DU CONTINU AU DISCONTINU. Référence aux événements sonores et installations visuelles: Concert pour quatre gouttes d'eau. Evénement A All-dressed (nov.'82). Mémoire de Chute, Evénement Art et Ecologie. (oct.'84). Les silences humides. Evénement Zones humides (avril'86). Réflexions, images du processus, attitudes hors papier (faut voir!).., La manière dont nous formulons les résultats de nos recherches, est plus un filet qui capte presque par hasard la compréhension du lect-eur-rice qu'une indication précise du travail.
Numéro 32
Les zones humides
La femme aux mains moites
"La première fois que je l'avais rencontrée, je n'avais pas remarqué ce détail. Je ne me souviens pas de ma manche un peu mouillée, plutôt humide. Je m'étais aperçu que cette personne possédait un tempérament nerveux. Très nerveux. Beaucoup de gens sont envahis par le stress de nos jours... Par la suite, comme nous fréquentions le même milieu, j'ai eu l'occasion d'échanger avec elle quelques propos banals. Nous étions en même temps dans le même lieu et nous échangions de temps en temps des lieux communs. Je la trouvais toujours aussi nerveuse mais plus sympathique qu'au premier abord. Nous échangions des regards amicaux et des coups de coude complices et cela alla même à des conversations qui nous ont mené à quelques lieues de nos lieux communs habituels: nous prenions le temps de nous rendre jusqu'à un siège pour nous asseoir."
Sapin chêne
En avril dernier avait lieu, à la galerie Oboro (a montreal), une exposition de Paul Grégoire intitulée "Traverse". Subissant le sort de la majorité des travaux réalisées en environnement, "Traverse" n'a eu d'autre choix que d'aboutir, en pièces détachées, au fond d'un atelier. Mais voici que pour le bénéfice des lecteurs d'inter, Paul Grégoire présente de nouveau son exposition dans les deux pages précédentes. Les transpositions abondent: une foret de noms d'arbres entoure une rue de gazon synthétique (le passage des animaux), laquelle est bordée de champs en papier d'asphalte. Mais attention aux chevreuils noirs qui sortent des panneaux indicateurs; ils ont tendance à s’échapper des pages!
La peinture en direct à Québec
A Québec, depuis ce soir mémorable du 7 décembre 1985, s'est déroulée une série de spectacles performance dits de peinture en direct C'est à un regroupement de peintres connu sous le nom collectif l'art salé que l'on doit la présentation des performances multidisciplinaires. La formule mise de l'avant est la même que celle utilisée à Montréal depuis quelques années, soit une heure de peinture mettant en présence dix artistes ou plus. Le médium comme le support choisi sont laissés à la discrétion de l'artiste. L'exécution des travaux se déroule sous les yeux du public au son d'une musique de circonstance. Par la suite, une vente aux enchères a lieu et les toiles sont vendues au plus offrant Les objectifs visés sont les suivants: rendre la peinture accessible à un plus grand nombre possible de gens; permettre aux artistes d'explorer de nouvelles directions en art visuel; enfin, démystifier le discours officiel sur l'art en instaurant un dialogue nouveau entre l'artiste et le public. Cette formule a été expérimentée plus d'une douzaine de fois à Québec et près d'une centaine de fois par un groupe de Montréal, PDG « Pedneault, Desautels, Gaudreault » et d'autres artistes dont Claude-Paul Gauthier et Gigi Perron. De cette pratique, il est possible de noter certaines choses dont le caractère expérimental, sorte d'exercice-spectacle, de la peinture en direct En un certain sens, la démarche précédant le résultat final demeure tout aussi importante sinon plus que la toile elle-même. Cela suppose une vision nouvelle du concept d'esthétisme établissant la valeur artistique des travaux à partir d'un point de vue différent de celui adopté par les institutions, plus traditionnelles et académiques, tels les musées ou encore certaines galeries d'art.
Connaissez-vous CHEVALIER ARDENT?
Connaissez-vous CHEVALIER ARDENT? Les lecteurs et lectrices du Journal de Tintin répondront par l'affirmative. 38 titres y ont été publiés depuis 1966. Michel Labrie, photographe et professeur de philosophie, a observé passionnément vingt ans durant l'évolution de ce héros médiéval. Son étude est composée de neuf courts essais intéressants spécifiquement à quelques épisodes des aventures du CHEVALIER ARDENT. Il tente de démontrer l'importance de Craenhals dans l'évolution de l'école Belge. Attention! Ici nous parlons du style, de la forme, de l'élément visuel, du contenant du signifiant quoi! De l'autre côté de la médaille, le message, le contenu, le signifié reste, lui, en conformité avec la vague instaurée par Merge (lire TINTIN), E.P. Jacobs (lire BLAKE ET MORTIMER) et Jacques Martin (AUX) notamment c'est-à-dire complètement immergé dans les valeurs d'extrême droite. Nous passerons outre ces considérations socio-politiques dans ce commentaire de lecture.
L’effet Olbrich
A force de suivre son propre conseil et de prendre Dada au sérieux, Olbrich comme Picasso ne cherche pas: il trouve. Une semaine lui suffit pour réaliser sur place L'INSTALLATION où se situera l'ACTION prévue au «vernissage ». Globe-trotter du Copy-art, il est partout chez lui, en même temps qu'immunisé contre l'usure quotidienne. Chiffonnier d'art, il récupère les rebuts de la propriété privée et les laissés pour compte du gaspillage collectif. Rien ne se perd, tout se transforme sous son regard en in put potentiel pour alimenter la machine dont il est la tête chercheuse connectée à distance: «Just push the button, but use your head first and your eyes ». A Montréal, il lui a ramené en pâture un matériel très didactique échoué à quelques encablures du Centre Copie Art un petit dictionnaire Larousse (qui sème toujours à tout vent) ÉLÉMENTAIRE A L'USAGE DES ALLEMANDS dans l'édition de 1956, à l'état neuf; un set de stencils (des chiffres et des lettres) pour lettrage au pochoir; une boite complète de craies de couleur pour tableau noir. Comme quoi il n'y a pas de hasard qu'objectif, et qu'on se trouve dans ce qu'on trouve: Olbrich est allemand et doté d'une formation universitaire en linguistique. Plus un tas de cailloux 0.3/4 de la ville à égrener comme des indices sémiotiques..
Joël Hubaut, “Expériences multiples ”
Du 13 au 23 février 1986, LE UEU, centre en art actuel recevait Joël Hubaut. Il y a longtemps d'ailleurs que LE UEU avait prévu la visite de l'artiste multi-disciplinaire français. Hubaut est extrêmement versatile, protéiforme disons, et l'entreprise visait la réalisation d'activités variées. Il s'agit ici de briser avec les habitudes de dichotomie des beaux-arts car nous pensons toujours que, sur le plan du fait communicatif, le son remplace de plus en plus l'image. Il est donc question d'activités, de déplacements aussi, l'activité de l'artiste actuel doit prouver sa détermination à toucher autre chose et c'est ce qu'il fallait démontrer.
Joël Hubaut, sans titre mais loquace
Conférence de Joël Hubaut à la salle le Ménestrel de Chicoutimi, 19 février 1986 Improviser une conférence, quoique rodé aux finesses de la langue, demeure une performance verbale sans filet Lorsque le sujet de la conférence se trouve être soi-même, ses réalisations artistiques, ses manies, ses tics, sa propre maladie épidémique, le risque peut paraître moins grave. Cela reste à entendre. (Gardons pour l'instant en mémoire que « le mot est un geste », du moins lorsque l'on accorde de l'importance et de la véracité au geste de dire, de nommer). Joël Hubaut ne se présente pas. Il tient dans ses mains un livre scolaire et, en se dandinant d'une jambe sur l'autre, péniblement dans un rythme hachuré et artificiel, il lit des phrases anodines; le rythme forgé de points de suspension où le souffle se perd en se cherchant ce rythme s'accélère, s'enfle, s'agite en même temps que le ton monte pour en arriver à un paroxysme du dire, à un charabia où le cri demeure le seul sens articulé... où le geste d'effacement, de gommage du langage écrit s'imprime dans la trituration du support livresque, dans son chiffonnement, le tamponna ge d'une page sur l'autre, l'écrasement des voyelles contre les syllabes, le déchirement brutal des feuilles, l'émiettement du contenant l'explosion « orgasmique » du contenu... le trou noir du passage à vide... Amorce.
L’épidémie du mixage mondiale
"L'esprit Mixage a inondé la porcherie de l'occident. L'esprit Mixage fertile comme la lave ricoche entre les contorsions doctrinaires et désincarnées de toutes les morales archétypes et saisonnières. Les petits prophètes marxistes comme les petits prophètes chrétiens aux chancres mystiques putrides n'en finis» sent pas d'appauvrir la grande machine célibataire des galaxies mais il y a longtemps déjà que nous nous confondons dans la fusion génitale cosmique reliée aux éclaboussements Interstellaires des particules illuminées de Rimbaud eu de Kurt Schitters ou d'Antonin Artaud ou de Raymond Roussel ou d'Alfred Jarry ou d'Holderlin ou de W. Burroughs ou de Malevitch ou de John Cage ou de Picabia ou de Baader ou de Maciunas ou de Dotremont ou Robert Filliou ou de tant d'autres eaux vives torrentielles... Il a longtemps déjà que notre intuition adolescente s'est coordonnée par une volonté et une exigence sans cesse en activité à la sève de l'univers transcendental. Nous sommes loin de cette petite société dépravée cartésienne matérialiste, étatique et privée à la fois dans sa plus grande cochonnerie égoïste. Mous sommes les mutants de cette petite société déchue et dans laquelle nous avons planté nos flèches nobles et épidémiques. Nous sommes les androgynes anti-travelos de cette petite société dans laquelle nous avons acquis des responsabilités superficielles et dérisoires pour mieux perturber le coeur jnfesté du foyer."
Lire l’art - 3 - se souvenir de ce siècle
Tel un paradoxe, la réflexion dite « postmoderne » aura surtout contribué à mieux définir la modernité! Quelques livres récents sur la pratique de l'art convergent vers ce passé à la frontière encore floue avec l'art actuel. Deux études de l'Institut Québécois sur la Culture sont à retenir. L'an dernier Léon Bernier et Isabelle Perrault publiaient L'ARTISTE ET L'OEUVRE A FAIRE. La pratique de l'art 1 (1QRC, 1985,518 p. 30 $). Récits et analyse de l'artiste à partir d'entretiens avec des peintres, sculpteurs et graveurs inauguraient l'étude de la pratique de l'art à l'Institut. Le propos se voulait actuel. Le sociologue Marcel Four-nier poursuit LA PRATIQUE DE L'ART 2 avec LES GÉNÉRATIONS D'ARTISTES, suivi d'entretiens avec Robert Roussil et Roland Giguère (1QRC, 1986, 202 p., 18 $). Fournier avance un plan ambitieux: une nouvelle lecture de l'histoire de l'art au XXe siècle alliant esthétique et signification sociale des oeuvres. Interviews, biographies et autobiographies, catalogues d'expositions et données statistiques sont utilisés pour reconstituer la cohérence des arts visuels au Québec.