Il se défendait d’être un prophète ou un messie, et se présentait comme l’ « humble serviteur » de son peuple ou encore comme un « homme ordinaire qui n’était devenu un leader qu’en raison de circonstances extraordinaires ». Il fut pourtant un mythe voire davantage. Comme le dit si bien André Brink : « le plus remarquable fut qu’il s’est montré à la hauteur, voire plus grand encore que son propre mythe. Il a habité son mythe et son mythe l’a habité. »
Foi et Raison
Mandela : l’homme qui ne pouvait plus pleurer
Les Philippines au seuil de l’indignation
Les images de carte postale ne manquent pas sur les Philippines, d’autant que, accueillant chaque année plusieurs millions de touristes, le pays est en train de devenir une destination prisée. Ainsi se mêlent dans les représentations les plages et les cocotiers, la mégapole de Manille, une économie dynamique, une corruption généralisée, des catastrophes naturelles fréquentes, tremblements de terre ou cyclones, les révoltes armées, la prostitution, les travailleurs philippins exilés sur toutes les terres ou les bateaux du monde. L’image est brouillée. Pour y voir plus clair, il faut d’abord remonter la piste politique, puis examiner des éléments économiques avant d’observer quelques transformations sociales en cours.
Le tourisme chamanique en Amazonie
L’Amazonie péruvienne est depuis quelques décennies le théâtre d’un afflux croissant de touristes venus du monde entier à la recherche d’un breuvage hallucinogène, l’ayahuasca. Cette substance, absorbée sous le contrôle de chamanes, provoque en effet des visions et est censée guérir un certain nombre de maladies. Le tourisme chamanique est ainsi devenu une véritable industrie et un phénomène de mode qui a largement investi l’espace public et les médias des pays occidentaux. On ne compte plus les témoignages sur les aventures psychédéliques de tous ceux qui, pour des raisons mystiques ou médicales, se rendent auprès des chamanes de la forêt pour y consommer cette potion magique. Faute de statistiques officielles péruviennes, il est impossible de quantifier ces flux touristiques d’ailleurs très difficiles à repérer puisque la plupart des voyages et des séjours sont entrepris sur une base individuelle, par le biais des sites web des chamanes et se déroulent dans des lieux dispersés à l’intérieur d’une zone géographique très vaste. C’est dans des campements nommés lodges ou albergues, situés dans la forêt, à proximité des centres urbains d’Iquitos, de Pucallpa et de Tarapoto, que les chamanes accueillent ces touristes pour des périodes allant de quelques jours à plusieurs mois. Au sein d’une nature sauvage largement mise en scène, les pensionnaires sont conviés à y participer à des « cérémonies » de prise d’ayahuasca. De façon contradictoire, sont en effet exposés des échantillons de la flore et de la faune amazonienne et mise en valeur la proximité des « communautés natives ». Mais, dans le même temps sont vantées les conditions de confort de type occidental qui y prévalent. Ainsi la page de Wikipedia consacrée au campement « Blue Morpho » situé près d’Iquitos et dirigé par le chamane « gringo » Hamilton Souther, assisté de chamanes péruviens, si elle vante d’un côté le charme de la « jungle amazonienne », ne manque pas d’insister sur les conditions d’hygiène et de sécurité offertes aux touristes. Ces lodges ou albergues, souvent entourés de palissades et protégés par des gardes armés, forment ainsi des sortes de « communautés fermées » isolant les touristes du monde social amazonien pour mieux les mettre en communication avec les « sortilèges » de la forêt.
La gestation pour autrui: Quelles représentions du corps et de la volonté ?
Cet article propose d’étudier le contexte libéral et, plus précisément, néolibéral, sous le signe duquel la gestation pour autrui (GPA) se met en place dans le monde contemporain, et de saisir les mécanismes et enjeux que cette méthode de procréation interroge. Il s’agira de se demander quelle conception du corps et de l’esprit cette méthode véhicule et quelle définition elle engage de la maternité. Si la législation française maintient le principe juridique selon lequel mater semper certa est , la GPA rompt avec cet adage en dissociant la grossesse (expérience corporelle de la « gestatrice », la femme qui porte l’enfant) de la maternité (expérience « spirituelle » relevant de la volonté ou de l’intention de la mère dite justement d’intention) et, plus spécifiquement, en anticipant cette séparation avant même la conception de l’enfant, contrairement, par exemple, à l’adoption. Aussi, dans ce contexte, nous nous demanderons : quels auteurs devenons-nous ? Quelle métamorphose engageons-nous ?
Foi et raison
Entretien avec Jean-Luc Marion Laurence Devillairs : Interroger le rapport entre foi et raison, est-ce une bonne question ou un faux problème ? Est-on vainement condamné à penser une opposition manichéenne ou, au contraire, un consensus mou ? Jean-Luc Marion : C’est une bonne question, mais qu’il faut correctement poser. C’est-à-dire poser en tenant compte d’un certain nombre de points que je considère désormais comme acquis. Le premier concerne le fait que nous sommes actuellement dans une période de longue transition, où la philosophie ne se trouve plus en situation métaphysique. Les philosophes ne sont de fait plus métaphysiciens, même s’ils emploient encore, sous conditions, le terme, voire le revendiquent. Ils ne sont plus métaphysiciens en un sens qui peut-être n’a jamais été parfaitement réalisé dans l’histoire de la philosophie, mais qui permet de l’interpréter pourtant clairement au sens d’une ontothéologie. Les philosophes ne sont donc plus dans la situation de tenir un discours universel sur tout ce qui est, qui se fonde lui-même sur un étant absolu, mettant ainsi en œuvre la raison suffisante de l’ensemble. Nous nous retrouvons dans une situation philosophique non-métaphysique. Elle implique – second acquis – plusieurs conséquences et d’abord le nihilisme, nihilisme qui ne constitue pas une absence de rationalité, mais au contraire sa nouvelle forme. Politiquement, il prend l’allure de la totalisation, et aussi celle de « la mort de Dieu », laquelle n’est à son tour pas la disparition de Dieu mais la découverte que l’absence de ce que nous appelons « Dieu » fixe la forme contemporaine de sa présence.
Une culture née sur le web
Souvenez-vous, c’était hier : vous feuilletiez les pages des encyclopédies pour apprendre, vous faisiez la queue pour vous inscrire à un cours ou à l’université, vous alliez dans des hôtels sans même avoir vu à l’avance à quoi ils ressemblaient, et ceux que vous appeliez « amis » étaient nécessairement des gens que vous aviez vus en chair et en os… C’était hier, oh, il n’y a pas si longtemps, un peu plus de dix ans. Dix ans au cours desquels internet a empli l’espace, tout l’espace, au point de créer de nouveaux besoins dans nos vies, de nouvelles manières de se comporter et d’interagir. Ce bouleversement vertigineux, s’il effraie moins, continue cependant à faire planer des angoisses et des interrogations. Il y a la peur du changement, bien sûr, opéré en un temps record. Les écrans se multiplient, nos pouces vont sans doute grossir, et déjà se profile le fantasme qu’on n’apprendra plus aux enfants à écrire avec un simple stylo. Et puis le tout et n’importe quoi de l’internet amène à envisager le pire, la disparition pure et simple, ou du moins la dissolution progressive de ce qu’on appelait jusqu’il y a peu la CULTURE.
Le surréalisme, l’objet et les formes symboliques
Exposition. Le Surréalisme et l’objet. Centre Georges Pompidou, 75004 Paris. Rens. : 01 44 78 12 33 et www.centrepompidou.fr. Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11 à 21 h Jusqu’au 3 mars 2014