Risques et dérapages

Appropriations culturelles et cercles d’empathie, le contrecolonialisme moral et ses dérapages

par Michaël La Chance

Nous assistons à un désaveu des élites culturelles. Est-ce un effet prévisible de la démocratie lorsque l’opinion de chacun vaut autant que l’opinion de n’importe qui, lorsque la voix d’individus privés d’éducation et soumis au bombardement médiatique vaut autant, sinon davantage, que la voix des intellectuels suspects d’élitisme ? Est-ce un effet de la montée d’un conservatisme qui se méfie de la notoriété des intellectuels et de la culture comme porte-voix de la contestation ? Sont remis en question tous les acteurs de la culture, professeurs et écrivains, artistes et journalistes, etc.

Le danger de la sécurité

par Yann Marussich

Les assurances privées se sont réapproprié la notion du risque. De la même manière, la médecine s’est réapproprié le sens de la douleur et l’a transformé jusque dans nos perceptions. Mais le risque reste relatif. Les assurances ont su imposer une psychose autour du risque et créer un marché financier totalement spéculatif. Tout devient risque avec les assureurs. Ils ont su imposer aux politiques des lois, toutes aussi dangereuses les unes que les autres pour la liberté du corps de chacun.

Pour un monde meilleur. Quelques réponses aux dérives des “sociétés à risque”

par Mildred Duran Gamba · visuels: Sheila Burnett

Récit d’une pratique du risque

par Christian Messier

Qu’est-ce qu’un risque ? N’est-ce pas le potentiel à la fois de la réussite et de l’échec ? En ce sens, je dirais que toute ma pratique artistique se fonde sur le risque. Il me semble même que l’art implique nécessairement le risque. J’ai du mal à concevoir une oeuvre dont la finalité puisse être entièrement et précisément connue de la part de l’auteur avant que celui-ci ne procède à sa réalisation. La seule possibilité à mes yeux serait de produire des oeuvres en série comme un produit, comme une marchandise.

Résonance de la vie précaire pour un usage éthiquemnt sensible du performatif

par Mélissa Correia

Que révèle une pratique du corps qui s’engage à éprouver et à faire éprouver des actes aux potentialités scandaleuses ? Que manifeste un corps qui extrémise l’extrême violence sociale où une relation à autrui s’avère radicalement opposée au caractère égalitaire de l’humain ? Que tente d’inscrire une partition du performatif qui amplifie une oscillation par le déploiement d’une déshumanisation ou qui réitère les abus ?

Le risque esthétique créateur

par Charles Dreyfus

Qu’est-ce que je risque ? Je risque surtout de me noyer à vouloir trop analyser la double approche du risque lui-même, un danger éventuel plus ou moins prévisible. De plus, le terme risque évoque le processus d’une action engagée pour atteindre un objectif très difficile. Cela demande un acteur capable de rompre de façon radicale avec le conformisme qui l’entoure. L’artiste reste-il un éternel adolescent ? Le rebelle juvénile n’a rien de suicidaire. Au contraire, il expérimente, il vit la vie ; il imagine qu’elle devrait être à chaque instant comme il la souhaite, comme il l’aime. Rien ne l’arrête, allant même parfois à mettre en danger sa propre existence pour atteindre une haute densité émotionnelle, relationnelle, physique, cognitive.

Wonder foule pour deux performeurs

par Serge Olivier Fokoua

La cinquième édition du festival RAVY (Rencontres d’arts visuels de Yaoundé) a rassemblé au mois de juillet 2016 à Yaoundé, au Cameroun, plusieurs artistes venus des quatre coins du monde. L’un des moments marquants de cet événement restera l’après-midi du samedi 30 juillet, ponctué par les performances des artistes Jelili Atiku du Nigeria et de Snake du Cameroun, au lieu-dit avenue Kennedy.

Risque glocal et dérapage géotrash

par Guy Sioui Durand

Le terme glocal fait partie d’un slogan altermondialiste qui invite à penser globalement, mais à agir localement pour changer les choses. Sous cet angle, les oeuvres de Martin Bureau s’ancrent dans des milieux de proximité, là où il vit, pour ensuite trouver des échos planétaires. Son art s’immisce tantôt dans la salle paroissiale du club de l’âge d’or de Saint-Jean-de-l’île-d’Orléans (Panique au village, 2006), tantôt au sein de la réserve amérindienne de Matimekosh (ancienne ville de Schefferville) dans le « Nitassinan », territoire nordique des Innus (Une tente sur Mars, 2009)

Adam et Eve dans un même corps - Queer the body

par Nathalie Côté · visuels: Patrick Altman

Cette proposition est à l’intersection d’un questionnement sur l’histoire de l’art, la peinture religieuse et les enjeux sur le contrôle du corps, comme l’envisage l’artiste qui revisite le tableau de la création d’Ève en le réduisant à ses éléments les plus simples : un paysage et deux personnages.

Retour sur la 8ème Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda

par Richard Lefebvre · visuels: Olivier de Sagazan, Maryse Boyce

Quatre jours durant lesquels artistes et public sont venus souffler les bougies d’une huitième biennale d’art performatif. Quatre journées au beau milieu desquelles L’Écart, le centre d’artistes de la rue Murdoch, inaugurait sa nouvelle enseigne, une oeuvre lumineuse de Dominique Pétrin intitulée C’est tout simplement notre métier, qui célèbre le voisinage de l’art actuel avec la culture populaire du quartier Noranda. Aiguillé par le désir de comprendre et d’interpréter ce qui s’est passé, je reviens ici sur la douzaine de performances et d’événements de cette biennale.

Urbanisme alternatif et situationnisme local - La communauté comme oeuvre chez Marc Boutin

par Hélène Matte · visuels: Patrick Altman

Ce qui est marquant dans l’oeuvre de Boutin, c’est sa perspective sur la ville, tant sur le plan idéologique que pictural. Non seulement il développe une vision d’un urbanisme convivial basée sur la démocratie directe, mais il sait la dessiner avec finesse.

Sarenco et Arrigo Lora Totino - Les deux faces d’une même médaille

par Giovanni Fontana

Pendant près de 50 ans, Sarenco et Arrigo Lora Totino ont combattu sur le front de la recherche poétique. Parfois, ils l’ont fait avec un ton dur et sarcastique. Mais quand, en 2015, Giorgio Maffei et Patrizio Peterlini, directeurs du livre Arrigo Lora Totino : la parola come poesia segno suono gesto, 1962-1982, ont demandé à Sarenco un texte à insérer dans la publication, ils ont reçu une lettre qui a révélé un ton absolument inhabituel pour un esprit rebelle comme le sien, toujours à l’opposé des conventions. C’est une lettre qui, en fait, raconte une histoire de l’art et des sentiments humains extraordinaires. Je pense que c’est très utile de retranscrire ce message dans son intégralité, car il résume bien l’atmosphère particulière des expérimentations poétiques du XXe siècle en Italie.