Monum

La sculpture monmentale de François rude: “une oeuvre de tous les temps”

par Armelle Weirich

Un monument appelle à la mémoire. Il suffit d’ouvrir le Gaffiot : « Monumentum : tout ce qui rappelle quelque chose ou quelqu’un, qui perpétue le souvenir». La sculpture monumentale, de tout temps, inscrit les destinées et les actions des hommes dans le passé, le présent et l’avenir. Elle offre à ses sujets l’immortalité.

Du grand art?

par Bertrand Charles

Peut-on arguer des dimensions impressionnantes des espaces muséaux nouvellement construits, réhabilités ou de certaines manifestations qu’elles induisent une création monumentale ? Est-ce penser à tort que préexiste à leur conception la volonté d’influencer l’oeuvre elle-même ? Si la tentation du gigantisme dans l’art n’est pas un phénomène nouveau, l’accélération de cette tendance aujourd’hui est quelque peu ambiguë

Cyber-monumentalité

par Franck Balland

S’intéresser à la monumentalité en art, ainsi que, par extension, à ce que pourrait être sa formulation sur Internet, nécessite d’interroger la nature même de cette notion, et de déterminer les conditions de sa mise en oeuvre et de son observation. En premier lieu, il ne semble pas totalement fortuit d’énoncer quelques généralités. Si la notion de monumentalité est une forme « dérivée » du monument, auquel elle emprunte son caractère mémoriel – sa propension à signifier, dans une immobilité qui semble éternelle, le passage du temps – elle se singularise par une forme de démesure, un impressionnant rapport d’échelle qui contribue à tenir l’observateur en respect. Cette intense présence empirique a d’ailleurs supplanté la dimension commémorative qui façonne les monuments classiques, lesquels s’adressent à la communauté en affirmant, au coeur de l’espace public, un lien symbolique fort entre une histoire et l’assemblée qui s’y trouve confrontée

Champ de ruines

par Guillaume Mansart · visuels: Boris Chouvellon

En 1967, Robert Smithson publie dans la revue Artforum « The Monuments of Passaic », une série de six photographies noir et blanc réalisées à l’Instamatic 400 et qui accompagnent le récit de son voyage à travers le paysage désolé et post-industriel de Passaic New Jersey, sa ville natale. Les « monuments » qu’il repère et décrit alors ont l’élégance manquée des choses sans qualité, ils ont la majesté d’un bac à sable, d’un parking huileux, d’un pipeline, ou d’un pont communal... ce qu’ils sont en réalité. Le paysage que l’artiste traverse s’offre à lui comme un territoire érodé par le chaos, il y voit une zone définitivement assaillie par des forces entropiques 1. « Le paysage n’était pas un paysage, écrit Smithson, mais un genre particulier d’héliotypie (Nabokov), une sorte de monde de carte postale d’immortalité ratée et de grandeur oppressante en voie d’autodestruction. » Dans le désert de cette ville, les bâtiments de l’ère industrielle prennent pour l’artiste valeur de monuments chaotiques ayant substitué l’oubli du futur à l’évocation du passé. Ruines en construction ou achevées, les éléments qu’il décrit et photographie ne semblent commémorer que leur mort à venir. À l’intérieur ce temps retourné où l’entropie remplace l’évolution, le monument est alors compris comme son contraire absolu, c’est-à-dire comme une ruine.

Mount Rushmore / Crazy Horse Memorial : hommages et controverses

par Julie Boisard

Le Mont Rushmore, situé dans les Black Hills du Dakota du Sud est une oeuvre haute de 18 m, qui impliqua plus de 400 travailleurs entre 1927 et 1941. D’après le site gouvernemental 1 qui lui est consacré, le but de ce monument est de communiquer sur la fondation, l’expansion, la préservation et l’unification des États-Unis par le biais des statues colossales de George Washington, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et Theodore Roosevelt ; il s’agit d’une oeuvre exaltant la grande nation américaine. L’histoire du Mount Rushmore débute avec l’initiative de Doane Robinson. Cherchant à attirer les touristes dans le Dakota, l’historien contacte le sculpteur Gutzon Borglum et lui fait part de son idée : représenter les héros de l’Ouest américain, les grands chefs indiens et les explorateurs de l’Ouest au sein d’un même ensemble sculpté.

Art, monumental(ité) et présence du/des genre (s)

par Servin Bergeret · visuels: Joanna Vasconcelos,

Le 19 mai dernier, sous la gigantesque verrière du Grand Palais, se déroula le vernissage d’Excentrique(s) de Daniel Buren 1 désigné dans la presse et les médias d’information comme l’artiste français le plus important de notre temps. Cette manifestation s’inscrit dans le cadre de « Monumenta », événement qui se définit comme un « concept unique et fédérateur », et qui invite chaque année un artiste contemporain de renommée internationale, à investir la Nef du Grand Palais, « avec une oeuvre spécialement conçue pour l’occasion » 2. Aujourd’hui, penser l’histoire récente de « Monumenta » du point de vue d’une étude de genre, permet de révéler une absence signifiante, au regard de la liste des artistes conviés depuis son ouverture 3 et nous serions tentés d’ajouter au petit texte de présentation : « inviter chaque année un artiste [...] et de préférence de sexe masculin ». L’absence d’invitation d’artistes femmes interroge : N’y aurait-il que des hommes capables de se mesurer à la monumentalité ? Pourtant nombreuses sont les artistes de renommée internationale à expérimenter la monumentalité.

Chris Burden

par Nicolas-Xavier Ferrand · visuels: Chris Burden

Une forêt de poutrelles métalliques plantées dans une mare de béton au beau milieu de nulle part, voilà un spectacle peu commun. Le genre qu’on ne penserait être qu’un paysage post-apocalyptique, les ruines d’une usine après un raid aérien, ou les restes d’une ville ayant subi une attaque atomique. Seule une force extraordinaire associée au hasard aurait pu produire pareil spectacle.