« Nous vivons dans une société profondément bureaucratique. Notre inattention à ce phénomène est en grande partie le fait de pratiques et de contraintes bureaucratiques qui sont devenues si envahissantes que nous les remarquons à peine, ou pire, que nous ne parvenons pas à envisager d’alternative. » 5 David Graeber
Au-delà de cette limite
La séduction du bureaucrate
Robin Faymonville
Carte blanche
Repenser la censure
« On ne sait pas ce que peut une image », cette citation est tirée d’un entretien avec Georges Didi-Huberman réalisé par Pierre Zaoui et Mathieu Potte-Bonneville intitulé S’inquiéter devant chaque image1. Le titre même de l’article nous semble révélateur. Chaque image suscite en nous une sensation particulière que nous entendons analyser dans ce double jeu entre méconnaissance de ce que peut être l’image et cette volonté de « ne pas renoncer à articuler ce que certaines images singulières peuvent nous enseigner au-delà d’elles-mêmes, à travers les siècles comme les disciplines »2. Il s’agit de poser une question en apparence simple, la représentation nous donne-t-elle à voir quelque chose au-delà d’elle-même ? Bien que nous soyons convaincus que les images offrent effectivement plus qu’elles ne veuillent bien le montrer, par quel processus, par quels moyens y arrivent-elles ? Et que montrent-elles ?
Leïla Pereira
Carte blanche
De la violence en porcelaine
Fragilité des matériaux et violence du propos peuvent s’allier dans une œuvre d’art : la démarche plastique de Rachel Labastie incarne justement cet oxymore visuel. L’artiste réfléchit à ce qui se cache derrière l’apparence des choses. Ainsi, une sculpture, suspendue au mur qui, de loin, forme un « soleil » est en réalité une Entrave de cou (2020). L’élément circulaire, en fait un collier massif, sert à prendre le cou en étau. Sur le pourtour de l’entrave se dressent de longues aiguilles qui servent à empêcher la fuite des prisonniers et des esclaves. Attachée au collier, une chaîne relie le détenu à son surveillant ou à un point d’attache.
The DAZZLED project
Le collectif DAZZLED fondé par les artistes Hélène Bellenger, Valia Russo & Margot Millet présentait en 2023 l’œuvre dazzled project 02 dans le cadre du PhotoBrussels Festival. L’installation métabolise la question du visage, de sa fragmentation et de sa vie dans le flux des réseaux. En prenant comme objet des selfies dont le flash est laissé apparent, elle interroge la charge électrique de l’image et une certaine esthétique de l’erreur. Le flash est aussi une figure pour dire l’éblouissement, venant questionner les limites de la vision et la possibilité d’une violence à l’œuvre, contenue à la fois dans l’image et dans l’œil de celui qui regarde.
Théo Romain Sobota
Carte blanche