Stéphane Mallarmé

Assignation de l’espace

par Jean-Luc Steinmetz

«RIEN / N'AURA EU LIEU / QUE LE LIEU» écrit Mallarmé sur l'une des dernières doubles pages de son magistral Coup de dés. Mais quel fut-il, ce lieu mallarméen, ou quel sera-t-il, puisqu'un subtil futur antérieur exprime le ·Site trouvé? Nul dou.te que ne soit désigné ainsi l'endroit d'une certaine effectuation, d'un certain acte qu'il faut référer au livre. Mais le Livre en son imperfection présumable ne saurait combler le vœu de qui cherche le la (pour citer une phrase du Faune poursuivant autant l'idéal que tentant de se rappeler de vraies nymphes).

La chaise curule

par Mario Luzi

Ces derniers temps, son œuvre étant en moi tout entière intério- risée, ma fréquentation de la mémoire de Mallarmé n'a pas concerné les livres dans leurs diverses éditions, courantes ou précieuses; ni les lectures enregistrées de divers diseurs, mais s'est limitée au dépliant annuel de la «Société des Amis de Mallarmé», qui communique avec ponctualité ses programmes et rappelle ses rendez-vous rituels et ses cérémonies. Encadrée par une fenêtre, contre la claire et verte lumière du fleuve qui coule paisiblement devant la maison, à Valvins - on aperçoit la yole amarrée - , une chaise, solide, sobre dans sa facture, est le protagoniste de l'image ornant la couverture.

A Mallarmé l’inflexible

par Bernard Vargaftig

N'est-ce pas aussi ce que vivent aujourd'hui la littérature, la place qu'elle occupe, et, dans cet espace qui semble toujours plus se réduire, l'écriture de ce qu'on appelle la poésie et sa lecture, n'est-ce pas aussi cela qui paradoxalement rend si actuelle, si nécessaire et urgente la lecture de Mallarmé?

Les mots du silence

par Nuno Judice

Pendant plusieurs années j'ai consacré une partie de mes cours de littérature française aux poèmes de Mallarmé. Ce travail m'a obligé à m'introduire dans son univers, à y chercher des points de contact, à me frayer des chemins dans cette œuvre où le paysage de la langue se révèle polymorphe, des poèmes en prose et des sonnets jusqu'à Un coup de dés. Une sorte de petit drame en vers est né de cette fréquentation assidue : 0 voo de lgitur num copo de dados (Le Vol d'lgitur dans un coup de dés). Le sujet est un ménage à trois discours : Mallarmé, Ettie Yapp et Marie. Ce fut ma façon de me libérer de lui - bien que nous ne nous libérions jamais de nos lectures, et de ce que nous avons appris avec elles.

La vie contre le livre

par Jude Stéfan

Entretien avec Jude Stéfan

Le chant sous les mots

par Jacques Ancet

Autant la force bouleversante, l'intensité explosive de Rimbaud m'accompagne depuis mon adolescence, autant l'hermétisme hautain, la volonté délibérée d'obscurité ou les préciosités rococo de Mallarmé m'ont longtemps tenu à distance de son œuvre. Quand l'un me paraissait germinal, l'autre me semblait terminal. Et ce n'était pas sa postérité mimétique, les petits mort-nés d'une modernité prétentieuse et épigonale qui aurait pu me faire changer d'avis. Bien au contraire.

L’intrus

par Jacques Rancière

Poétique et politique

Le Mallarmé des sixties

par Gérard Dessons

L'absente de tout bouquet

Linéarité de Mallarmé

par Salah Stétié

L'encrier; cristal comme une conscience, avec sa goutte, au fond, de ténèbres relative à ce que quelque chose soit : puis, écarte la lampe.

Le sonnet chez Mallarmé

par Anne Le Feuvre

«J'ai une maladie : je vois le langage», confiait Barthes dans l'un des autoportraits les plus curieux de la littérature contempo- raine. Parmi tous les grands malades du langage et de l'écriture dont le critique illustre à merveille la lignée, Mallarmé figurerait assuré- ment en première place. «Creusant le vers» en «maniaque désespéré», l'auteur du Coup de dés n'a pas seulement découvert le «néant»; il a aussi mis à l'épreuve son propre corps, comme fragilisé par l'écriture: «en creusant le vers [...], [le] vide que j'ai trouvé est celui de ma poitrine. Je ne vais vraiment pas bien...3 , écrit-il depuis Tournon à Cazalis, en mars 1866. Curieuse maladie, qui prend sa source dans la poésie même, et ne cessera pourtant de la nourrir jusque dans ses interrogations les plus inquiètes, ses béances les plus fécondes..

L’ascèse d’une écriture

par Sylvia Massias

La poésie critique de Mallarmé

Mallarmé et la genèse de l’idée de “poésie pure”

par Dominique Combe

«Un flot de journaux et de revues, où s'étale cette extraordinaire et assez vaine querelle sur la "Poésie pure". Heureux de n'être point à Paris; je ne sais si j'aurais pu me retenir de donner de la voix, ne fût-ce que pour approuver entièrement Souday, qui parle de tout cela le plus congrûment du monde. Que prétend l'abbé Brémond? Enseigner à faire les vers? ... A les goûter?

Mallarmé à l’hôtel de l’Europe

par Thierry Alcoloumbre

L'image de soi que nous a laissée Mallarmé est celle d'un homme essentiellement sédentaire : en dehors de rapides séjours en Angle- terre ou en Belgique, et mis à part les déplacements dans le midi de la France (souvent dus aux aléas de la carrière professorale), Mallarmé n'a pas tellement bougé dans sa vie, et une fois atteint son projet d'une installation à Paris, il ne s'éloignera pratiquement jamais de la capitale; l'autobiographie qu'il adresse à Verlaine, en 1885, confirme cette impression2• Une telle réclusion correspond bien à l'atmosphère cloîtrée de la poésie mallarméenne comme de la poésie symboliste en général, résumée dans la maison de des Esseintes ou la chambre d'Igitur.

Mallarmé, Offenbach et les Folies-Bergères

par Patrick Besnier

Dans la dernière interview qu'il a donnée, Mallarmé se compare au héros d'une opérette d'Offenbach : «Je sors très peu, mais le mardi soir je reste chez moi - comme M. Choufleuri. » Quelle image a-t-il et de l'opérette et de lui-même comme personnage d'opérette? Une question semblable se pose quant à son désir de donner à l'acrobate américaine Léona Dare, vedette des Folies- Bergère, une place dans un spectacle auquel il travaille en 1877.

C’est très Poe, cela

par Henri Justin

La vénération dont Mallarmé a entouré Poe, «le pur entre les Esprits », peut laisser rêveur. Sa traduction des poèmes de l' Américain, toujours rééditée, déconcerte. Il n'est guère que son admiration pour la percée esthétique réalisée par Poe dans quelques essais célèbres qui emporte immédiatement l'adhésion.

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