publics n'ont Jamais consisté en texte sinon d'éléments langagiers très minimes (des "labels" ou étiquettes chomskiennes du grammaire profond d'une phrase, des signes de ponctuation, des lettres en combinatoire) qui devaient illuminer, brancher, mettre en branle le véritable langage, celui publique qui bruisse, qui est sous-jacent, qui frémit, sous la surface fermée, sensationelle, toute faite apparemment de signaux visuels et absente de toute parole sinon de mots publicitaires, signalétiques, monumentaux. Ces textes souterrains peuvent être lus à travers des analyses sémiotiques, anthropologiques, structurelles de la rue- mes poèmes publics ne visaient que de les mettre en lumière au lieu d'élaborer un langage propre.

Orthographie

par Karl Jirgens

L'évolution dynamique de l& lanque est conforme au principe d'incertitude proposé par Heisenberg concernant l'interaction entre l'observateur (la conscience) et l'objet (le système de notation). La conscience ou "connaissance" du monde est liée intrinsèquement à la langue qui sert à la communiquer. Le support même de la connaissance change constamment. En combinant les techniques et les matériaux de l'ère spatiale avec la connaissance des pyramides acquise par l'Egypte ancienne. Je me suis créé un scaphandre capable d'arrêter les rayonnements cosmiques et d'annuler le principe d'incertitude d'Heisenberg.

The third mystery

par Steve McCaffery

L'illustration de Steve McCaffery "Salu mon copain! Here's my piece for the magazine (BP Is sending one too). I have sent you both the original and a photocopy. You can use whichever Is best for the printing. Hope you like it. See you in March when I come to l'Obscure. My best to you, Steve McCaffery P.S. Title of piece: "Postulation of the Third Mystery" Could you translate It into French In the magazine?"

Sur la glace

par Sylvie Laliberté · visuels: Sylvie Laliberté

"Les épaules de plastique et le geste large: L'armure de leur corps Et ils sont si fragiles et protecteurs les hommes du siècle. Ceux qui sont là: devant moi, entre moi Et au milieu d'eux, je ressens le senti. Et la joie de patiner sur patins. Et de glisser, tourner sans tomber. Ils sont beaux les hommes de glace."

Liber scriptus

par Eugenio Miccini · visuels: Eugenio Miccini

II ne pouvait manquer dans mes «EXLIBRIS» la citation d'un passage du «DIES IRAE» qui parle d'une façon escathologique d'un livre dans lequel tout a été écrit et par lequel le monde sera jugé. La métaphore est solennelle et terrible... «LIBER SCRIPTUS PROFERETUR IN QUO TOTUM CONTINETUR UNDE MUNDUS JUDICETUR».

Orte-Wege-Nomaden

par K. Scheurmann (Traduit, condense par Alain Martin Richard, Pierre-André Arcand) · visuels: Dieter Schwerdtle

Ils viennent du Canada, de Suisse, d'Angleterre et d'Allemagne de l'Ouest et se rencontrent à Kassel. Sept artistes qui font une brève escale pour travailler ensemble pendant sept Jours à sept actions, dont le cadre est identique et qui suivent leurs propres règles de jeu. Ils opposent au quotidien des gens qu'ils rencontrent leur propre quotidien qui, justement par ce qu'il est envisagé comme une action artistique non spectaculaire, provoque une distorsion dans sa forme manifeste d'expression. En rapport avec le thème «LIEUX — TRAJETS — NOMADES», les journées et les actions sont marquées d'excursions, de visites chez les Kassellois et de la mise i nu de leurs gestes quotidiens, de l'actualisation de leitmotiv comme la caravane et le repos dans l'oasis. Les artistes nomades recherchent délibérément le contact avec quiconque se trouve dans une situation quotidienne: le parcours journalier en tramway, les rituels de promotion commerciale, les lieux de travail (entrepôt des chemins de fer, abattoir).

Le Lieu- contact / réseau

par Guy Durand, Richard Martel, Marcel McNicoll

Louis Haché Il n'y a pas si longtemps, l'artiste se sentait piégé par la Raison et les Pouvoirs. Seule avenue: dématérialiser pour réapparaître. De l'Objet à l'Idée. Mais le malaise persistait chez lui. Encadré cette fois par l'impératif de «PERFORMER» et de «S'INSTALLER» parce que l'Espace — économique et conceptuel — maintenait sa domination: le site (environnemental), le «LIEU» (d'exposition muséale, commerciale ou parallèle), la scène (d'exhibit ou de traces muiti-médla). Danielle Ricard Non, ne craignez rien, vous n'êtes pas convié à devenir les témoins impuissants d'un autodafé. Danielle Ricard ne brûle pas les livres. Elle les vénère. Et depuis quelques années, les manifestatoins publiques de ce culte étrange, singulier, se multiplient. Si jamais on a crié à la folle, au blasphème, à la décadence, c'est qu'on a cru un peu bêtement le livre menacé, la littérature bafouée par des «sévices immondes» et une «barbarie sans nom». Imaginez... le livre mis à sac, éviscéré, vidé de toute substance littéraire, cloué, ficelé, coulé dans des matières plastiques, le plâtre, et quoi d'autre encore...

Vers une architecture

par Luc Lévesque

«Si l'architecture est un art elle ne peut l'être qu'à 100%... j'ai toujours pensé que l'un des aspects de l'architecture tenait à ses interrogations sur la réalité, au fait qu'elle soit l'expression de la réalité non généralisée, un instrument nécessaire à la diversité». GAETANG PESCHE «Les villes ne s'agglomèrent plus par connivences hasardeuses et suppressives: elle se planifient comme un théorème... Je m'effraie à l'idée de la prise de pouvoir encore possible de l'Industrie sur le bâtiment... elle cessera de fabriquer artisanalement des objets d'apparence militaire pour fabriquer militairement des objets d'apparence artisanale» — LUCIEN KROLL

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