La nouvelle française 1

Encore trop mal connue, encore trop peu lue, encore trop peu étudiée, encore trop discréditée : la nouvelle française demeure trop la victime d'idées toutes faites aussi erronées qu'inexactes. Pourtant son riche passé devrait plaider en sa faveur ; pourtant, en dépit des difficultés rencontrées par les nouvellistes à s'exprimer tout au long du XXe siècle, son rayonnement, qui semble plus que jamais assuré à l'heure actuelle, devrait être reconnu...

Je n'avais que cinq ans lorsqu'on enferma la tante Augusta. Ma mère pleurait, je m'en souviens, elle pleurait et en même temps, elle avait envie de rire. Je ne com- prenais pas, je la connaissais, maman, je savais quand elle était fâchée pour de vrai, je savais quand c'était grave. Mais là, quelque chose m'échappait. Maman pleurait avec ces frissons autour de la bouche que je repérais si bien quand elle me grondait pour le principe.

La sonnette tinta doucement. Par le judas minuscule, Marc crut apercevoir, au bout du couloir sombre, une silhouette claire plonger dans l'escalier. Il ouvrit la porte, étonné. Sur l'essuie-pieds, dans un pot dérisoire, au bout d'une tige droite et raide qui paraissait vraiment très mince pour la soutenir se tenait une énorme fleur d'hydrangea macrophylla.

A douze ans, pour peu qu'il ait l'esprit vîf et le cœur déluré, un gamin ne manque pas d'idées générales sur le monde. Il n'en connaît pourtant que les jeux d'ombre et de lumière autour du clocher de son village. Mon village, c'était les vieilles rues d'O. et mon clocher les tours de sa cathédrale. Sur ce quartier et sur ce temps-là régnait encore le calme des anciennes provinces. La Loire coulait tout près.

Mon aimée, ma toute tendre, mon oiseau, tu es là, je te retrouve enfin...

Il se vit sur cette place. Son attention se porta vers une chose, puis vers une autre... Que diable faisait-il là ? Qu'y faisait-il surtout à pareille heure de la nuit ? Il réfléchissait. Il n'entrevit aucune explication.

L'été dans les montagnes basses fut des plus insistants et sur les pentes convergeant vers le lac voyageaient de hauts promeneurs de gaz blonds.

Sérieux, travailleur, pas fier du tout, Maurice était le genre de type sur lequel personne ne trouve à redire.