Les Misérables, Victor Hugo

Je n'aime pas que l'on me demande quels sont mes auteurs ou mes romanciers préférés. Je n'aime pas que l'on me demande quels romans j'emporterais sur une île déserte. Ce sont là des jeux et rien de plus. La culture, le fin du fin de la culture, ce ne peut être une limitation du choix, un palmarès étriqué.

En décembre dernier un article du Monde rendait compte du colloque organisé à Strasbourg autour des Misérables. Le ton qu'il adoptait, assez généralement ironique, mais plus spécialement quand il évoquait la prise de parti d'un des participants qui avait de bonnes raisons d'estimer que Les Misérables sont « un merveilleux roman », dissimulait mal le refus de considérer, de nos jours encore, cette œuvre comme un sommet dans l'esthétique romanesque du XIXe siècle.

Des poussées, des dispersions, des vides qui s'ouvrent: on s'aperçoit que la psychologie, dans les Misérables, vaut surtout par une physique nouvelle qui établit les lois du déplacement des masses dans un espace intérieur. Rien de plus étranger à l'univers du discours. Pourtant les personnages ont plus à dire que ne le ferait croire la surface scintillante de leurs propos.

Ou la Critique en présence d'une lumière inconnue

Il y a un Paris de Balzac, qu'Europe évoquait en 1950; il y a un Paris d'Eugène Sue, celui des Mystères, et aussi du Juif errant ; il y aura un Paris d'Émile Zola et, plus près de nous encore, un Paris de Jules Romains (Les Hommes de Bonne Volonté). Il y a, et c'est sur lui que nous devons nous fixer, un Paris de Victor Hugo, qui court dans toute son œuvre; plus spécifiquement, un Paris des Misérables. C'est notre objet.

L'Insurrection de 1832

On imagine mal un pèlerinage sans cheminement à travers des souvenirs, ce qu'il en reste et l'enrichissement à en tirer pour peu que l'on ait du cœur au ventre.